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Une Lettre pour Laye : Des gendarmes parmi les interpellés ?

 

Cher Wambi,

 

Comme tu le sais, hier, la communauté internationale a célébré la Journée internationale de la femme. Cette année, c’est un 8-Mars au goût particulier au Pays des hommes intègres suite à la double attaque terroriste du 2 mars, perpétrée encore une fois par ces individus sans foi ni loi. L’exploit de ces criminels aura été d’ôter la vie à huit de nos soldats, endeuillant ainsi de nombreuses familles et tout un pays. Les victimes, que le Burkina tout entier pleure, ont été conduites à leur dernière demeure le mercredi 7 mars au cimetière municipal de Gounghin, où des hommages de la Nation leur ont été rendus.

 

 

Au regard de ces tristes événements, les autorités ont appelé les populations à la sobriété et au recueillement lors des différentes célébrations du 8-Mars.

 

Mais le danger de cette mesure, plus ou moins observée, est qu’elle laisse à chacun la liberté de dresser les limites de la sobriété.

 

En tout cas, je ne sais pas comment ça s’est passé là-bas, à Laye, mais à Ouaga, on a vu certains dresser des tentes pour certainement faire ripaille et peut-être même s’adonner à quelques pas de danse.

 

Etait-il alors utile de décréter une telle mesure même s’il n’y a pas eu de deuil national ?

 

Cela dit, cher cousin, cette attitude des Ouagalais à ne pas se terrer dans les domiciles, peut être perçue comme une forme de résistance et de résilience, car ce que veulent les terroristes c’est d’attenter à nos habitudes, à notre mode de vie. Et il ne faut surtout pas leur donner raison.  

 

 

 

Cher Wambi, cela fait une semaine que Ouagadougou a été de nouveau secouée par deux attaques terroristes. La première dirigée contre l’ambassade de France, et la seconde menée contre l’état-major général des armées. Au total, huit militaires burkinabè sont morts. Ils ont été enterrés mercredi dernier. Y ont péri également les huit assaillants, répartis en deux groupes d’assaut.

 

Hasard de calendrier où relation de cause à effet, le vendredi 2 mars, jour de la double attaque, correspondait à la date du  premier anniversaire de la création du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) que dirige le Malien Iyad Ag Ghali.   

 

Depuis cette journée horrible, on en sait un peu plus sur ces actions dont le mode opératoire laisse penser que les assaillants ont bénéficié de complicités internes au niveau de l’armée.

 

En tout cas, du côté des enquêteurs, cette hypothèse n’est pas écartée.

 

En effet, cher cousin, lors de sa conférence de presse du mardi 6 mars, le procureur du Faso, Maïza Sérémé, a fait état de l’interpellation  de huit personnes, dont deux militaires en activité et un ancien militaire radié en 2011.

 

Mais que faut-il entendre par « militaire » ? 

 

Si je pose la question, cher Wambi, c’est parce que, en plus de ceux qu’on appelle communément « bérets rouges », sont aussi des militaires : les membres de l’armée de l’air et ceux de la gendarmerie nationale.

 

Alors, d’où cette autre question : de quels militaires interpellés s’agit-il au juste ? 

 

J’imagine que tu te demandes où je veux en venir avec ces questions !

 

Eh bien sache, cher cousin, que selon une source très bien introduite, les « militaires en activité interpellés » seraient non seulement au nombre de trois, mais aussi et surtout ils seraient tous des gendarmes, dont un officier et deux sous-officiers supérieurs dont je tairais pour le moment les grades.

 

S’agissant du militaire radié, la même source m’informe qu’il a été relâché mercredi passé car le visionnage des images des caméras de surveillance de l’état-major général des armées a montré qu’il aurait combattu aux côtés des forces régulières lors de l’assaut.

 

Karian Zacharia, puisque c’est de lui qu’il s’agit ici, ancien conducteur au bureau de la garnison, radié des effectifs de l’armée lors de la mutinerie de 2011, s’était rendu ce jour-là à la SGBB pour une opération bancaire. De la banque, il se serait rendu à l’état-major, situé à un jet de pierre de là, pour rendre visite à un de ses « promos », comme on le dit dans le jargon militaire. C’est ainsi que dès le déclenchement de l’attaque, il n’a pas hésité à prêter main-forte à ses anciens frères d’armes en danger.

 

Si tout cela est avéré, cher Wambi, je me demande quelle marque de reconnaissance sera faite pour le « supplétif » de circonstance. Sera-t-il réintégré dans l’armée ou bénéficiera-t-il d’une tout autre forme de récompense ?

 

 

 

Cher cousin, pour terminer avec l’attaque contre l’état-major général des armées, j’ai aussi appris qu’une altercation a opposé les éléments de l’unité spéciale de la gendarmerie aux militaires du camp Guillaume. « Arrivés les premiers » sur le théâtre des opérations et parvenus à neutraliser les assaillants, ces derniers n’ont pas du tout aimé l’attitude des pandores leur enjoignant de quitter les lieux. Heureusement que cette guerre de police, aussi indécente qu’inopportune, a été vite circonscrite sinon ce serait le comble de se battre sitôt sortis d’un déluge… de feu.  

 

 

 

Cher Wambi, face aux attaques terroristes, des leaders religieux invitent les Burkinabè à la prière et au jeûne pour vaincre les forces du Mal. «Notre Kalachnikov de riposte, c’est prioritairement la prière et Dieu», dira à cet effet le cardinal Philippe Ouédraogo, archevêque métropolitain de Ouagadougou qui a délivré aux Burkinabè en général et aux catholiques en particulier, un message d’exhortation à la prière et au jeûne après la double attaque terroriste qui a frappé durement notre pays le 02 mars 2018, notamment l’état-major général des armées et l’ambassade de France.

 

Dans son message, le cardinal a prié pour «ceux qui ont perdu innocemment la vie lors des attaques et un prompt rétablissement aux blessés».

 

Face à cette violence inhumaine, le métropolitain a déclaré que «pour nous chrétiens, notre Kalachnikov de riposte, c’est prioritairement la prière de Dieu». C’est pourquoi les fidèles catholiques sont invités à se tourner vers le Seigneur dans la confiance et l’espérance. Ainsi, à la fin de chaque célébration eucharistique quotidienne, «nous reprendrons la prière pour la paix au Burkina Faso, après un Pater – trois ave Maria – le Gloria Patri. Nous offrirons le jeûne du vendredi et chaque chemin de croix du carême pour la paix. Nous ferons une neuvaine de prière à Notre Dame de Yagma, du lundi 12 au mercredi 21 mars, en récitant le chapelet chaque jour, en famille ou en CCB».

 

Outre les catholiques, la communauté évangélique du Burkina Faso s’engage également dans la prière pour la paix au Burkina Faso. La Fédération des églises et missions évangéliques (FEME) a, en effet, décrété un mois de jeûne et de prières qui va du 12 mars au 17 avril 2018. Selon un programme bien établi chacune des quatorze dénominations, à tour de rôle, observera, 48 heures de privation et d’intercession en faveur de la paix et de la cohésion sociale dans notre pays. Les Assemblées de Dieu commenceront ce 12 mars et l'Alliance des femmes évangéliques ainsi que l’Union des jeunes évangéliques boucleront la boucle respectivement du 13 au 14 et du 16 au 17 avril 2018.

 

 

 

Wambi, une autre affaire brûlante, le procès du putsch du général Diendéré. Commencée le 27 février 2018 dans la salle des Banquets de Ouaga 2000, l’audience aussitôt ouverte avait été bloquée au stade des préliminaires car les avocats de la défense avaient multiplié des obstacles juridiques : primo, les conseils avaient contesté la légalité du tribunal devant lequel comparaissaient leurs clients. Les accusés, selon leurs explications, avaient été appelés à comparaître devant la chambre de jugement du tribunal militaire. Or, depuis la modification du Code de justice militaire en juillet 2017 par l’Assemblée nationale, la chambre de jugement a été supprimée au profit de la chambre de première instance. Du coup, les avocats ont estimé que leurs clients ont été appelés devant une chambre supprimée, une juridiction inexistante. Ils avaient alors demandé au parquet militaire d’aller mieux se pourvoir ; secundo, un grief concernait le décret nommant le président du tribunal, Seydou Ouédraogo. Les avocats ont soutenu qu’ils se sont rendu compte que ledit décret a été publié au Journal officiel du Faso seulement le 22 février 2018. Ce décret étant un acte réglementaire, il n’entre en vigueur que 8 jours francs, c’est-à-dire 8 jours ouvrables, après sa publication. A l’ouverture du procès, les 8 jours n’étaient pas encore bouclés. Ainsi, les conseils de la défense avaient considéré, à la limite, Seydou Ouédraogo comme un président de séance au lieu d’un président de la chambre de première instance qui doit juger leurs clients.

 

Cher cousin, c’est donc sur ces entrefaites que l’audience avait été suspendue sine die et on se demandait bien quand est-ce qu’elle allait reprendre. Eh bien, selon des sources proches du dossier, le procès reprendra le mercredi 21 mars 2018. Sans nul doute que maintenant les obstacles préliminaires seront levés puisque les 8 jours francs seraient échus et que les nouvelles notifications préciseront certainement la dénomination «chambre de première instance » au lieu de «chambre de jugement ». Pourra-t-on enfin entrer dans le vif du sujet ? Pas si sûr, car une fois passée l’étape des préliminaires, il est fort à parier que les avocats vont soulever, à présent, des exceptions de procédures.    

 

 

 

Cher cousin, apparemment avec le 8-Mars, Tipoko l’Intrigante a la tête ailleurs si bien qu’elle n’a pas grand-chose dans son carnet secret.  Pour tout, voici ce qu’elle y a consigné :

 

 

 

- Ambiance festive et retrouvailles du côté de la zone de l’hippodrome de Ouagadougou demain samedi 10 mars.

 

En effet, c’est ce jour que sera célébrée la fête coutumière ou « Basga » du Wogdgo-Naaba Boulga. Rendez-vous à ne pas rater pour tous les amateurs de bonne bière de mil et de mets traditionnels.

 

 

 

- Du 15 au 18 mars 2018, se tient à Sissamba, dans la commune de Lâ-Toden, la 13e édition du festival Nuits du conte au village, « Wa tidsolem ». Au programme, des caravanes, des spectacles de conte, des ateliers d’initiation des enfants à la production du conte et d’autres activités de réjouissances populaires.

 

Tous et toutes, vous êtes donc massivement invités à faire le déplacement à Sissamba.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 11 mars 2018 21:57

Commentaires   

0 #2 Neilson 10-03-2018 19:28
Mr Karian a eu une opportunité de manifester sa loyauté à la nation, qu'il en soit remercié et récompensé; mais de la à vouloir le réintégrer, on risque de créer une situation qu'on ne pourra pas gérer. Maintenant nos pandores, ceux que les caméras mettent en cause, si leur implication est avérée, on peut sans l'ombre d'un doute affirmer que leur Général franc maçon est mouillé jusqu'à l'os et personne ne peut ôter de la tête des burkinabè, et même de ses militants et sympathisants de la NAFA, que le célèbre prisonnier de la maca , s'il y est encore, n'est pas le commanditaire des attaques que nous subissons. La suite nous dira...!
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0 #1 Megd 09-03-2018 10:53
Ce n'est pas un gendarme qui avait dénoncé Barry? Voici encore que des gendarmes soient soupçonnés dans l'attaque.

Hummm, dans ce Burkina, on verra tout ici. Quelqu'un se lève et vient directement vous dénoncer une personne qui s’apprête à faire un coup d'état. Vous partez arrêter l’intéressé et vous l'enfermez, mais vous laissez libre le dénonciateur. Depuis lors, il n'y a que des civiles aux profils qui prêtent à rire.

Je préfère encore l'ère Blaise Compaoré car à cette période, eux, ils te disaient directement ce qu'ils s'apprêtaient à te faire et si tu es malin, tu prends la "tangente".

Vous avez enfermé (Colonel Barry) un cerveau de la lutte contre le terrorisme.

Vous avez forcé à l'exil (Zida) une des boîte noires du système sécuritaire sous l'ère Compaoré.

Qu'est-ce que vous voulez au juste pour le bien de ce pays?

Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, nous savons tous où sont terrés les rats, mais au lieu d'aller les débusquer, on préfère les attendre.

Après cette récente attaque, nous aurons une accalmie de 3 à 6 mois et après, on recommencera encore avec le nord puis une ville du Burkina dans 1 ou 2 ans et ainsi de suite.
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