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Une lettre pour Laye : Bamogo, le cumulard qui ne veut pas lâcher prise

 

Cher Wambi,

 

Tu te demandes certainement où en sont les enquêtes sur la double attaque dont ont été victimes le vendredi 2 mars 2018 à Ouagadougou l’ambassade de France et l’état-major général des armées. Depuis la conférence de presse du procureur général, Maïza Sérémé, le mardi 7 dernier au cours de laquelle il a été fait cas de l’interpellation de huit personnes, dont trois hommes de tenue, aucune déclaration n’a été servie à l’opinion publique.

 

 

Autant trop de communication peut compromettre l’aboutissement d’une enquête, autant un trop long silence peut aussi avoir des effets pernicieux. Car la rumeur, comme la nature, a horreur du vide.

 

Et tiens-toi bien, cher cousin, c’est dans cette espèce d’omerta que la gendarmerie nationale a intimé l’ordre à Passek Taalé « de s’en tenir aux informations données par la Présidente du Pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme ».

 

Je veux bien me soumettre à cette injonction de la maréchaussée. Mais comment pourrais-je le faire sans transgresser un des principes sacro-saints du journalisme qui  commande, sur tout sujet, la diversification des sources ?

 

Parlant de sources, cher Wambi, dans sa livraison du 11 au 17 mars, notre confrère Jeune Afrique, qui a bu à des sources alternatives, dit quele maître d’œuvre de cette double attaque serait un certain Ayouri al-Battar. Membre du groupe salafiste Al-Mourabitoune (les Almoravides), il est déjà suspecté d’être derrière les attentats contre le Cappuccino et Splendid hôtel le 15 janvier 2016 à Ouagadougou, et Grand-Bassam le 13 mars de la même année.

 

Toujours selon l’hebdomadaire « J.A. », comme on l’appelle, ce terroriste arabe serait entré au Burkina Faso le 9 février en provenance du Mali. Même itinéraire pour les huit assaillants qui l’ont rejoint quelques jours plus tard. Mis au courant de cette infiltration en territoire burkinabè, nos services de renseignement auraient diffusé « une note d’alerte aux différentes forces de défense et de sécurité ». Depuis, le niveau de vigilance aurait été accru devant certaines institutions comme l’état-major général des armées, mais cela n’a pu empêcher les terroristes de toucher leurs cibles avant d’être tous abattus. Quant à Ayouri al-Battar, il se serait volatilisé. Est-il toujours sur le territoire national où l’a-t-il quitté comme il y était arrivé ?

 

Cher Wambi, comme tu le sais désormais, au terme de l’attaque terroriste du 2 mars dernier, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad ag Ghaly,  l’on déplore huit morts, tous des militaires. Parmi ces derniers, l’adjudant-chef major Louis Kiemdé et l’adjudant-chef Hyacinthe Ouédraogo.

 

Si je fais particulièrement mention de ces deux personnes tuées,  c’est parce que j’en sais un peu plus sur les circonstances de leur mort :

 

en effet, selon une source sécuritaire, l’adjudant-chef major Louis Kiemdé a été victime d’une fracture de la jambe en sautant du deuxième étage du bâtiment de l’état-major général des armées. Evacué d’urgence dans  une infirmerie militaire, il succombera par suite d’une complication survenue lors de l’intervention chirurgicale ;

 

quant à l’adjudant-chef Hyacinthe Ouédraogo, son corps aurait été retrouvé alors que sa main était encore serrée contre la caméra dont il se servait pour filmer les cérémonies militaires. Preuve, selon notre source,  que la mort a été subite et provoquée par une balle qui a atteint  la victime à la tête.

 

Ainsi donc, celui que nombre d’hommes de média appelaient « confrère » est tombé les armes à la main.   

 

Pour terminer sur l’attaque du 2 mars, cher Wambi, je dois t’avouer que lorsque je l’ai appris pour la première fois, je n’y ai pas du tout cru :  en effet, dans l’après-midi de ce vendredi sanglant, un monsieur, sachant que je suis journaliste,  est venu m’annoncer avoir vu un jeune qui se pavanait  avec une vareuse abandonnée par un militaire en fuite.  

 

Mais quel ne fut pas mon étonnement lorsque, quelques jours plus tard, un élément des forces de défense et de sécurité m’a confié que deux militaires, dont je tairai le corps, ont non seulement abandonné leur poste mais se sont également débarrassés de leurs tenues afin de se dissimuler parmi les civils en débandade au moment des tirs.

 

Les deux fuyards, qui ont été identifiés par la suite, auraient été publiquement sermonnés par leur grand chef lors d’un rassemblement.

 

Cher cousin, si la hiérarchie s’en tient à cela, il faut dire que les deux pleutres s’en sont tirés à bon compte, car leur comportement n’est ni plus ni moins qu’un cas de désertion en temps de guerre.

 

 

 

Cher Wambi, depuis longtemps, tu te fais le porte-parole des habitants du village qui te demandent ce que devient le marathon Ouaga-Laye initié par L’Observateur paalga en 2008 à l’occasion de son 35e anniversaire. Lancée pour symboliser la rubrique fétiche du vendredi, « Une lettre pour Laye », l’épreuve a connu cinq éditions entrecoupées pour diverses raisons, mais depuis 2014 elle ne s’est plus courue. Du coup, beaucoup de gens, à commencer par les athlètes, se demandent si cette discipline d’endurance est à bout de souffle  ou si elle recule pour …mieux courir.

 

Cher cousin, tout porte à croire que c’est cette seconde hypothèse qui prévaut. Comme on le sait en effet, depuis qu’il a jeté cette bouteille à la mer, ton oncle Nakibeogo a toujours espéré qu’elle serait récupérée  par la puissance publique, plus à même d’organiser une telle compétition qui devenait de plus en plus lourde à gérer pour un journal au fur et à mesure qu’elle grandissait et s’internationalisait.

 

Il faut croire qu’il a enfin été entendu : le maire de Ouaga, Armand Béouindé,  à qui l’idée avait été vendue, semble en effet disposé à « racheter » le Ouaga-Laye. Il a, de ce fait,  convié  les différentes parties prenantes au marathon à une réunion, peut-être celle de la résurrection en cette période de carême,  ce vendredi même à 9h à l’hôtel de Ville pour en étudier les modalités de «reprise». Je te tiendrai donc au courant, cher Wambi, de ce qui aura été décidé.

 

Cher Wambi, j’avoue que je me suis frotté les yeux à plusieurs reprises, croyant mal voir ce qui était pourtant bel et bien écrit en titre à la page 2 dans l’édition d’hier du journal de ton oncle Nakibeogo. Tiens-toi que, par ce temps de canicule où nos nerfs sont mis à rude épreuve et où on nous rationne le jus comme si nous étions dans l’ancien glacis soviétique, l’on nous promet que la SONABEL va exporter l’électricité à l’horizon 2020. Oui, tu as bien lu : exporter, pas importer ! Figure-toi que, le 14 mars dernier, la Banque africaine de développement et le gouvernement du Burkina Faso ont procédé à la signature d’un accord de financement du projet d’interconnexion électrique 330 Kv, qui passerait par le Nigeria, le Niger, le Bénin et le Burkina Faso. Selon le responsable de la BAD et le tout nouveau ministre de l’Energie, Bachir Ismaël Ouédraogo,  le coût moyen du KWh pourrait être réduit et fera de notre pays un exportateur d’énergie solaire à moyen terme.  Merci à ces messieurs et dames géniteurs de l’initiative, même si ces promesses tombent bien mal, les programmes de délestage faisant encore la une des médias. Que de gentillesse !

 

C’est bien d’avoir de la prospective et des ambitions, mais nous aurions applaudi à tout rompre si on nous avait annoncé l’autosuffisance énergétique dans les prochaines années ou le fonctionnement 24h/24 de la centrale solaire de Zagtouli, inaugurée  en grande pompe  mais non opérationnelle la nuit faute d’accumulateurs conséquents. Exportation d’électricité d’accord, autosuffisance énergétique d’abord. 

 

 

 

Cher cousin, je t’invite à présent à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

-Depuis le 30 août 2017, le maire MPP de l'arrondissement 9 de Ouagadougou, Albert Bamogo, suppléant de feu Salifou Diallo, a validé son mandat à l'Assemblée nationale, cumulant ainsi les charges de député et de maire. Une situation qui a du mal à passer au sein des militants du parti au pouvoir dudit arrondissement, lesquels lui enjoignent de céder son fauteuil de maire. Las de ne pas se faire entendre, des responsables locaux du MPP ont adressé cette semaine une lettre au président par intérim, Simon Compaoré, demandant son intervention urgente pour éviter que la crise, jusque-là latente, dégénère en « insurrection humiliante ».

 

Une rencontre tenue le mercredi 14 mars pour concilier les positions s'est même terminée en queue de poisson, le député-maire et un de ses adjoints à la  mairie ayant failli en venir aux mains.

 

Certains estiment que si Albert Bamogo s’obstine à vouloir s’asseoir sur le banc de l’Hémicycle et à tendre les jambes sur le fauteuil de maire, c’est qu’il est adossé à du roc, c’est-à-dire à des môgôs puissants.

 

Cette attitude du « yamb faan » (tout occuper) est d’autant plus incompréhensible qu’une directive, signée de Salif Diallo, interdit tout  cumul de mandats électifs  au MPP, renchérit une source interne au parti.    

 

Persuadés que sous la pression le suppléant de Salif finira par opter pour un retour à la mairie, des doigts surgissent déjà pour lui indiquer le chemin inverse. «Personne ne l’a contraint à succomber aux chants des sirènes du Parlement», dit-on déjà.  

 

 

 

-Centres d’éducation ou officines commerciales ? On est en droit de se poser cette question parlant de certains établissements d’enseignement privés de notre pays. Car, s’il en est qui essaient tant bien que mal de dispenser une éducation digne de ce nom aux apprenants, même à des conditions financières souvent hors de portée du citoyen lambda, il en existe malheureusement qui confondent allègrement établissements d’enseignement et boutiques. Non seulement leurs promoteurs n’ont pas les compétences requises en matière de gestion de tels lieux de recherche du savoir, mais aussi ils ignorent jusqu’aux droits et devoirs de l’employeur et de l’employé. C’est ainsi que d’aucuns cumulent plusieurs mois d’impayés de salaires alors que les parents d’élèves se sont acquittés de leurs obligations, sans penser un seul instant qu’ils doivent justifier leur attitude auprès des travailleurs, quel que soit leur statut. A cela s’ajoute cette pratique malsaine qui consiste à admettre en classe supérieure les recalés d’autres établissements, pourvu qu’ils disposent des frais de scolarité. Il va falloir que les ministères concernés mettent fin à ces pratiques qui n’honorent pas notre système éducatif.

 

 

 

-Le président de l’association des ressortissants des diocèses de Nouna et de Dédougou rappelle à tous les membres et sympathisants que la messe diocésaine mensuelle aura lieu le dimanche 18 mars 2018 à 10h 30 à la paroisse Jean-XXIII. Cette messe sera précédée d’une récollection à 8h sur le thème « Contempler la passion du Christ pour découvrir nos propres souffrances » et d’une séance de confession à 9h 30.

 

La récollection sera animée par les abbés Evariste Dakuyo et Barthélemy Zan et se poursuivra après la messe dans la cour de la paroisse.

 

 

 

-Ambiance festive et retrouvailles le dimanche 18 mars à Sincéné dans la commune de Toécé, province du Bazèga : c’est ce jour que sera célébrée la fête coutumière ou « nabaasga » de naaba Koutou de Sincéné, militaire à la retraite de la classe 1982.

 

Mets traditionnels et animations culturelles garantis et àne pas rater.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 18 mars 2018 15:10

Commentaires   

0 #1 Sergy 17-03-2018 07:39
Des militaires qui abandonnent leurs postes et ne font l'objet que de simples réprimandes de la part de la hiérarchie. C'est tout simplement un encouragement à la débandade. Et cela est inadmissible pour une armée digne de ce nom. Les gendarmes Nigériens qui se son avisés à cela ont été durement sanctionnés.
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