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Affaire Auguste Denise Barry : Ce que Nadège, la femme du «commerçant» nous a dit

 

Cher Wambi,

 

L’affaire Auguste Denise Barry, reparlons-en encore.  Dans ma lettre de la semaine dernière, j’en faisais de nouveau cas en rappelant au ministre de la Sécurité, Simon Compaoré,  la promesse qu’il avait tenue à l’endroit de l’opinion publique.

 

 

En effet, lors d’une conférence de presse, le premier flic de la République, lançant une pique au canard de ton oncle Nakibeuogo, lequel avait émis plusieurs hypothèses au sujet de l’arrestation du patron du Centre d’études stratégiques en défense et sécurité (CESDS), avait lancé : «Ceux qui veulent voir clair dans cette affaire seront édifiés.»

 

Mais depuis la date de l’interpellation, le 29 décembre 2017,  de l’ancien ministre de la Sécurité sous la Transition, suivie de son incarcération le 4 janvier dernier à la Maison d’arrêt et de correction des Armées (MACA) pour « tentative de déstabilisation du pouvoir », l’opinion publique reste sur sa soif.

 

En effet jusque-là, excepté le cerveau présumé de l’affaire, seulement quatre personnes, toutes des civils, ont été inculpées avec mandat de dépôt.

 

Il s’agit d’un commerçant, d’un jardinier, d’un électricien et d’un libraire, membre d’une association de la société civile. Autant dire du menu fretin.

 

Cher cousin, au regard de leur profil, j’ai cherché à en savoir davantage sur les copensionnaires du colonel Auguste Denise Barry,  et grâce à des contacts, comme on le dit dans notre jargon, j’ai pu me rendre au domicile d’un d’entre eux, en attendant d’en faire de même pour les trois autres. En l’occurrence chez Fulbert Nana, celui qu’on présente comme un commerçant résidant à Kamboinsé.

 

Voici ce que j’ai pu constater et entendre.

 

Sous le grand hangar qui fait face à la rue, un enfant tient maladroitement un gobelet contenant de la bouillie. Régal pour la nuée de mouches qui s’en donne à cœur joie. A côté, une jeune fille semble indifférente au môme dont les petites mains peinent à repousser les bestioles. Le voit-elle d’ailleurs ? Elle a 19 ans, le petit, 3. On les prendrait pour sœur et frère.

 

Le regard perdu dans l’horizon, Nadège triture instinctivement ses frêles doigts. Tirée soudain de son monde par son enfant qui, de guerre lasse contre les mouches, alla se blottir contre ses jambes, elle poussa un profond soupir. Avant de lancer d’une voix fluette : « Excusez-moi. »

 

Rassurée par mon guide sur l’objet de ma présence, elle consent à parler de ce qu’elle ne comprend toujours pas. « Certainement qu’ils se sont trompés. Fulbert ne peut pas faire ça !» 

 

 Fulbert, c’est l’homme avec lequel elle partage la vie depuis trois ans et qu’elle n’a plus revu depuis son arrestation et son défèrement à la MACA pour  « complot contre le pouvoir ». C’est aussi celui avec lequel elle partageait un projet d’agrandissement de sa « mini-quincaillerie » depuis qu’il a bénéficié en décembre dernier d’un chèque de 400 000 francs dans le cadre du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes. 

 

« Ce jour-là, j’étais à Pabré où j’ai passé trois nuits. C’est à mon retour que j’ai appris la nouvelle de l’arrestation de mon mari. Avec un de ses amis, j’ai fait le tour de plusieurs postes de gendarmerie avant de savoir qu’il était détenu dans les locaux de la gendarmerie de Paspanga. » 

 

Auguste Denise Barry ? Elle n’avait jamais entendu parler de lui avant l’interpellation de son compagnon et reste convaincue qu’il en est de même pour le père de son enfant. « Toute la journée, il est dans sa boutique de quincaillerie. A la fermeture à 18 h, il vient s’asseoir au kiosque de la femme du bailleur et parfois c’est lui qui arrête les comptes. 

 

« Phil », comme on l’appelle dans le quartier, passe aux yeux de tous ceux qui le connaissent comme un « garçon sans histoires », le gendre idéal.

 

« Je l’ai connu quand on était à Tampouy. Depuis, je l’ai pris sous ma protection et je le connais mieux que mon frère », relate son bailleur, un cadre de l’administration qui a préféré garder l’anonymat. Au point de lui faire confiance en toutes circonstances : « Ma femme n’étant pas actuellement au pays, quand je voyage, c’est à Fulbert que je confie les clés de la maison. »

 

Lui non plus n’était pas à Ouagadougou le jour de la descente des pandores. Et surtout n’accorde aucun crédit à la thèse de l’implication de son « bon petit » dans cette affaire « C’est quand je suis rentré de Dakar, que j’ai appris la nouvelle. Mais ce n’est pas possible. Tel que je le connais, il ne peut être mêlé ni de près ni de loin à ce qui lui est reproché. S’il avait été contacté pour quoi que ce soit, il m’en aurait parlé. Et là, je suis formel là-dessus. » 

 

Tout comme Nadège, il n’a pas encore rencontré Fulbert à la MACA. Elle pour faute de pièce d’identité, lui pour raison de santé. N’empêche, ils n’ont pas besoin de l’entendre pour croire dur comme fer à son innocence. 

 

 

 

Cher Wambi, comme tu le sais, l’accès à l’hémodialyse dans nos hôpitaux relève d’un véritable parcours du combattant, surtout pour les moins nantis qui souffrent des reins.

 

D’où cette initiative très salvatrice de bons Américains pour ne pas dire de bons Samaritains de soulager les malades par l’implantation de services d’hémodialyse au Burkina, dans le cadre du partenariat public-privé. Mais depuis, plus rien.

 

Alors que devient le projet que voulait réaliser dans notre pays le groupe américain « Sahel Health », pour ne pas le nommer, pour les malades néphrologiques ?

 

L’initiateur en est le professeur Moro Salifou, un grand spécialiste des maladies rénales dont une première mission a séjourné au Burkina en juin 2016 puis en août 2017. La signature de la convention avec l’Etat burkinabè devrait intervenir en septembre 2017, ce qui aurait eu pour conséquences heureuses d’agrandir les capacités des centres hospitaliers universitaires de Yalgado, Blaise-Compaoré et Souro-Sanou en matière de dialyse, en attendant les moyens d’érection d’une structure pour les greffes de reins.

 

Mais cher cousin, jusqu’à présent rien n’a bougé. Serait-ce donc parce que certaines personnes ont exigé, selon un langage bien connu de chez nous, un gros caillou afin que le dossier ne soit pas emporté par le vent ? Comprenne qui pourra.

 

 

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

  Après le beau temps, la pluie. C’est le dicton à l’envers qu’un entrepreneur est en train de vivre actuellement. C’est un homme amer et ressassant son incompréhension face à la situation qu’il traverse qui s’est confié à nous, confessant sa détermination à saisir le tribunal administratif pour se faire rétablir dans ses droits.

 

L’homme dit avoir été adjudicataire du marché de construction de la station piscicole de Yakouta, dans le Sahel burkinabè. Mais au cours de l’exécution du marché commencée en avril 2017, il dit avoir constaté de grosses insuffisances dans le dossier d’études du projet, lesquelles empêchaient sa société de conduire aisément les travaux de réalisation de la station piscicole de Yakouta.

 

Ces insuffisances de l’étude portent notamment sur le sol support ; l’étanchéité des étangs ; des conduites de 355 mm et de la destination des déblais.

 

L’entrepreneur affirme en avoir informé le maître d’ouvrage qu’est le Projet PAPSA et le Bureau d’études chargé du contrôle des travaux, mais ces derniers ont purement et simplement refusé de tenir compte des lacunes relevées en lui donnant l’ordre de poursuivre les travaux. Mais vu qu’il était impossible de travailler dans ces conditions, l’entrepreneur n’a pas poursuivi les travaux, demandant plutôt, avant toute chose, une correction des lacunes du dossier d’études du projet. C’est dans cette situation qu’en septembre 2017 est intervenue la résiliation du marché.

 

Depuis, l’entrepreneur se sent lésé et n’entend pas baisser les bras. Et pour se faire rétablir dans ses droits, il compte ester devant le tribunal administratif pour dénoncer et dénouer cette affaire. Et comme preuve de sa bonne volonté, il demande qu’une enquête soit faite par un bureau d’études indépendant pour constater que ses remarques sur les insuffisances du dossier de l’étude du projet piscicole de Yakouta sont fondées. Ainsi, on saura si c’est le bureau qui a réalisé l’étude du projet qui est défaillant ou si, au contraire, c’est l’entreprise adjudicataire du marché de réalisation de la piscicole.

 

L’entrepreneur est déterminé à laver son honneur par les actions qu’il entend rapidement initier afin de faire triompher la vérité dans cette affaire tumultueuse. 

 

 

 

- Depuis le 4 janvier dernier, le commissaire principal de police Ibrahim Barké Tall a été nommé à la tête de la direction de la Sûreté de l’Etat (DSE). Il remplace Cyrille Sanon, nommé à ce poste en décembre 2014 par Auguste Denise Barry, alors ministre de la Sécurité sous la transition. Quand on sait que le jour de la nomination du tout nouveau patron de la DSE est aussi celui du mandat de dépôt décerné contre Auguste Denise Barry, faut-il y voir un simple hasard de calendrier ou plutôt une relation de cause à effet ?

 

 

 

- Le 21 janvier dernier, les koglweogo de Sapouy ont fait étalage de leur force de frappe financière en organisant une cérémonie de présentation de 24 motos neuves. Ces montures, acquises grâce à des « appuis et à des cotisations », viennent renforcer la capacité de mobilité de ce groupe d’autodéfense dont les engins avaient été incendiés lors d’une course-poursuite avec des bandits.

 

 

 

- Décédée le dimanche 21 janvier 2017 dans sa 96e année, Lucie Kaboré/Traoré, présidente de l’Association des veuves et orphelins du Burkina, sera inhumée aujourd’hui vendredi 26 janvier au cimetière municipal du quartier Saint-Léon. Le dépôt du cercueil dans le caveau familial, où gît déjà son époux, interviendra après la levée du corps à 9 h  au domicile de la défunte suivie de l’absoute à la cathédrale de Ouagadougou à 10 h.

 

Auparavant, une veillée de prière a eu lieu hier à son domicile à Larlé.

 

 

 

- Grandes retrouvailles demain samedi 27 janvier dans le village de Dawelgué, commune rurale de Saponé. En effet ce jour, auront lieu les festivités du Nabasga, fête coutumière du Naaba Boalga, chef traditionnel de Dawelgué. 

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 28 janvier 2018 18:30

Commentaires   

0 #4 Franck 28-01-2018 10:40
Le colonel a un tempérament impulsif. Cela est connu et a été remarqué lors de la prise du pouvoir en novembre 2014 par Zida suite à l'insurrection d'octobre 2014.Auguste était très virulent dans ses propos à la télé par rapport aux autres membres du groupe militaire au pouvoir à l'époque. Son mentor, l’ex président de l’Assemblée nationale a tenté en vain de le propulser soit au ministère de la défense, soit à la sécurité entre 2016 et 2017.C'est ainsi qu'une campagne fébrile et clanique était orchestrée pour revendiquer le retrait du portefeuille de la défense qui était occupé par le président Kaboré ou celui de la sécurité dirigé par Simon Compaoré. Le président Kaboré a cédé le portefeuille de la défense en précisant qu’il ne le confierait pas forcement à un homme de tenue. Mais, il a maintenu Simon Compaoré à la sécurité pour veiller à la sûreté de l’Etat C’est cette confiance et collaboration en bonne intelligence entre le président Kaboré et Simon Compaoré, qui ont permis jusque-là de mettre le pays à l’abri des multiples intentions subversives. Comme les autorités de la république savaient que les positions du colonel n'étaient pas claires, elles n'ont jamais accepté son inclusion dans le gouvernement ou à des postes sécuritaires stratégiques. La gendarmerie n'arrête pas au hasard ! Attendons de voir l’évolution du dossier car, on ne saurait de nos jours condamner innocemment un citoyen. Si les faits qui lui sont reprochés méritent une relaxe, une condamnation ou des sanctions disciplinaires, la règle du droit sera appliquée.
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0 #3 Neilson 26-01-2018 18:47
Le singe a dit ne pas aimer le chien parce qu'il fait tout avec les dents, il joue et se bagarre avec et lui singe a du mal à faire la différence! Moi, j'aime pas trop le militaire (le gendarme aussi) parce qu'il ne sait pas jouer et même quand il joue ça fini toujours par des coups de fusil, de ceinturon et de brodequins; il ne connait pas l'ami, le frère ou parent, il exécute les ordres, point barre! Mais le cas Auguste Barry, Simon sait qu'il joue toute sa crédibilité et son avenir politique plus celui du MPP, il a donc intérêt à faire fissa et wassa wassa. La justice est indépendante? Qu'elle fasse vite et bien son job parce que nous attendons avec impatience le dénouement de cette affaire soit pour la décrier soit pour l' encenser; en attendant, Fulbert et Nadège n'ont pas la gueule de l'emploi, qu'on nous donne autre chose.
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0 #2 Megd 26-01-2018 13:25
Cette affaire de coup d'état est juste une histoire mal ficelée et dont le scénario s'écrit au fil du temps.

Pour un cas pareil dont on parle de déstabilisation du pays, c'est juste quelques civils qui sont arrêtés. Il faut nous prendre au sérieux dans ce pays. Ou bien c'est une enquête mexicaine pour paraphraser le regretté PAN.

Le but est simplement d'inquiéter Zida qui à coup sûr sortira de sa torpeur en 2019 dans le cadre des préparatifs des élections à venir.

Ils ont tenté de salir son nom, mais ils n'y sont pas arrivés. Zida reste populaire et très populaire. L'armée lui a rendu service en le radiant de ses effectifs. Il est reste donc libre, mais vous ferez que dans cette affaire, on trouvera un mandat de dépôt contre Zida, juste pour l'exclure.

Zephirin ne présente pas une menace pour le MPP et s'il ne change pas à sa manière de faire de la politique, il restera toujours éternel opposant.
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0 #1 Ismaël Compaore 26-01-2018 10:47
Mon commentaire va porter sur le comportement de l'entrepreneur par rapport à l'ouvrage piscicole .
Les ordres de services et les correspondances échangés avec le maitre d'ouvrage et le maître d'œuvre le couvrent en cas de problème quelconque de cet ouvrage.mais l'entrepreneur n'a pas le droit de ne pas exécuter les directives et ordres du maitre d'ouvrage à travers le maitre d'oeuvre qui restent leurs prérogatives.
Si l'entreprise à défaut de se conformer au marché ,et si les délais sont échus ,c'est l'application des articles dont entre autre la résiliation.
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