Logo
Imprimer cette page

L’intelligence sert la foi

S’adressant à Dieu dans  une attitude de prière, Augustin d’Hippone (354-430) a pu écrire : «J’ai voulu avoir l’intelligence de ce que je crois, Seigneur, autant que j’ai pu ; autant que tu m’as donné la force, je t’ai cherché. Et j’ai voulu avoir l’intelligence de ce que je crois, et j’ai beaucoup discuté, et j’ai beaucoup peiné». Auteur du IVe siècle, saint Augustin fut un inlassable chercheur de Dieu. A sa suite, le chrétien est invité à travailler à comprendre sa foi et à la dire de manière intelligible et audible dans son milieu de vie. Dans l’Evangile, la foi est définie comme un acte et une vie de «conversion». Il s’agit d’un assentiment à la bonne nouvelle de la venue du Royaume de Dieu, un engagement à suivre Jésus, une attitude filiale envers «notre Père des cieux».

La foi est une grâce, elle est un appel de Dieu, mais elle n’est pas irrationnelle. Et, même quand elle ne raisonne pas, la foi a ses raisons, car, dans la foi, c’est Dieu qui croit d’abord en l’homme. La foi est un appel qui s’adresse à l’intelligence et à la volonté de l’homme. Elle n’est pas une simple opinion, elle suppose une conviction dûment réfléchie, elle est un engagement délibéré dans un certain style de vie. Sur le chemin d’Emmaüs, Jésus apostrophe ses disciples déçus et troublés de sa mort infamante : «Ô, cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu’ont annoncé les prophètes !» (Luc 24, 25).

L’intelligence doit se mettre au service du cœur et de la foi. D’ailleurs, dans cette même partie de l’évangile de Luc, Jésus fait la démonstration aux disciples de la nécessité de travailler à comprendre, en expliquant, dans toute la Bible, ce qui le concerne. Et les disciples, éblouis, s’exclameront par la suite en ces termes : «Notre cœur n’était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?» (Luc 24, 32). Fondamentalement, si l’Evangile  nous demande d’avoir une foi simple, il ne nous demande pas simplement d’avoir la foi, il nous demande de faire très attention à la manière dont nous vivons cette foi.

Souvent, quand on interroge les hommes et les femmes qui se réclament du Christ sur ce que signifie pour eux être chrétiens, ils ne savent pas toujours quoi répondre.  Certains sont souvent même tentés de répondre comme ce personnage du roman de Ferdinand Oyono Une vie de boy. Ce personnage à qui son patron demandait : «Es-tu chrétien ?» répondait : «Oui, je suis chrétien comme ça !» - Comment chrétien comme ça ? - «On m’a baptisé, et je porte un nom de Blanc…». Mais, comme on le voit, le chrétien doit éviter d’être un «chrétien comme ça». Au fond, il doit pouvoir rendre compte de ses raisons de croire et  de ses raisons d’être chrétien.

L’intelligence sert à comprendre, à expliquer, à asseoir sa foi, à la rendre plus forte. Elle permet, selon les mots de l’apôtre Pierre, de «rendre compte de l’espérance qui est en nous» (1P 3, 15). Pour saint Augustin, tout homme veut comprendre, et s’il faut comprendre pour croire, il faut aussi croire pour comprendre, car, comme dit le prophète Isaïe, «si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas» (Is 7, 9). On saisit alors la pertinence des propos du pape Jean-Paul II quand il écrit dans son Encyclique Foi et raison : «La foi et la raison sont comme les deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. C’est Dieu qui a mis au cœur de l’homme le désir de connaître la vérité et, à terme, de Le connaître lui-même afin que, Le connaissant et L’aimant, il puisse atteindre la pleine vérité sur lui-même».

Jean-Paul Sagadou Assomptionniste

Ajouter un Commentaire

Code de sécurité
Rafraîchir

© 2011-2014 - Observateur Paalga - Tous droits réservés I Conception: CVP Sarl.