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Franck Tapsoba, Directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso : «Le Village artisanal n’est pas un centre commercial»

Le VAO (Village artisanal de Ouagadougou) a ouvert ses portes en 2000. Il est le fruit de la coopération entre le Grand Duché de Luxembourg et l’Etat burkinabè. Conçu comme un centre d’excellence, une pépinière d’entreprise, il a pour objectif d’accueillir des artisans et d'accompagner ceux-ci pendant leur séjour au VAO. Cette structure permet de renforcer leurs capacités techniques et commerciales afin qu’ils puissent accéder à différents marchés, notamment internationaux. Le VAO regroupe environ 300 artisans, dont 73 chefs d’atelier issus des différentes corporations. Le responsable du VAO joue le rôle de gestionnaire et est recruté par la Chambre de Commerce. Le 10 juin 2011, le Village artisanal de Ouagadougou a été le théâtre d’affrontements entre la police nationale et les artisans. Ces derniers protestaient contre la nomination de Maurice Sama, le nouveau gestionnaire. La passation de service s’est déroulée ce jour-là sous haute tension. Afin d’avoir la version des premiers responsables de ladite structure et les conditions de son fonctionnement, le 15 juin 2011, nous sommes allé à la rencontre du Directeur général de la Chambre de Commerce, également gestionnaire général du VAO. Il revient sur le système de rotation qui irrite  les artisans. Maurice Sama était également présent lors de l’entretien.

Les artisans ont protesté contre la nomination de Maurice Sama, le nouveau gestionnaire du VAO le 10 juin 2011. Ils affirment qu’ils n’ont pas été consultés et qu’il est méchant. Que répondez-vous à cela ?

• Nous avons tout simplement suivi la procédure. C’est celle que l’on applique quand on gère une entreprise. Nous nous référons aux clauses écrites. Le manuel de procédure est tout de même un outil de gestion qui est approuvé par le conseil de gestion. Dans ce conseil de gestion, les artisans siègent. Maurice Sama  a remplacé Patricia Badolo qui, depuis le 1er janvier 2011, occupe les fonctions de directrice de la Chambre des métiers. C’est à la suite d’une procédure de recrutement confiée à un cabinet de la place que Maurice Sama a été nommé gestionnaire.

 

Les artisans dénoncent également le système de rotation que Maurice Sama compte mettre en vigueur. En quoi consiste-t-il exactement ?

• Avant de parler de la rotation, je préfère rester sur des éléments objectifs. Maurice Sama est un cadre de l’ONAC. A ce titre, pendant une vingtaine d’années, il a occupé des postes qui l’ont amené à promouvoir les produits artisanaux. Donc, dire aujourd’hui qu’il  ne connaît pas l’artisanat, c’est un peu fort ! Quand on parle de pépinière d’entreprise et de renforcement de capacités, il y a la notion d’accompagnement.

Donc au bout d’un moment, vous devez être en mesure de vous installer à votre propre compte tout en maintenant la relation avec le VAO. La rotation ne veut pas dire qu’on vous fait partir  et qu' ensuite on vous oublie. Nous sommes partis du principe  qu’aucun artisan, en quittant le VAO, ne doit cesser ses activités !

Pour qu’ils ne cessent pas leur activité,  les artisans garderont un lien commercial avec le Village, ils pourront toujours bénéficier des facilités qui leur seront offertes par le site Internet du VAO, et enfin nous avons commandé une étude à un cabinet spécialisé de la place qui va rencontrer chaque artisan. Le départ est prévu à la fin de l’année pour faire une évaluation et les accompagner  afin qu'ils espacent et diversifient leurs activités.

Sur les 73 artisans, il y en a 49 qui sont concernés. Sur les 49, le VAO est fier d’affirmer qu’il y a ceux qui ont véritablement réussi. Il y a des artisans dont nous sommes fiers ! Nous avons déjà près de 183 demandes déposées par des artisans qui voudraient bénéficier de cet accompagnement.

Le village artisanal n’est pas un centre commercial. La preuve, dans un marché on n’apporte pas d’accompagnement. La durée de séjour au VAO est de sept ans. Elle a été décidée par un comité de gestion en 2003 et l’application s’est faite en 2005. Donc ceux qui y sont arrivés en 2000 auront passé douze ans sur le site. Sachez également que les sept ans ont été négociés avec le concours des artisans.

 

Qu’est-ce qui justifie, selon vous, leur désapprobation ?

• C’est certainement la crainte de s’éloigner. Ils pensent peut-être qu’en quittant le VAO leurs activités vont s’interrompre. Nous leur avons répété que nous ne pouvons pas être dans une institution d’appui au secteur privé et vouloir qu’ils disparaissent. Le chiffre d’affaires en 2000 était de 32 millions de FCFA ; en 2010 ce chiffre d’affaires est passé à 442 911 870 FCFA. La part qui a été reversée aux artisans était de 25 796 850 FCFA en 2000. En 2010, ils ont perçu près de 393 millions. Je rappelle qu’ils sont 481 artisans, y compris les apprentis.

 

Vous ne pensez pas tout de même que c’est difficile de quitter le village, après onze ans d’intenses activités ?

• (Rires) c’est le projet qui l’a stipulé ainsi. Nous respectons tout simplement les clauses. Il est dit que le projet est destiné à tout artisan du Burkina Faso, quels que soient son origine géographique et le métier qu’il exerce dans l’artisanat. Comment peut-on faire bénéficier au maximum d’artisans de cet outil s'il n'y a pas de rotation ?

Il est bien mentionné dans le document que le VAO ne peut garder sa dénomination que si les artisans et leurs produits se renouvellent régulièrement. La vague qui doit donc partir est constituée de ceux qui sont au village depuis 2000 et de quelques autres qui y sont depuis 2005. Mais ce problème de rotation ne doit pas être  traité globalement, car cela va créer des frustrations.

Le cas d'un artisan qui est installé au VAO et qui est en train de réaliser des investissements de l’ordre de 100 millions, ne peut pas être analysé sous le même angle que celui qui est là depuis longtemps mais éprouve encore des difficultés.  On va examiner cas par cas. Nous n’avons pas dit qu’au soir du 31 décembre 2011 tous les 49 vont partir. Qu’est-ce que nous faisons des générations futures ? Après avoir bénéficié autant d’accompagnement, pourquoi ne pas aussi laisser la place aux générations montantes ? Acceptons de transmettre notre savoir aux générations futures.

 

Propos recueillis par

RV HONLA

Dernière modification ledimanche, 19 juin 2011 22:25

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