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Crise en RDC : La bataille de la kalash et du crucifix

 

Mgr Laurent Monsengwo ne décolère et n’en démord pas. Déjà début janvier, après la répression de la première manifestation de la Coordination des laïcs catholiques qui avaient manifesté pour revendiquer la mise en œuvre de l’accord de la Saint-Sylvestre 2016, l’archevêque métropolitain de Kinshasa avait sorti l’artillerie lourde contre les oppresseurs au pouvoir. «Nous ne pouvons que dénoncer, condamner et stigmatiser les agissements de nos prétendus vaillants hommes en uniforme qui traduisent, malheureusement, et ni plus ni moins, la barbarie. Il est temps que la vérité l’emporte sur le mensonge systémique, que les médiocres dégagent et que règne la paix, la justice en République Démocratique du Congo», avait-il pesté.

 

 

 Le prélat a remis le couvert hier au lendemain de la nouvelle répression de la nouvelle marche des laïcs qui a fait cette fois-ci 6 morts selon la MUNISCO et 2 selon la police. « Comment peut-on tirer sur des femmes, des enfants et des vieillards qui marchaient avec bible, rameaux et crucifix en chantant des cantiques ? », s’interroge en effet le ministre de Dieu qui parle de la République démocratique du Congo comme d’une prison à ciel ouvert, avant de prêcher la force de la loi et non la loi de la force, puis d’inviter les fidèles à rester inébranlables.

 

Si on en avait encore des doutes, on est maintenant définitivement fixé : la guerre est ouverte entre le clergé catholique et Joseph Kabila, qui se rendent désormais coup pour coup. Avec chacun, les armes qu’il a. Des fusils de guerre pour les uns, des armes non conventionnelles, comme les chapelets et les crucifix, pour les autres. Une guerre pour le moins asymétrique et dont on se demande finalement qui en sortira vainqueur. Avec une opposition laminée par des bagarres intestines et par des divisions pour le partage du pouvoir, une société civile aphone, atone et amorphe, le cardinal Monsengwo apparaît du coup comme le principal opposant à Joseph Kabila. Quitte à être accusé de parti-pris pour un pasteur qui est censé rassembler toutes les brebis, malgré la couleur de leur laine.

 

En vérité, l’épiscopat congolais n’a toujours pas digéré la mise au pilon de l’accord de la Saint-Sylvestre 2016, censé être la feuille de route consensuelle pour une sortie de crise, mais mise au rébus par Mobutu Light qui a renvoyé ses évêques à leurs chères études pastorales, pour ensuite s’imposer comme juge et partie dans ce beau contentieux qui l’oppose à une bonne partie de ses compatriotes. C’est donc bien parti pour un bras de fer interminable et pour un cycle de manifestations et répressions, dans l’indifférence de l’Union africaine et de la communauté internationale. N’empêche, Kabila joue à un jeu un peu risqué, car, si en théorie le rapport de force est en sa faveur puisqu’il a les forces de défense et de sécurité ainsi que les moyens de l’Etat pour réprimer qui il veut, il aurait tort de négliger l’autorité morale qu’incarne le charismatique Monsengwo.

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 24 janvier 2018 22:35

Commentaires   

0 #2 kaka 24-01-2018 11:21
David contre Goliath.
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0 #1 Megd 24-01-2018 11:20
Quand les éléphants se battent, ce sont les herbes qui en pâtissent. On a laissé faire N’Kurunziza et Sassou N’Guesso, alors il ne faut s’étonner de l’attitude de Kabila.
En fait, les dirigeants de cette partie de l’Afrique n’ont rien à cirer avec les règles élémentaires de la démocratie. Ils sont encouragés par les multinationales dont les PDG ont plus de pouvoir qu’un premier ministre.
Quand vous prenez le camerounais, le gabonais, le congolais (Braza comme Kin), voilà des peuples qui n’ont aucune notion de lutte. Ils se complaisent dans leur situation. Personne ne veut se faire tuer et le comble de tout ça, il y a un fort régionalisme qui ne dit pas son nom.
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