Mécontentement des cotonculteurs : Jean Paul Sawadogo appelle à filer le coton de la paix

Après sa nomination le 08 juin 2011 suivie de sa prise de service le 23 juin suite  à la vague de contestations enclenchée par les cotonculteurs après l’annonce de la hausse  des prix des intrants par l’AICB (Association interprofessionnelle des cotonculteurs du Burkina), le nouveau Directeur général, qui hérite de ces dossiers brûlants, n’entend pas dormir sur ses lauriers.  C’est pourquoi, une semaine juste après sa prise de service il a décidé d’aller à la rencontre des cotonculteurs, pour échanger de vive voix avec eux afin de les ramener à la production cotonnière, dissiper  tous les malentendus susceptibles de porter un coup à la paix, et aussi prôner la solidarité, la cohésion, l’entente et la paix.

Il faut rappeler depuis la publication des prix des intrants pour cette campagne agricole, les cotonculteurs sont montés au créneau pour dénoncer la hausse vertigineuse des prix des intrants. Le prix du sac de  NPKSB  passe de 14 648 F CFA à 16 748 F CFA tandis que le sac d’urée est passé de 14 400 F CFA la campagne écoulée à 18 445 F CFA cette campagne (Prix crédit).

Les cotonculteurs dans leur ensemble ont  réclamé une baisse du prix des intrants et une augmentation du prix d’achat du  de coton (245 F CFA) à 500 F CFA pour le coton de premier choix. La non-satisfaction de ces revendications a conduit les producteurs à opter pour le boycott de la production cotonnière, et tout cotonculteur qui désobéit à ce mot d’ordre assiste malheureux à la destruction  de ses plants de coton.

C’est alors pour aplanir ces divergences susceptibles de créer des conflits inter-villages et entre cotonculteurs au regard de la situation qui prévaut sur le terrain, que le premier responsable de la SOFITEX a effectué le déplacement de Dédougou. «Dans toute bagarre, il y a des limites à ne pas franchir. On a besoin des uns et des autres pour construire ce pays» ; ainsi s’est-il adressé aux motoculteurs venus des provinces des Banwa, de la Kossi, du Nayala et du Mouhoun.

Selon Jean Paul. Sawadogo, le Burkina se construit par ce que chacun de nous apporte. «Et vous apportez une contribution significative au développement de ce pays», a ajouté le Directeur général de la SOFITEX. «Les destructions des plants de coton qui gagnent  du terrain ces derniers jours (Safané, Danou dans les Balé) n’est pas la solution à vos problèmes.   Ces actes menacent dangereusement la paix, la cohésion sociale dans la région», a-t-il poursuivi. C’est pourquoi M. Sawadogo Jean Paul  a demandé aux cotonculteurs de laisser parler leur cœur, leurs esprit et de cultiver la solidarité, la cohésion entre eux, gage d’une paix durable. Il a ensuite invité ces derniers à rester dans un esprit de dialogue permanent pour toujours échanger et discuter afin de préserver la paix. «Sachons raison garder afin que demain soit meilleur qu’aujourd’hui, et faisons en sorte pour léguer à nos enfants un Burkina de paix», a-t-il poursuivi

Quant aux revendicateurs des cotonculteurs, il leur a rappelé le message livré par le Premier ministre le 10 juin 2011 à Dédougou et ne pouvant par être royaliste que le roi, il leur a néanmoins promis de convoquer une rencontre entre cotonculteurs et agents SOFITEX en fin de campagne pour un débat franc et sincère tout en leur demandant aussi  de retourner aux champs en poursuivant le dialogue car sans coton, il ne peut y avoir de discussion.

Dans les échanges les cotonculteurs ont dénoncé leur organisation faîtière, l’UNPCB, de les avoir trahis dans leur lutte et de manquer de cadre de concertation entre le sommet  et la base. Ils ont aussi demandé une réduction du prix du kilogramme de la semence CGM et le paiement du prix d’achat complémentaire.

Le président de l’UNPCB, Karim Traoré, qui était de la partie n’est pas allé  du dos de la cuillère pour  assener ses quatre vérités à ceux qui le chargent à chaque occasion. Il a balayé du revers de la main toutes les accusations à son encontre. «Depuis le déclenchement de la crise, j’assiste à mon corps défendant à des incriminations contre ma personne. Je me suis abstenu depuis un certain temps de faire toute déclaration.  Ce n’est pas par peur car étant le premier responsable, j’assume ce qui se passe. Et je demande pardon à vous tous qui êtes ici présents, de même qu'aux  absents, pour tout manquement à mon devoir de Président», a déclaré Karim Traoré. L’assistance est restée muette quelques secondes ou on entendait les mouches voler.

Revenant au prix d’achat complémentaire, le Directeur général a pris l’engagement  séance tenante de le faire payer au cours de cette semaine. Dans l’ensemble les motoculteurs disent avoir compris le message du Directeur général et promettent de s’investir dans la culture du coton.

Après Dédougou, le premier responsable de la SOFITEX s’est rendu à Safané, zone à forte production cotonnière où il a eu un entretien avec le chef du dit village. Il s’agissait  pour M. Sawadogo Jean Paul  de demander le soutien, la protection et la bénédiction du chef de village, afin que ce dernier intercède auprès de sa population pour les sensibiliser  à la production et d’arrêter la destruction des plants de coton qui prenaient de l’ampleur des derniers jours.

La région cotonnière de la Boucle avec un objectif de production de 120 000 tonnes de coton pour la campagne à venir, couvre les provinces des Banwa, de la Kossi, du Mouhoun et le département de Bana dans les Balé. Elle dispose de trois usines d’égrenage implantées  à Bondokuy, à Solenzo et à Dédougou.

Dramane Sougué