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Une Lettre pour Laye : La vraie fausse saisine de Me Kéré

 

Cher Wambi,

 

Comme je te l’annonçais dans ma dernière missive, le procès tant attendu, celui du putsch manqué du 16 septembre 2015, s’est ouvert, le mardi 27 février dernier, dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. C’est le lieu où a été, en effet, délocalisée cette audience du tribunal militaire. Et je peux te dire que les Ouagalais étaient assez nombreux pour suivre ce «procès du siècle» comme d’aucuns le qualifient.

 

 

 

Mais, cher cousin, c’était la croix et la bannière pour accéder à cette salle tant le dispositif sécuritaire était des plus stricts. Il fallait se délester de tout appareil (téléphone, tablette, ordinateur, etc.) avant de franchir les check-points de la sécurité.

 

Dans la salle, ils étaient là, tous les 84 accusés dans ce dossier du putsch. L’appel nominatif de ces derniers a permis de savoir qu’outre les 8 qui étaient déjà en fuite, Diendéré née Diallo Fatoumata, ex-député ; Kaboré Emile René, économiste ; Traoré Abdoul Karim André, consultant d’entreprise ; Songotowa Zakaria, militaire ; Zougnoma Issoufou, militaire ; Bougouma née Kagoné Téné Alima, directrice de société ; Kagambega Timpoko, dite Marguerite, employée de commerce, et Kinda Yacouba, commerçant ; un 9e fugitif a été confirmé : il s’agit du colonel Mahamady Deka, le patron des transmissions de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Il avait bénéficié d’une ordonnance de mise en liberté provisoire, et le parquet militaire a perdu les traces du colonel  depuis la fin de l’audience de mise en accusation en fin 2017.

 

Les absences irrégulières de trois autres accusés ont été signalées : il s’agit d’abord du soldat de 1re classe Samuel Coulibaly. Ce soldat s’est toujours présenté au parquet si bien que le procureur militaire en est surpris et a déclaré qu’il se pourrait qu’il soit malade ; le second absent était le soldat de 1re classe Abdou Compaoré,  déployé en mission au Mali et qui,  selon le procureur Alioun Zanré, était attendu à Ouaga dans la nuit du 27 février ; enfin, le dernier absent, le caporal Léonce Sow, lui, a, en réalité, bénéficié d’un non-lieu dans cette affaire mais son nom s’est retrouvé par «inadvertance» sur la liste des personnes à juger.

 

Mais, cher Wambi, alors qu’on espérait qu’enfin on pourrait entamer véritablement le procès, il n’en sera finalement rien. De 9 heures jusqu’à 14 heures, on a surtout débattu des questions préliminaires. Les avocats de la défense ont multiplié les obstacles juridiques sur le chemin du tribunal dont ils ont contesté la légalité de la formation et la compétence pour  connaître du dossier. Deux griefs ont été formulés par les avocats :

 

- le premier, cher cousin, portait sur le tribunal (la juridiction) devant lequel comparaissaient les accusés. Dans les notifications, les accusés étaient appelés à comparaître devant la chambre de jugement du tribunal militaire. Une bourde en fait, cher Wambi, car depuis la modification du code de justice militaire en juillet 2017 par l’Assemblée nationale, la chambre de jugement a été supprimée au profit de la première chambre de jugement. Et c’est avec délectation que les avocats ont demandé au parquet militaire d’aller mieux se pourvoir, car «les accusés sont appelés devant une chambre supprimée, une juridiction inexistante» ;

 

- le second grief concernait le décret nommant le président du tribunal. Dans leurs investigations, les avocats de la défense se sont rendu compte que ledit décret a été publié au Journal officiel du Faso seulement le 22 février 2018. Ce décret étant un acte réglementaire, il n’entre en vigueur que 8 jours francs, c’est-à-dire 8 jours ouvrables, après sa publication. A l’ouverture du procès le 27 février, les 8 jours francs n’étaient pas encore bouclés. Ce qui a fait dire aux avocats que le président Seydou Ouédraogo est peut-être le président d’une séance si on veut, mais pas le président de la première chambre de jugement qui doit juger les accusés.

 

Décidés à faire respecter le droit pour ne pas «accompagner l’illégalité», les avocats ont quitté la salle d’audience. Cette situation a obligé le tribunal à suspendre l’audience sans préciser de date de reprise. Mais selon des informations concordantes, le procès pourrait reprendre le 14 mars prochain, dans deux semaines en gros.

 

Cher Wambi, qu’est-ce qui s’est passé pour qu’un décret pris le 23 janvier soit publié un mois plus tard ? Adama Bontoulgou, chef du département de la Réglementation et de la Législation au Secrétariat général du gouvernement et du Conseil des ministres, en a donné une réponse à notre confrère de radio Oméga en ces termes : « La version papier du décret nous est parvenue le 23 janvier 2018, et  on y a mis le numéro 2018-06. Et quand cela a été fait,  l’étape suivante,  c’était sa publication dans le Journal officiel, à condition d’avoir la version électronique du décret. La relance a été faite en vain. Jusqu'à ce jour, nous ne l’avons pas reçue. Donc on était obligé de le scanner. Après quoi nous l’avons envoyé Au journal officiel, mais il se trouvait que le numéro du journal qui devait paraître était déjà prêt, donc, il fallait attendre le prochain numéro, d’où la date du 22 février 2018».

 

Toujours sur le dossier judiciaire de ce putsch, cher Wambi, je tiens à te signaler qu’un recours en inconstitutionnalité a été introduit. Il a été formulé par Me Paul Kéré du barreau de Nancy en France. Dans son mémoire, l’avocat explique que le régime de la Transition n’est pas issu d’élections libres et indépendantes au Burkina Faso et constitue, à ce titre, un régime anticonstitutionnel et d’exception. La conclusion que Me Kéré en tire est que le coup de force du 16 septembre ne saurait être assimilé à une quelconque atteinte à la sûreté de l’Etat. Il soutient que l’atteinte à la sûreté de l’Etat ne peut résulter que d’un régime légalement constitué. Dans l’exposé de ses motifs, l’avocat invite le Conseil constitutionnel à dire que la Charte de la Transition n’est pas issue d’un référendum populaire adopté par le peuple burkinabè et qu’à ce titre le coup d’arrêt donné au régime de la Transition ne saurait constituer une atteinte à la sûreté de l’Etat.

 

Mais aux dernières nouvelles, l’avocat a retiré son recours. Il m’a assuré hier qu’il avait eu «une mauvaise idée de déposer cette requête qui a eu, malgré tout, le mérite de susciter le débat mais j’ai purement et simplement retiré cette requête». Me Paul Kéré m’a expliqué qu’il avait retiré son recours parce que «lorsqu’on dépose une requête, on le fait de commun accord avec le client. Et compte tenu du fait qu’un certain nombre de clients et confrères ne partageaient pas mon avis, j’ai décidé unilatéralement de retirer cette requête en dépit de sa pertinence».

 

Cher Wambi, j’ai reçu de Me Prosper Farama une note informative dans laquelle il soutient n’être pas l’avocat de Simon Compaoré. Cette constitution avait étonné plus d’un. Mais Me Farama a mis les pendules à l’heure : «Nous tenons à vous aviser que cette constitution l’a été par inadvertance suite à la lecture de la longue liste des parties civiles (plus de 200) auprès desquelles nous sommes constitué». L’avocat a présenté ses excuses à Simon Compaoré pour «les désagréments que notre malencontreuse constitution à ses côtés a pu lui causer».

 

Enfin, pour terminer sur le dossier du putsch, je voudrais saluer les journalistes pour le travail qu’ils ont abattu lors de l’audience du 27 février malgré les difficiles conditions de travail qui ont été les leurs. La sécurité et le tribunal les ayant littéralement empêchés de faire leur boulot, il ne reste plus à espérer que le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, saura prendre les dispositions nécessaires pour faciliter la tâche aux médias en permettant qu’ils aient accès à la salle d’audience avec leur matériel de travail mais cela dans le strict respect de la législation qui interdit, une fois que l’audience débute, de faire fonctionner tout appareil de prise de vue ou de son. Lors des deux procès au tribunal militaire en 2017, le président avait permis à la presse de travailler, il est bon qu’il garde le cap sur cette voie sinon ce serait un recul de l’information dans notre pays.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

Organisation des peuples africains section Burkina (OPA-BF). C'est le nouveau parti porté sur les fonts baptismaux  le 21 février 2018 au cours d'un point de presse à Ouagadougou. Etaient face aux médias ce jour-là le président  dudit parti, Ambroise Farama, Ernest Compaoré, secrétaire général, et Mahamadi  Sawadogo,  responsable à la communication.  Mais ce dernier était loin de se douter  que vingt-quatre heures après cette sortie politique le ciel lui tomberait sur la tête : 

 

en effet le lendemain  22 février, il a été accueilli à son lieu de travail par une lettre de licenciement «pour insuffisance professionnelle». Sitôt remercié sitôt  tous ses droits versés en sus de la délivrance d’un  certificat de travail.

 

Faut-il donc voir une relation de cause à effet entre son engagement politique et sa révocation sans sommation de son poste d’agent de recouvrement au sein d’une cimenterie à Ouagadougou ?  

 

Mahamadi Sawadogo, qui a longtemps milité dans un parti sankariste aujourd’hui membre de la mouvance présidentielle, dit pourtant avoir obtenu le quitus de son employeur avant de migrer à l’OPA-BF sous réserve de continuer à s’acquitter convenablement de sa tâche.    

 

 

 

La grogne monte de nouveau au sein de la police, plus précisément dans les rangs de l’Unité d’intervention polyvalente de la Police nationale (UIP-PN). A l’origine de ce malaise, qui survient au moment où le Burkina Faso fait face à un péril sécuritaire sans précédent dans son histoire, d’une part, un assèchement des sources de ravitaillement en carburant et, d’autre part, les affectations au Nord, région en proie aux attaques répétées de groupes terroristes.

 

Dans le premier cas, la rupture du fuel serait liée au refus des fournisseurs de continuer à ravitailler l’UIP-PN qui cumulerait des arriérés de paiement. Mécontents, les éléments de cette unité d’élite de la police envisageraient une grève de protestation contre la hiérarchie qu’ils tiennent pour responsable de cette situation.

 

Des sources, contactées au sein de la police, disent en avoir entendu parler mais affirment qu’il n’en est absolument rien. Toutefois, pour ce qui est du second cas, elles confirment l’existence d’un mouvement d’humeur de CRS qui refusent d’être déployés au Nord où, depuis 2016, les attaques contre les civils et les éléments des forces de défense et de sécurité continuent de faire de nombreuses victimes. Ces poulets mouillés, si l’on ose l’expression,  sont plutôt constitués  de jeunes recrues, qui ont été enrôlées en masse et estiment que c’est plutôt les anciens que l’on devrait envoyer au casse-pipe, précise une source policière.   

 

 

 

Décès le mardi 27 février dernier à Bobo-Dioulasso de Raphaël Médah, un des tout premiers commis de l’Etat de la Haute-Volta indépendante. Ancien disciple de l’ENA de Paris, ancien fonctionnaire international (Banque mondiale), ancien ministre des Finances et du Commerce sous Maurice Yaméogo, il fut également le premier directeur autochtone de la BIV (Banque internationale des Voltas), ancêtre de l’actuelle UBA.

 

Après la veillée qui s’est déroulée mercredi nuit à Bobo-Dioulasso, le corps a été transféré à Dissin pour l’inhumation ce vendredi 2 mars. Il était âgé de 86 ans au moins.

 

 

 

Beaucoup l’auront sans doute remarqué, le Naaba Tanga de Gounghin sacrifie chaque année à la tradition le premier week-end  du mois de mars. 2018 n’échappera pas à ce rituel puisque, ce  samedi 03 mars, il offrira à ses ancêtres ce qu’il leur doit pour demander leur protection tant pour lui que pour ses sujets, à travers le « nabasga ». Un rendez-vous qui ne manquera pas de piquant tant les fusiliers vont rivaliser de détonations, à côté des réjouissances populaires,  l’accueil des amis et autres notabilités, etc. La fête se poursuivra le lendemain. Faites simplement le déplacement pour vivre l’événement qui ne se passe qu’une fois l’an.  

 

Le même samedi 3 mars aura lieu à Kouba, localité située à l’entrée de Koubri, la cérémonie de « Yii-Kienré » de Koub naaba Boulga.

 

 

 

Retrouvailles et ambiance à gogo le dimanche 4 mars à partir de 12h30 à Tuili. C’est ce jour en effet que se tiendra la cérémonie coutumière du « nabasga » de Son Excellence le Naaba Sigri, chef du canton de Tuili, Kansma du Zoundwéogo, intronisé le 26 juillet 2016 par Sa Majesté  le Moogh-Naaba Baongo.  

 

 

 

Journées fraternelles du « Bayiir daaré » ou retour aux sources les 3 et 4 mars  pour les ressortissants de Boussou, localité située à une cinquantaine de kilomètres de Gourcy dans le Zondoma. A cette occasion,  qui coïncide avec le dixième anniversaire de la paroisse Sainte-Bernadette Soubirous de Boussou, le curé de ladite paroisse vous convie à ces journées de retrouvailles qui seront marquées, entre autres, par une conférence, une célébration mariale, une soirée culturelle, une messe solennelle, un repas fraternel et un match de football.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 Passek Taalé

Dernière modification ledimanche, 04 mars 2018 19:25

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