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Bataille de Tripoli : Petits arrangements avec la vérité Spécial

72 heures après l’entrée fracassante des rebelles du CNT dans la capitale et 48 heures après l’annonce de la prise de Tripoli par les insurgés, on pensait le compte à rebours déclenché et l’épilogue très proche. Las ! Les heures passent et  les certitudes choient telles des feuilles mortes.

Dans les sables libyens, les vérités sont insaisissables, elles glissent entre les mains comme du sable, fondent tel beurre au soleil. Vérité un jour, mensonge le lendemain est l’agenda que nous impose le CNT. Infos ou intox, on fait difficilement le distinguo ; et beaucoup de questions demeurent.

 

Où se trouve Kadhafi ? Il était bunkerisé à Bab-el Aziziya, disait le CNT, mais le palais conquis se révèle une coquille vide. Est-il caché sous une tente dans son bled tribal ? A-t-il déjà quitté la Jamahiriya pour un exil doré dans un pays n’ayant pas signé d’accord avec la Cour pénale internationale? Toutes les conjectures sont envisageables dans cette bataille, où la première arme est la manipulation de l’opinion et la victime première, la vérité.

Tenez ! Le dimanche, le CNT annonce la prise de la place Verte, symbole du Kadhafisme, et le lundi, elle est reconquise par les forces loyalistes, que l’on disait en déroute, écrasées par l’action conjuguée des bombardements de l’Otan et des coups de boutoir des insurgés. Ainsi donc, les insurgés, après les youyous et les rodomontades devant les télés du monde, se sont  vite égaillés dans la nature. Petit mensonge bénin ! Et le suivant ? L’arrestation de Seif el Islam, le dauphin du Guide et bête noire de la Communauté internationale, dont la tête est mise à prix par la CPI.

Le scoop est repris par tous les médias. Même le placide procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, délaissant toute prudence, car voulant aussi partager les palmes de cette grosse prise, s’est permis un laïus sur la très prochaine extradition de l’intéressé. Et patatras !  Dans la nuit du lundi au mardi, Seif el Islam, tel Orphée revenant d’entre les morts, apparaît aux journalistes, fringant et libre comme l’air. Cette arrestation était un pipeau, un de plus dans la longue chaîne d’affabulations que le CNT sème à tout vent depuis le début de l’insurrection.

Même au poker, le bluff n’est utilisé qu’en ultime recours. Ces petits et gros arrangements avec la vérité finiront bien par entamer le capital de crédit et de sympathie du CNT. Nul n’ira jusqu'à mettre en doute la véracité des massacres de Benghazi, mais on n’oublie pas que, par le passé, une intox sur des prétendus massacres perpétrés par Nicolas Ceausescu à Timisoara avait réussi à renverser le dictateur. Le charnier, c’était une mise en scène avec des cadavres pris à la morgue ! Si le sable ne garde pas trace de rien, la mémoire, si !

Les guerres modernes se gagnent sur le champ de bataille, mais aussi dans le cœur des opinions publiques ; d’où la stratégie du CNT de squatter permanemment la une des médias, d’alimenter au jour le jour la vorace machine à fabriquer l’émotion et l’indignation. Mais le coup d’éclat permanent finit par tendre à la saturation et à être inopérant. Savoir se taire est parfois plus payant que l’incontinence verbale ; surtout qu'actuellement on assiste aux derniers spasmes du régime de Kadhafi.

Alcény Barry

Dernière modification lemardi, 23 août 2011 23:08

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