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Intronisation du Goungha : «Naaba Sanem» est le nouveau Tansoba

 

Le Goungh-Naaba Sanem, nouveau connétable de la cour du Moogh Naaba Baongo, a été intronisé en succession du Goungh-Naaba Tanga, retourné aux ancêtres dans la nuit du dimanche 8 au lundi 9 mai 2022. « Sanem », qui signifie l’or en français, est son nom de règne. La cérémonie d’intronisation du Tansoba était couplée car le nouveau chef du quartier Dapoya de la capitale  recevait aussi son bonnet. C’était le mardi 5 juillet 2022 à Ouagadougou.

 

 

 

 

C’est du côté ouest du palais du Moogh-Naaba, communément appelé le Moro, que la cérémonie a eu lieu. La suite du futur  Goungh-Naaba était massée ici. On reconnaît les proches du Tansoba par leur accoutrement de guerriers traditionnels. En plus du sabre serré dans la main, il y avait aussi la lance, l’arc et le carquois portés en bandoulière. Un des sbires, représentant du protocole royal, gourdin sur l’épaule a intimé l’ordre aux hommes de médias de ranger appareils photos et caméras. La prise d’images et les appels téléphoniques étaient formellement interdits, une plaque noire plantée sur les lieux l’indiquait clairement.  

 

Les principaux ministres du Moro, sont arrivés tour à tour. Tous ceux qui participaient à la cérémonie respectaient scrupuleusement les consignes données par les sbires du palais. Ils étaient tous assis  sans couvre-chef et ont pris le soin de laisser les chaussures sous les arbres. Deux hommes en boubous traditionnels blancs, assis à même le sol sur des peaux de mouton étaient mis en avant. C’étaient les candidats retenus pour recevoir l’onction du roi. Impassibles, ils scrutaient à distance la petite porte d’où devait apparaître le roi des Mossé de Ouagadougou. A 8h, il est sorti et s’est installé à côté de la petite case ronde, entouré  de 3 serviteurs prosternés à ses côtés. Quatre de ses ministres, avec le Ouid-Naaba (doyen des ministres) en tête sont allés le saluer en se prosternant et en se couvrant de terre, puis se sont retirés. Quand ils sont revenus c’était pour connaître les noms choisis pour la succession des chefs défunts : respectivement du Goungh-Naaba et du Dapoya-Naaba, chef du quartier éponyme. Le Moogh-Naaba Baongo a communiqué à ses ministres les noms choisis et s’est retiré ; la cérémonie pouvait suivre son cours. Pas de surprise, le fils aîné du ministre de la guerre succède à son père. Du côté de Dapoya, le quartier des esclaves du royaume,  la succession est directe, le premier fils est le nouveau chef de quartier. Les noms de guerre sont criés, les armes et les bras levés vers la foule qui répond par des «Kilili» d’acclamations.

 

Le chef des armées du Moogh-Naaba Baongo, a choisi 3 noms de guerre comme le veut la tradition. « Sanem Rassar del goungha, ti kombib andg nan pouki », signifie en français : « S’adosser à du solide pour œuvrer à l’épanouissement des jeunes ». De ce dernier « Zab youré » ou nom de guerre, est inspiré son nom de règne qui est « Sanem », l’or en français. Les nouvelles têtes couronnées se sont déportées vers la seconde porte latérale pour transmettre leur salutation à la reine. Elle n’apparait pas en public, mais a répondu en leur octroyant de l’eau à boire, suivant les us et coutumes. L’arrêt devant la principale porte d’entrée du palais royal n’a pas duré. Les chevaux attendaient à l’ombre, l’autorisation de prendre des photos a été donnée aux journalistes. Le Goungha Naaba a enfourché son cheval. Le cortège s’est ébranlé pour un parcours de 5 kilomètres à travers les rues de Ouagadougou, accompagné de sons rythmés de tam-tams, d’acclamations et de chants. Au domicile de son tuteur il devrait passer la nuit en attendant les attributs de chef que le souverain devrait lui faire parvenir (bonnet, boubou, sabre, pouf). Le lendemain matin, il repartira chez le Moro pour lui signifier ses remerciements.

 

 

 

 

 

Dieudonné Ouédraogo

 

 

 

Encadré

 

 

 

Le Goungh-Naaba Sanem, nouveau tansoba à l’état civil Lin Désiré Tapsoba est né en novembre 1957 à Ouagadougou. Docteur en sociologie, il a mis ses compétences au développement du Burkina Faso dans le cadre de divers projets. Après une carrière étoffée, il a été admis à la retraite en 2017.

 

Après l’obtention du baccalauréat série A en 1979, c’est à l’université de Toulouse le Mirail en France qu’il obtient le DEUG (diplôme d’études universitaires générales) en sociologie. C’est au sein de la même université à l’institut des sciences sociales qu’il obtient son doctorat de 3e cycle (Option développement rural), après y avoir eu une licence, une maîtrise, un DEA (Diplôme d’études approfondies). Il a été directeur adjoint de la valorisation économique du projet Bagrépôle de 2013 jusqu’à sa retraite en 2021. Avant sa carrière à Bagrépôle, il a servi à la direction régionale de l’agriculture du Centre (1995-1996) où il a été chargé de formation et de suivi des animateurs du projet de développement des ressources hydrauliques dans plusieurs provinces du pays. Le nouveau Goungh-Naaba a également participé à plusieurs projets d’études (hydraulique villageoise), d’évaluation, de recherches et d’encadrement de stagiaires. Actuellement, le nouveau chef des armées de la cour royale des Mossé  de Ouagadougou est membre du club de sociologie du Burkina

 

 

 

D.O.

 

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