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Burundi : Communauté internationale, où es-tu ?

 

Bon gré mal gré, les Burundais se sont déplacés massivement aux urnes, hier 17 mai, pour le référendum constitutionnel. Un vote massif certes, mais sans engouement, car d’un, la participation aux opérations électorales est obligatoire dans le pays, de deux les Imbonerakure, les miliciens du parti au pouvoir, ont fait du porte-à-porte pour faire pression sur les électeurs hésitants à aller voter.

 

 

L’un dans l’autre, le taux de participation à cette consultation référendaire sera stratosphérique, en tout cas sans commune mesure avec la défiance des populations à l’égard d’un pouvoir qui s’est considérablement durci ces trois dernières années. La raison de cela, le président Pierre Nkurunziza a le vertige du trône. Il est comme infecté par le virus de la mégalomanie et se taille, avec cette nouvelle Constitution que les Burundais sont appelés à approuver sans vraiment la connaître, les pleins pouvoirs d’un despote illuminé.

 

Ce référendum au forceps s’apparente à un enterrement de première classe des accords de paix d’Arusha de 2000 qui avaient balisé le terrain d’un retour à la paix dans le pays, après une décennie de guerre civile, mais le pasteur-président  n’en a cure. Au contraire, il boit déjà  du petit lait à la victoire annoncée du oui, avec, comme cerise sur ce gâteau empoisonné, le plaisir de brandir un fort taux de participation à cette farce électorale.

Une farce aux grandes conséquences, car elle élargit davantage le fossé qui sépare la CNDD/FDD, parti au pouvoir, de son opposition politique. Or c’est sur la base d’un consensus difficilement obtenu entre tous les acteurs politiques du pays que le Burundi avait retrouvé la stabilité. Ce consensus rompu depuis que Pierre Nkurunziza s’est octroyé un troisième mandat présidentiel en 2015, la communauté internationale assiste impuissante à la dérive dictatoriale du pouvoir de Bujumbura dont l’avatar ultime est ce référendum unilatéral.

Rien d’étonnant alors que l’attaque sanglante du 13 mai dernier contre un village, dans la province de Cibitoke au nord-ouest du pays, par des assaillants non identifiés, ait été interprétée comme un signe annonciateur de la recrudescence de la violence politique dans le pays. Et jusqu'à quand, s’interroge-t-on, Nkurunziza et ses milices Imbonerakure pourront-ils maintenir la chape de plomb qui bouche le cratère de ce volcan social ?

 

En tout cas la communauté internationale est fortement interpelée, à commencer par les Etats d’Afrique de l’Est, en passant par l’Union africaine, jusqu’à l’Union européenne, parrains et garants des accords d’Arusha. L’impuissance de la communauté internationale devant l’outrecuidance de Pierre Nkurunziza à phagocyter la démocratie burundaise est inquiétante, voire désespérante pour tous les démocrates. En effet, le cas burundais est un cynique contre-exemple de la régression des acquis démocratiques sur le continent.

C’est pourquoi on aurait souhaité voir une communauté internationale plus ferme, plus engagée dans des actes concrets à même de  faire échec à la boulimie autocratique de Nkurunziza. Mais hélas, elle est totalement aphone et les timides mises en garde verbales de la cheffe de la diplomatie européenne ont eu l’effet d’un poids de duvet sur la carapace des sycophantes de Bujumbura.

 

Et pourtant, mieux vaut prévenir que guérir, car quand la situation au Burundi ira à vau-l’eau, c’est elle, la communauté internationale, qui sera de nouveau appelée à colmater les brèches. A bon entendeur…

 

 

Zéphirin Kpoda

Dernière modification ledimanche, 20 mai 2018 19:08

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