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Elections législatives et régionales : Jour de vote au Togo

Après deux semaines de campagne, 4,2 millions d’électeurs togolais se sont rendus aux urnes hier lundi 29 avril 2024 pour élire 113 députés et 179 conseillers régionaux au cours d’un double scrutin législatif et régional qui a un petit air de présidentielle suite à la modification constitutionnelle votée le vendredi 19 avril dernier par l’Assemblée sortante.  Une journée électorale calme, comme nous avons pu le constater dans Lomé, la capitale, où l’affluence dans les bureaux de vote était plutôt moyenne. 

 

Ce sont des législatives et des régionales assez particulières qui ont eu lieu ce lundi 29 avril 2024 au Togo. Les députés de la législature sortante ayant voté en pleine campagne électorale le projet de modification constitutionnelle qui fait passer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire, il reviendra aux futurs élus de désigner le président du Conseil des ministres, qui ne sera autre que le chef du parti majoritaire.  Autrement dit, l’actuel chef de l’Etat,  Faure Essozimna Gnassingbé, si son parti,  l’Union pour la République (UNIR) ,  sort victorieux de cette consultation électorale. L’enjeu est donc encore plus important que des législatives traditionnelles. 

9h, lycée de  Tokoin 1, dans la commune du Golfe 3. L’affluence est plutôt timide à notre passage mais le vote se passe sans encombre, « dans le calme et la sérénité », comme on dit. « Nous avons ouvert à 7h, tout le matériel électoral était là, les membres du bureau aussi ainsi que les délégués des partis et regroupements de partis », assure Saliou Dopoh, le président du bureau de vote numéro1, qui compte 340 inscrits. Un avis partagé par les représentants des formations politiques. « Tout se passe bien jusque-là ; nous n’avons rien noté d’anormal », affirment en chœur Kodjo-Komi Séfako (UFC), Gbolovi Kodjo Gadédé (Nouveau départ), Koudifon Akossiwa (FDR), Iliyassou Mikdadou (DMP), Alandjao Kossiwa (UNIR) et Kagni Ekoé (Forêt sacrée). N’fa Jeanne-d’Arc, déléguée de la Cour constitutionnelle qui fait la ronde fait le même constat, même si elle déplore l’absence de certains délégués. 

C’est la même situation qui prévalait au lycée de Kodjoviakopè, selon la présidente du centre, Malm Afiwa, où on a cependant assisté à une petite grogne au bureau numéro 5. Ici, des électeurs râlaient, se plaignant de la lenteur des opérations, comparativement aux autres bureaux. Renseignement pris auprès du président Akpaglo Kosso Jules, cela était dû au fait qu’il faisait entrer les électeurs par groupe de cinq mais on le leur a déconseillé, d’où ce petit « bouchon » qui s’est formé.

Soudain apparaît Jean-Pierre Fabre, le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), dont la résidence est à un jet de pierre de là. Après avoir accompli son devoir civique, il a déploré, devant les   journalistes qui faisaient le pied de grue pour l’attendre, la modification constitutionnelle intervenue en pleine campagne électorale ainsi que «les mauvaises conditions d’organisation du scrutin », tout en appelant à la « vigilance » parce qu’il lui reviendrait « des cas avérés de tentatives de fraudes dans certaines localités ». 

Une posture qui tranche avec celle de Gilbert Bawara de l’UNIR, qui a voté sur le coup de 11h au lycée Agoè-centre. Le ministre de la Fonction publique, du Travail et du Dialogue social a en effet affiché une certaine sérénité, appelant les Togolais à sortir massivement et à faire le bon choix ».

Après avoir glissé son bulletin dans l’urne, Victor Adjete s’est dit très heureux. « Tout se déroule normalement et mon souhait est que  ça se passe dans la clarté. Par le passé, les résultats ont toujours été contestés et si les choses étaient claires, il   n’y aurait pas de contestations. Mon vœu est que cette fois-ci, ça ne soit pas de nouveau le cas »,  espère-t-il.  Sélima Batcha, elle, n’a pas le moindre doute sur la sincérité du vote. En attendant, quels que soient leurs avis sur la transparence ou non des opérations, tous les électeurs, à l’image de Logbo Kossiwa, votent pour que leur situation s’améliore. « L’école est chère, les produits alimentaires aussi. La santé, les routes, l’électricité, l’emploi posent problème et j’ai voté pour que ça change », soupire-t-elle.

Ousséni Ilboudo à Lomé

 

Encadré

Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC)

« Nous y sommes allés parce qu’on ne pouvait pas faire autrement »

 

Vous venez de voter, quelles sont vos premières impressions ?

J’étais un peu surpris, en entrant, que la cour du centre de vote ne soit pas bien remplie comme elle l’est habituellement, mais dans le bureau de vote où j’ai accompli mon devoir civique (le numéro 5 ndlr) , il y a quand même une petite file. Ailleurs, je ne ressens pas beaucoup d’engouement et c’est un peu préoccupant pour moi. 

Vous connaissez bien l’ambiance dans laquelle se déroule ce scrutin, une ambiance tendue en raison du changement de Constitution intervenu en plein processus électoral. Et on n’a pas fini de dénoncer cette forfaiture. Il y a aussi les conditions même des élections. Nous y sommes allés parce qu’on ne pouvait pas faire autrement. Il y a eu  d’abord le refus d’enregistrer des gens pendant le recensement. Il y a ensuite le problème important du découpage électoral qui plombe les élections et l’organisation unilatérale du scrutin par le pouvoir en place.  Ce n’est pas la peine  de parler du CPC, le Cadre permanent de concertation, mais bon, les élections ont lieu et nous y participons.

 

Vous êtes serein malgré tout ? 

Serein ? Oui, parce que nous avons fait l’essentiel, nous avons fait une bonne campagne, nous avons dénoncé les tares du système et comme les Togolais sont à l’écoute, ils feront leur travail ; nous , nous avons fait le nôtre.

Vous êtes confiant quant à la sincérité du scrutin ? 

Pas du tout. J’entends parler déjà de tentatives de fraudes par endroits constatées par les présidents des CELI. Ce n’est donc pas de la rumeur. Il y a trois localités où il y a des tentatives avérées avec des urnes remplies avant même le début du vote. Il faut donc se montrer extrêmement vigilant.

 

 

Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique

« Le pessimisme n’est pas dans l’ADN de l’UNIR »

 

Quel est le sentiment qui vous anime en ce moment ? 

 

J’éprouve un sentiment de satisfaction, du fait d’abord que la campagne s’est bien déroulée dans un climat pacifique, de sérénité, sans aucun incident, sans heurts, sans aucune entrave, dans les préfectures d’Agoè-Nyivé et du Golfe que j’ai sillonnées mais aussi sur toute l’étendue du territoire national. 

Maintenant nous faisons confiance à nos concitoyens pour qu’ils se mobilisent massivement aujourd’hui afin d’accomplir librement leur devoir civique et que chacun puisse retourner sereinement chez lui pour attendre les résultats. Nous verrons ensuite ce que les Togolais auront décidé. 

 

Vous êtes confiant ?  

Le pessimisme n’est pas dans l’ADN de mon parti, l’Union pour la république. Nous sommes confiants parce que nous avons mené les années écoulées une action, nous avons un bilan, il y a beaucoup d’efforts qui ont été faits .  Nous avons aussi vu partout la mobilisation extraordinaire, l’effervescence autour de notre parti et de ses candidats et nous pensons que les Togolais feront le bon choix, le choix qui va nous permettre de préserver tous les atouts et tous les  acquis en termes de paix, de sécurité et de stabilité et que, dans la diversité des composantes de la société togolaise, nous puissions nous tendre la main. Je dois souligner l’esprit d’ouverture qui nous anime au-delà des débats qui ont pu avoir lieu. Maintenant, il faut que nous puissions travailler ensemble pour accélérer et intensifier le développement de notre pays, répondre de manière beaucoup plus rapide aux attentes et besoins des populations  sur l’ensemble du territoire. 

 

Propos recueillis par O.I. 

 

LES CHIFFRES CLES

- 5 régions

- 39 circonscriptions

- 4 203 711 inscrits

- 14 271 bureaux de vote

Pour les législatives

- 353 listes 

- 21 partis et regroupements de partis

- 60 groupes indépendants

- 113 députés à élire

 

Pour les régionales

- 284 listes

- 179 conseillers régionaux à élire

Dernière modification ledimanche, 05 mai 2024 19:32

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