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Procès affaire Justin Zongo : «Il m’appelait papa» (Officier Roger Narcisse Kaboré, accusé) Spécial

Le procès des trois policiers inculpés dans l’affaire Justin Zongo a débuté hier 22 août 2011 devant la chambre criminelle de la Cour d’appel de Ouagadougou. Ils ont comparu sous les chefs d’accusation de coups mortels (Bélibi Nébié et Bèma Fayama) et de complicité de coups mortels (Roger Narcisse Kaboré) sur la personne de Justin Zongo. Le décès de cet élève avait été le détonateur de la grave crise sociale et militaire qui a ébranlé le Burkina entre février et juin 2011. Les policiers ont tous rejeté les accusations qui pèsent sur eux dans ce procès présidé par la juge Ouarayo Dofini.

Ce procès se déroule dans la grande salle d’audience du Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou plein comme un œuf. Mais avant même le début du jugement, au cours d’un cérémonial d’ouverture, on a procédé au tirage au sort des quatre jurés titulaires et des deux jurés suppléants. Et c’est à 11h56 que le procès a débuté. Mais les exceptions de procédures soulevées, les conseils des deux parties obligent la Cour à suspendre l’audience qui ne reprendra que sur le coup de 12h30 avec la lecture de l’arrêt de renvoi.

De cet arrêt, il ressort que c’est le 16 décembre 2010 qu’une altercation a eu lieu entre deux élèves, Justin Zongo et Ami Zongo, tous deux âgés de 24 ans et fréquentant la classe de 3e au lycée Guesta Kaboré de Koudougou. Suite à cette bagarre, l’administration ordonne aux deux élèves de venir avec leurs parents avant d’avoir accès à la classe. La fille s’exécute tandis que  le garçon qui vivait en location, donc sans ses parents, n’arrive pas à satisfaire à cette exigence de la direction du lycée.

Entre-temps, l’affaire quitte le cadre de l’école et est portée devant la police de Koudougou par une plainte de Mlle Ami Zongo. Plusieurs convocations sont délivrées à Justin. Ce dernier se plaint d’avoir été torturé par les policiers et devant le parquet de Koudougou, il porte plainte contre eux.

Finalement, l’élève meurt le 20 février 2011 et la suspicion de coups mortels se fait plus forte contre les policiers. Mais les autorités parlent d’une méningite qui aurait été à la base de ce décès. La capitale du Boulkiemdé s’embrase puis ce sera le tour d’autres localités du Burkina où les commissariats de police et les domiciles des dignitaires du pouvoir sont incendiés ou saccagés.

Dans l’intervalle, l’enquête ouverte par la justice aboutit le 11 mars 2011 à l’inculpation et à la mise sous mandat de dépôt de policiers ayant participé à l’interpellation de Justin Zongo. Dans le cadre de cette affaire, une trentaine de témoins sont auditionnés et une expertise médicale est commanditée.

Le procès qui a débuté hier devrait permettre de situer la vérité dans ce dossier afin que chacun sache si l’élève Justin Zongo est mort des suites de méningite ou des suites des sévices exercés par les policiers. Et vu l’onde de choc provoquée par cette affaire, on comprend pourquoi beaucoup de gens se sont mobilisés pour assister aux débats.

«Cet enfant veut me créer des problèmes»

 

Au cours de l’instruction à la barre, l’officier de police Roger Narcisse Kaboré, qui totalise 35 ans de service dans ce corps, a nié les faits de complicité de coups mortels dont il est accusé. Il a soutenu avoir envoyé 5 convocations infructueuses à Justin. A une autre convocation il est venu à 16h au lieu de 9h. L’officier a avoir déclaré considéré ce problème entre les deux élèves, juste comme une affaire d’enfants d’autant plus que Justin l’appelait papa.

Roger Narcisse a avoué être tombé de sa chaise lorsqu’il a appris que l’élève avait porté plainte en justice contre la police pour sévices corporels. «Le procureur m’a dit d’auditionner l’élève et les policiers et de lui envoyer le dossier. Moi, j’ai été étonné de voir Justin venir à la police avec du sparadrap collé sur le visage. Lorsque je le lui ai fait enlever, j’ai constaté qu’il n’avait pas de blessure. Alors je me suis dit que cet enfant veut me créer des problèmes».

A la barre, l’officier a déclaré n’avoir jamais donné son numéro de téléphone à Mlle Ami Zongo qui avait «un oncle au secrétariat du directeur régional de la police».

A son tour, le policier Bélibi Nébié ne reconnaît pas les faits qu’on lui reproche. C’est bien lui qui, sur ordre de son supérieur, a fait entrer Justin au violon où il devait attendre pour être par la suite entendu par l’officier Kaboré. Ce jour-là, le policier a dû pousser l’élève afin qu’il entre au violon. Et c’est dans ce mouvement que sa bouche aurait heurté  les barres de fer de l’entrée.

Sur ces entrefaites, les avocats de l’accusation, donc la partie civile, ont noté que le policier Nébié, en mettant Justin au violon sans faire la mention, a exécuté un ordre illégal.

Puis Bélibi Nébié raconte : «Le 18 janvier 2011, l’officier m’appelle et me dit que le procureur dit que j’ai frappé Justin.  Mais c’est une seule fois que j’ai eu affaire à cet élève, le 17 janvier, et ce jour-là je l’ai même supplié d’entrer au violon. Je n’ai pas porté un coup à Justin. Je l’ai juste poussé». Pourtant, lors de la rencontre avec le  parquet, le policier a déclaré que «le procureur du Faso m’a dit que Justin est venu avec la bouche enflée».

«Ce n’était pas un petit gifle hein»

 

Sans surprise, l’assistant de police Bèma Fayama a rejeté le chef d’accusation qui pèse sur lui. Il a soutenu que c’est seulement le 2 février 2011 qu’il a été réquisitionné pour faire partie de la mission devant aller chercher l’élève Justin Zongo au sein de son établissement. Le policier assure que lorsqu’ils sont arrivés au lycée, l’élève a commencé à se plaindre et à menacer. «Comme force doit rester à la loi, alors j’ai voulu mettre de l’ordre et je l’ai giflé».

A la question de savoir si la gifle a fait tomber l’élève, l’accusé a répondu : «Monsieur le président, j’ai 28 ans et Justin 24, nous sommes de la même génération, donc ma gifle ne peut pas le faire tomber». Puis Fayama a poursuivi : «à 16h, Justin est venu avec du sparadrap collé sur le visage. Je ne sais d’où ça vient. On m’a dit qu’il s’est plaint à la justice d’avoir été giflé par un policier. Mais je me suis tu car dans notre corps quand un policier est en faute, il peut monter 48 à 72 heures de garde sans descendre. C’est plus tard que les anciens m’ont conseillé de me dénoncer. Je n’ai que deux ans de service. C’est sans doute un manque d’expérience».

Après une suspension de l’audience pour une durée d’une heure, le procès a repris à 16h avec l’audition des témoins. Cela a débuté avec la principale concernée par l’affaire, l’élève Ami Zongo, celle avec qui Justin a eu une altercation. Son audition a duré une heure. Elle a expliqué comment Justin lui avait administré une paire de gifles et un coup de tête le 16 décembre 2010. Et a justifié sa plainte à la police par le fait que son établissement ne parvenait pas à régler efficacement le problème entre elle et Justin. A la police, on a collé une amende de 6 000 FCFA à Justin ainsi que le remboursement des frais de pharmacie d’Ami Zongo. Elle a avoué n’avoir pas eu un certificat médical.

Détail important, Ami a affirmé devant la Cour que «Justin a répondu à la première convocation le 21 décembre. C’est seulement après qu’il ne répondait plus. Alors l’officier Kaboré m’a donné son numéro et m’a dit de l’appeler quand Justin sera de retour au lycée». Elle a par contre soutenu n’avoir pas un parent au commissariat de police.

Il faut souligner qu’Ami n’a pu prendre part à l’examen du BEPC car n’ayant pas pu terminer l’année scolaire.

Lorsque le témoin Sylvain Bouda, 20 ans élève en 3e, est venu à la barre, il a d’abord prévenu qu’il ne s’exprimait pas bien en français. Et on en a rapidement eu la preuve lorsqu’il a déclaré que «quand Justin est revenu de la police, son bouche était collé avec sparadrap». Il était là dans la cour de l’établissement lorsque Justin a été interpellé par la police. A la question de savoir comment est-ce qu’il a trouvé la gifle, il a assuré : «Ce n’était pas un petit gifle hein ! Quand on l’a giflé, Justin a tourné sur lui-même» à cause de la force de la gifle. Sylvain a été un véritable témoin à charge contre la police.

Idem pour le témoin Kiswensida Yaméogo, 21 ans, élève en classe de 3e. Il s’est dit choqué du traitement subi par Justin au sein même du lycée par les policiers. Il soutient que Justin est revenu avec un masque (cache-nez) avec lequel il protégeait sa blessure.

Il était 20 heures lorsque nous avons quitté le palais pour rédiger cet article. Mais l’audition de témoins s’est poursuivi jusqu’à tard dans la nuit. Nous y reviendrons dans notre prochaine édition.

 

San Evariste Barro

H. Marie Ouédraogo

Hyacinthe Sanou

 

 

Affaire Justin Zongo

«Ce n’est pas un show à la maison du Peuple»

(Me Moumouni Kopiho, avocat de la défense)

 

Une fois la désignation, par tirage au sort des jurés, faite, c’était au tour des témoins, policiers, civils et élèves d’être appelés à la barre avant d’être conduits dans une salle d’où ils ne pourront pas suivre les débats. Sur la vingtaine de personnes concernées, quelques-unes manquaient à l’appel. Ce qui n’est pas passé inaperçu.

C’est d’ailleurs sans ambages que Me Moumouni Kopiho, l’un des trois avocats constitués pour assurer la défense des prévenus, s’est adressé à la Cour. Il s’est dit préoccupé par ces absences non excusées, en l’occurrence celle de Marcel Kaboré, colocataire et ami de la victime qui, pis est, est un témoin capital dans cette affaire. En effet, quelle valeur accorder à son témoignage si d’aventure il se présente pendant les débats et surtout s’il entend tout ce qui aura été dit avant de livrer sa version des faits…

Le jeune homme, a expliqué le procureur Honorine Medah, aurait évoqué des problèmes de déplacement, résolus grâce à un coup de pouce de la gendarmerie. «Il était là ce matin et a même accordé des interviews à la presse», a déclaré la représentante du parquet, pour qui la «disparition» du précieux témoin ne s’explique pas.

Pour le retrouver, une suspension de quelques minutes a été observée. A la reprise, toujours pas de trace de Marcel. A l’instar des autres absents non excusés, il est déclaré non comparant. S’il se présente durant les débats, son témoignage aura valeur de simple renseignement.

Autre exception soulevée par la défense, la remise en cause de la constitution de partie civile : pour maître Kopiho, il s’agit de savoir si ceux qui se réclament de la partie civile, représentée par un collectif de 10 avocats, ont bien qualité pour agir ; pour lui, la loi doit être appliquée dans toute sa rigueur car «nous ne sommes pas là pour un show. Nous ne sommes pas à la maison du Peuple».

Des arguments battus en brèche par les intéressés qui, à leur tour, n’ont pas manqué d’invoquer l’irrecevabilité de la constitution de leurs confrères de la défense.

C’est sur ces entrefaites, et alors que le président Ouarayo Dofini était sur le point de demander au greffier la lecture de l’arrêt de renvoi, après avoir confirmé la légitimité des uns et des autres, que le témoin tant attendu a fait son entrée dans la salle : se frayant difficilement un chemin dans la foule compacte, Marcel Kaboré est arrivé in extremis à la barre des témoins.

Et malgré les protestations de la défense, qui souhaitait le voir déclaré non comparaissant, le président lui a demandé de rejoindre les autres témoins dans la salle prévue pour eux.

Sur ce, les débats proprement dits ont commencé avec la lecture de l’arrêt de renvoi.

 

H. Marie Ouédraogo

L’ambiance des premières heures du procès

 

Eléments de la brigade d’intervention postés à plusieurs endroits à quelques encablures du Tribunal de grande instance (TGI), situé sur l’avenue Kwamé-N’Krumah, parking bondé malgré la pluie matinale, la cour du Palais de justice pleine de gens, …. Tel était le décor ce lundi 22 août 2011 à l’ouverture du procès de l’affaire Justin Zongo. Le hall de la salle d’audiences étant déjà bourré à craquer sous le coup de 9h, les Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) postés là décident de fermer les grilles, refusant ainsi l’accès à des dizaines de personnes qui se retrouvent bloquées devant le Palais. Les protestations fusent. Parmi les «refoulés», de braves justiciables qui ne sont pas venus pour le procès mais pour leur propre dossier : «J’ai rendez-vous avec le substitut à 9h», s’écrie une dame. Il faut donc trouver une solution. Une grille est entrouverte, mais il faut montrer patte blanche pour entrer (NDLR : présenter un document justifiant son désir d’accéder aux locaux du Tribunal).

 

La bataille de la porte

Devant la salle d’audiences n°1, dont toutes les places assises sont déjà occupées, des retardataires patientent en rangs pendant que l’audience d’ouverture du procès a débuté. Au compte gouttes, ils pénètrent dans la salle sous la supervision de 5 GSP qui gardent la porte d’entrée. Dans la foule de mécontents, les commentaires ne manquent pas : «Djou là, on veut suivre là !» ; «Une audience publique se déroule portes ouvertes. C’est une règle de droit !» ; «Où sont passés les baffles que nous avait promis le ministre ?» ; …

9h50. L’impatience prend le dessus dans les rangs. Les lignes sont brisées et tout le monde se groupe devant l’entrée de la salle d’audiences. C’est parti pour des bousculades.

10h03. Ayant du mal à repousser la foule, les GSP tentent de refermer le battant entrouvert. Les «assaillants» réussissent à s’interposer et à forcer le passage. Une vague humaine déferle alors dans la salle.

10h06. A l’aide de matraques, les Gardes réussissent à reprendre le dessus et à fermer la porte. Le hall redevient quelque peu calme.

10h10. Profitant de la fin de l’audience d’ouverture, le ministre de la Justice, de la Promotion des droits humains, garde des Sceaux, Jérôme Traoré vient à la rencontre des «occupants» du hall : «Calmez-vous, si les gens se disciplinent, on n’aura même pas besoin de maintien d’ordre. Tout sera mis en œuvre pour que tout le monde puisse suivre le procès dans des conditions sereines», assure-t-il. Des applaudissements saluent ses propos. A l’en croire, l’écoute n’était pas bonne avec les baffles prévus, c’est la raison pour laquelle ils s’en sont finalement passés.

 

Mais où est donc passé Marcel ?

Cette pause avant le procès est l’occasion pour les nombreux journalistes présents de recueillir les impressions des avocats des différentes parties. On croirait entendre les traditionnels propos avant-match des entraîneurs de football. La confiance est visible de part et d’autre, chacun pensant avoir les éléments nécessaires pour gagner.

10h56.  Le procès débute. Impossible de se frayer un passage à l’arrière de la salle tant la foule, qui y est arrêtée, est compacte. A l’avant, pas question de quitter ne serait-ce qu’un instant sa place assise sous peine d’apprendre la dure loi qui dit que «qui va à la chasse perd sa place». Idem dans la salle réservée aux hommes de média, située au-dessus de la porte d’entrée et pleine comme un œuf. Pendant le procès, le juge doit demander plusieurs fois le silence. «Djou là, micro ! On n’entend pas !» entend-on dès qu’un intervenant oublie de se servir du micro.

11h27. L’audience est suspendue parce qu’un «témoin capital», en l’occurrence P. Marcel Kaboré, manque à l’appel. «Marcèlé, fo bé yè ? (NDLR : Marcel, tu es où ? en langue nationale mooré)», crie quelqu’un pendant que la partie civile s’affaire à retrouver le «disparu» en demandant à l’assistance si quelqu’un aurait de ses nouvelles. Ce dernier a pourtant reçu son transport pour venir à Ouagadougou.

12h00.  Le procès reprend sans que Marcel n’ait été retrouvé.

12h22. Pendant que les différentes parties sont en train de soulever des exceptions de procédures, le public pousse  soudain un «Il est là !» suivi d’applaudissements. Marcel Kaboré, documents en mains, vêtu d’une chemise pagne et d’un panta-culotte (pantalon qui s’arrête au niveau du genou) blanc, se fraie difficilement un passage jusqu’à la barre. «Fo da bé yè ? (tu étais où ?)». Après la vérification de son identité et un débat entre les avocats des différentes parties, Marcel est conduit à la pièce réservée aux témoins. Il sort de la salle d’audiences, précédé de l’Huissier de justice. «Faut pas il va disparaître encore dèh !» déclare quelqu’un. Commence alors la lecture de l’arrêt de renvoi pendant que, sous la direction du procureur du Faso, Placide Nikièma, transformé pour la circonstance en technicien, des enceintes acoustiques sont installés dans le hall. L’espace devient calme, le public suivant le procès, assis sur des bancs. Les grilles sont entrouvertes. Le procès suit alors son cours normal, ponctué cependant d’applaudissements et de huées  aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la salle d’audiences. 

 

 

Jugement de l’affaire Justin Zongo

Koudougou tend l’oreille

Hier lundi a débuté à Ouagadougou le procès des trois policiers soupçonnés de coups et blessures ayant entraîné la mort de Justin Zongo. Cette mort avait, on s’en souvient, mis le monde scolaire et universitaire dans la rue et occasionné une crise des plus violentes dans tout le pays. Hier, alors que s’ouvrait le procès, à Koudougou et à Ralo, village natal de Justin Zongo, tout était calme et les citoyens, maintenus d'abord dans leurs maisons par une pluie matinale, ont vaqué plus tard à leurs occupations, même si dans bien de causeries on  épiloguait sur ce procès.

 

Hasard de calendrier, programmation à dessein, ou caprice ironique du temps ? Elle est en tout cas insolite, la similitude de ces deux dates. 22 février 2011, 22 août 2011. La première fut la sortie bruyante des scolaires de Koudougou pour réclamer justice pour un des leurs, Justin Zongo, mort par suites, selon leur conviction, de sévisses policières. Cette sortie, sévèrement réprimée, a occasionné six autres morts, une kyrielle de manifestations à travers tout le pays, des dégâts matériels importants et l’installation d’une crise qui a emporté bien des têtes dont le gouverneur du Centre-Ouest, Baworo Seydou Sanou, et même le gouvernement de Tertius Zongo. La 2e, hier donc, est le début du procès des présumés coupables de cette bastonnade policière, trois au total, et dont la rue n’a  cessé d’exiger le scalp. Koudougou, la ville d’où est partie la contestation, s’est réveillée ce lundi 22 août sous  une forte pluie. Ce fut le cas aussi à Ouagadougou, où se tient le procès, et à Ralo, village natal de Justin Zongo, situé à 20 km de Koudougou et relevant de la commune de Poa. Nous y avons fait un tour hier. Cette pluie pourra-t-elle être le présage d’un bon déroulement du procès à même de garantir le droit, le vrai, comme le veut toute la nation, surtout la frange jeune ? On l’espère. En tout cas, à Koudougou, on tend l’oreille ainsi qu'à Ralo où nous étions à partir de 11h30, dans l’espoir de nous entretenir avec le géniteur de Justin, Nagoukonba Zongo, chef coutumier du patelin.

La petite voie qui mène à la cour du vieux Zongo est rétrécie par le mil qui est à une hauteur satisfaisante pour cette période de l’année. Devant la cour, quelques  enfants et deux femmes qui nous saluent respectueusement. Nous avions à peine mis le pied à terre qu’arrive sur une bicyclette Emile Zongo, frère aîné de Justin. Après les salamalecs d’usage et le motif de notre visite, il nous informe que son père est parti à Ouagadougou la veille, soit le dimanche 21 août, pour suivre le procès. "Nous aurions dû y penser plus tôt". Il a refusé de se prononcer sur le sujet, estimant qu’en tant qu’enfant il n’avait pas son mot à dire dans cette affaire. Cependant, il a indiqué que c’est lui qui a été au chevet de Justin jusqu’à sa mort et qui s’est chargé de ramener son corps à Ralo, où il est enterré, juste à 20 mètres de la concession. N’ayant pas grand-chose à nous mettre sur le calepin, nous prîmes néanmoins quelques photos avant de redémarrer. Direction Koudougou. Nous fîmes une escale au collège Gesta-Kaboré, où fréquentait Justin, mais elle a été tout aussi infructueuse. Portes closes et aucune âme qui vive.

Autour de 13h, nous avons tenté de joindre quelques acteurs qui sont intervenus dans cette affaire, mais sans grand succès. Il s’agit, entre autres, de Francis Nikièma, président de l’ANEB de Koudougou, et d’Ahmed Oualbéogo, président de l’Association des scolaires de Koudougou (ASK). Sûrement qu’ils se sont rendus, à l’instar de bien des élèves et des étudiants, à Ouagadougou pour suivre le procès. A l’heure donc où se déroule ce procès tant attendu et qui ne va pas manquer de passionner les débats, Koudougou, épicentre de la contestation et point de départ de la crise, tend l’oreille. Dans les conversations, on polémique sur le procès et ce qui en sortira. Une parodie de justice juste pour calmer les ardeurs ? C’est à exclure dans cette affaire, mettent en garde certains Koudougoulais. Du reste, comme se plaisaient à le répéter les élèves et étudiants, l’état de veille ne cessera que si justice,  la vraie, est rendue au désormais ‘’supplicié’’ du commissariat de police de Koudougou et aux autres victimes.

Cyrille Zoma

Dernière modification lemardi, 23 août 2011 15:43

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