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Mondial 2022 : Tartufferie sportive

 

Rarement compétition internationale sportive, particulièrement la coupe du monde de football, aura été précédée de grosses polémiques comme celles qui ont cours actuellement. Polémique sur la maltraitance des ouvriers immigrés, véritable  « chair à béton » qui ont vécu dans des conditions exécrables proches de l’esclavage et péri par dizaines, voire par centaines selon certaines sources, pour faire sortir de terre les différentes infrastructures devant abriter le tournoi.

 

 

Polémique sur l’empreinte carbone avec ces stades climatisés (avec des sorties d’air jusqu’aux sièges des spectateurs)  au moment même où se tient la COP27 à Charm-el-Cheikh en Egypte. Polémique également sur la consommation de boissons alcoolisées en dehors des fans-zones où les bacchanales seront permises à certaines heures, même si , en réalité, on pourra toujours boire un p’tit coup dans des endroits tolérés. Polémique enfin  sur le non-respect des  droits de l’homme, particulièrement ceux des personnes LGBT  dans cet émirat régi par la charia, la loi islamique qui criminalise toute relation sexuelle « contre-nature » au grand dam des gays, lesbiennes, bisexuels  et transgenres,   dont les défenseurs comptent bien se faire entendre à défaut de se faire voir par des coups d’éclat. Quitte d’ailleurs à semer la zizanie dans les vestiaires, certaines équipes nationales comme les Tricolores français ayant laissé la latitude à leurs joueurs de porter ou non le brassard arc-en-ciel de la galaxie LGBT.

 

Mais pour importantes qu’elles soient, ces préoccupations ont peu de chance d’occulter la fête quadri-annuelle du football mondial qui se tient du 20 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar. Le Qatar, 11500 kilomètres carrés pour 3 millions d’habitants , assis sur un matelas de pétrole et, surtout,  de  gaz dont l’importance stratégique est encore plus accrue avec la guerre russo-ukrainienne. C’est à ce riche émirat de la péninsule arabique que la Fédération internationale de football association (FIFA) a  confié l’organisation de la 22e  coupe du monde depuis 2010 .Alors, il comptait parmi ses principaux soutiens des personnalités comme Zinedine Zidane, sans oublier les principaux responsables de la FIFA,  dont le Qatar a pratiquement acheté le soutien. Il a les moyens de sa politique et ne s’en prive pas dans ce qui est devenu une véritable diplomatie sportive entre les mains de l’émir Tamim ben Hamad Al Thani.

 

D’où vient donc qu’à quelques semaines et jours du coup d’envoi, il y ait cette clameur de désapprobation qui monte des lobbys homosexuels et « droits-de-l’hommistes » qui semblent découvrir subitement que l’hôte du tournoi n’est pas fréquentable ? Pourquoi faut-il d’ailleurs que ce qui est normes chez les Occidentaux soit érigé au rang de « valeurs universelles » , imposées insidieusement à toute la planète et auxquelles les autres doivent donc se plier toujours, dussent-ils s’asseoir chez eux sur leurs propres us et coutumes ? C’est quoi, ces dictatures sociétales ? 

 

En vérité, il y a comme une forme de tartufferie sportive qui consiste à aimer les fruits (les pétroriyals qataris) tout en détestant l’arbre qui les produit .Grosse hypocrisie en effet s’il en est pour des gens qui lèchent chaque matin les mains en or  du monarque qui, par le biais de son Fonds souverain, le Qatar  investment authority (QIA), a presque colonisé les Champs-Elysées et  (r)achète presque tout en France. Pour ne parler que du sport, la vitrine la plus exposée de l’émirat dans l’Hexagone n’est-elle pas le PSG football qu’il s’est offert en 2011 avant de prendre itou la section handball du club parisien ? N’est-ce pas également ce pays qui est le sponsor du Prix hippique de l’Arc de Triomphe, l‘un des plus prestigieux de France ? On pourrait multiplier à l’infini les exemples dans des domaines aussi divers que les médias, l’hôtellerie ou l’industrie.

 

D’où vient donc que les vertueux outragés, qui savent pourtant que l’argent n’a pas d’odeur , si ce n’est celle du gaz en l’espèce , se piquent de vouloir boycotter et de polluer  un championnat qui est devenu , au-delà de l’enjeu sportif,  une affaire de sous . Et de gros sous ! Pour la FIFA, pour les fédérations nationales, pour les diffuseurs et annonceurs, etc. On estime ainsi à quelque six milliards de dollars, le bénéfice que tirera la faîtière mondiale du sport-roi, sans compter les autres intérêts non quantifiables pour le pays organisateur. Six milliards, un tel « pognon de dingue », pour reprendre l’expression de Macron, ça vaut bien quand même quelques sacrifices  et des couleuvres à avaler. Et si, comme le prétend aujourd’hui l’ancien patron du football mondial, le repenti  Sepp Blatter, le choix du Qatar était une erreur, eh bien, il faut l’assumer. 

 

Maintenant donc qu’on a polémiqué  jusqu’au bord du stade, place au jeu, au beau jeu . Et que le meilleur gagne, de préférence un pays africain , même s’il ne faut  se faire aucune illusion car le ballon rond a beau tourner pour toutes les équipes,  on ne voit pas trop qui du Sénégal, du Cameroun, du Ghana, du Maroc ou de la Tunisie a l’étoffe d’un champion du monde pour mériter d’étreindre Dame Coupe au soir du 18 décembre prochain.

 

 

 

OUSSENI ILBOUDO

 

Dernière modification lelundi, 21 novembre 2022 11:11

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