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Une Lettre pour Laye : Diendéré toujours en clinique

 

Cher Wambi,

 

Enfin Ouagadougou a reçu sa première bonne pluie d’hivernage dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2018. Cette  flotte de la semaine dernière a eu  comme effet bénéfique un adoucissement du temps, longtemps caniculaire dans la capitale.  Mais elle a provoqué par endroits d’importants dégâts matériels et même des pertes en vie humaine. C’est le cas au quartier Bassinko, à la sortie nord de la ville, où les inondations  ont emporté le pont qui relie la zone au centre-ville. Pire, on y a enregistré le décès par noyade de deux personnes dont un étudiant de 8e année de médecine et qui devait soutenir sa thèse de doctorat le 19 juin prochain. La fureur des résidents ne s’est pas fait attendre puisque le lendemain du drame, ils ont barricadé la RN2,  c’est-à-dire la route de Ouahigouya,  pour exiger la viabilisation de leur quartier. Pour le moment, je ne suis pas en mesure de te communiquer la quantité d’eau enregistrée au cours de cette nuit car pour des raisons de procédures administratives, les relevés pluviométriques des services de la météo de l’ASECNA ne me sont pas encore accessibles.

 

 

 

 

Cher Wambi, depuis maintenant deux semaines, le nord du pays vit au rythme d’enlèvements  de religieux. 

 

En effet, après la prise en otages du catéchiste Mathieu Sawadogo et de  son épouse  à Basnéré  le 21 mai dernier, les terroristes ont encore fait parler d'eux le dimanche 3 juin 2018 par  le kidnapping du pasteur Pierre Boena, responsable de  l’église locale de Belehoro,  des membres de sa famille et de quelques fidèles, soit au total  huit personnes enlevées  dans la soirée dominicale : le pasteur, sa belle-fille, son fils, deux de ses  petits-enfants, une fidèle et ses jumelles. Grâce aux renseignements de ton oncle Yoro,   je suis en mesure de te livrer l'identité  des otages : Boena Pierre (pasteur) ; Boéna David (le fils du pasteur) ; Sawadogo Ami (belle-fille); Ouédraogo Fasne-wendé (petite-fille) ; Sawadogo Pélagie (petite-fille); Sawadogo Pauline (une fidèle) ; Sawadogo Sanata (sœur  jumelle) ; Sawadogo Zoenabou (sœur jumelle).

 

Mais aux dernières nouvelles, j’ai appris qu’ils ont tous été libérés et remis aux autorités ecclésiastiques des Assemblées de Dieu du Mali. Selon une autre source bien introduite, les captifs seraient même déjà entre les mains de militaires burkinabè et pourraient avoir regagné Djibo au cours de la nuit d’hier.

 

 Auparavant, les ravisseurs ont permis à leurs otages d'appeler leurs proches pour leur confier qu'ils sont «en vie et mangent  même à leur faim, car traités avec bienveillance». Ils leur ont aussi confié que l’enlèvement vient en réponse aux  «exactions commises» contre des membres d’une  communauté dont je préfère taire le nom.  

 

 

 

Cher cousin, voici un scoop qui devrait réjouir l’opposition politique burkinabè : « Le vote de la diaspora à la présidentielle sera effectif  en 2020 ». C’est l’annonce faite par le ministre de l’Intégration africaine et des Burkinabè de l’étranger, Paul Robert Tiendrebéogo, lors de sa tournée en terre ivoirienne dont le compte rendu a été publié par «L’Obs.» dans sa livraison de jeudi dernier.

 

Si c’est un ministre de la République qui le dit, face aux personnes concernées, c’est qu’il a toutes les assurances que 2020 sera enfin la bonne.

 

C’est donc dire que Roch Marc Christian Kaboré, qui avait fait de la question du vote des Burkinabè de l’étranger une de ses promesses électorales, tiendra parole. Mais les conditions de la mise en œuvre de cet engagement du chef de l’Etat ne sont pas du goût de l’opposition, car jugées très restrictives.     

 

En effet, cher Wambi, l’article 52 de l’avant-projet de modification du Code électoral dispose : « Pour justifier son identité au niveau national ou à l’étranger, l’électeur produit la carte nationale d’identité du Burkina Faso en cours de validité.

 

La carte nationale d’identité du Burkina Faso est délivrée suivant les conditions fixées par la loi.

 

 

 

Pour les Burkinabè nés au Burkina Faso et résidant à l’étranger, la délivrance de la carte nationale d’identité est subordonnée à la présentation des pièces suivantes :

 

-        Un extrait d’acte de naissance délivré par une autorité compétente burkinabè ;

 

-        Un certificat de résidence délivré par les autorités compétentes du pays d’accueil ;

 

-        Un document attestant la preuve de son immatriculation à la représentation diplomatique du ressort de son lieu de résidence.

 

Pour les Burkinabè nés à l’extérieur et y résidant, la délivrance de la carte d’identité est subordonnée à la présentation des pièces suivantes :

 

-        Un extrait d’acte de naissance ;

 

-        Un certificat de résidence délivré par les autorités compétentes du pays d’accueil ;

 

-        Un document attestant la preuve de son immatriculation à la représentation diplomatique du ressort de son lieu de résidence.

 

En attendant que le nouveau Code électoral atterrisse dans les bureaux de l’Assemblée nationale pour examen et adoption, dans une lettre adressée au président du Faso dont nous vous proposons l’intégralité, le chef de file de l’opposition, Zéphirin Diabré, lui a fait part de ses préoccupations sur la non-prise en compte d’autres « documents avec lesquels les Burkinabè de l’étranger pourraient voter :

 

« Monsieur le Président,

 

Faisant suite à notre rencontre du 2  mai dernier, il me plaît, en réponse à votre demande, de vous exposer la position de l’Opposition sur les documents avec lesquels les Burkinabè de l’étranger pourraient voter, en ayant à l’esprit le souhait que vous avez formulé que la question de la nationalité soit prise en compte.

 

Il y a de notre point de vue trois (3) documents avec lesquels les Burkinabè de l’étranger devraient pouvoir voter :

 

-                La carte nationale d’identité burkinabè, qui atteste elle-même de la nationalité burkinabè ;

 

-                Le Passeport, qui porte déjà la mention « nationalité burkinabè », et qui est une preuve d’identité ;

 

-                La carte Consulaire qui est assimilée par l’Etat burkinabè à la CNIB. En effet, si l’on prend l’exemple de la carte consulaire délivrée à nos compatriotes vivant en Côte d’Ivoire, il est mentionné très clairement à son verso ce qui suit : « Recommandation : La présente carte délivrée aux résidents en Côte d’Ivoire, tient lieu de la Carte nationale d’identité burkinabè». Le caractère biométrique de cette carte n’est pas remis en cause. Elle comporte toutes les informations relatives à son titulaire (nom, prénom, date et lieu de naissance, taille, nom du père, nom de la mère, résidence, dates de naissance du père et de la mère, lieu de résidence, profession, etc.) Elle mentionne même le groupe sanguin.

 

La carte consulaire étant reconnue par l’Etat burkinabè comme étant une carte d’identité nationale burkinabè, elle satisfait donc aux conditions relatives au vote.

 

L’Opposition voudrait attirer votre haute attention sur les implications légales de toute décision qui tendrait à interdire à un titulaire de la carte consulaire de pouvoir voter à une élection où il est dit que le document requis est la carte d'identité. Dès lors que l’Etat burkinabè, délivrant la carte consulaire a écrit noir sur blanc que cette carte consulaire tient lieu de la Carte nationale d’identité, il ne peut plus exiger du titulaire d’une carte consulaire qu’il produise une autre CNIB. Sauf à se contredire et à bafouer un droit humain.

 

En espérant avoir répondu à votre attente, je vous prie, Monsieur le Président, de croire en l’expression de ma très haute considération.»

 

 

 

Zéphirin Diabré

 

 

 

Cher Wambi, sans nul doute que la salle des Banquets de Ouaga 2000 sera prise d’assaut le mardi 12 juin avec la reprise du procès du putsch manqué qui doit entrer à partir de cette date dans le vif du sujet.

 

« L’accusé-vedette, le général Gilbert Diendéré, sera-t-il de la partie ce jour-là ? » C’est la question que beaucoup de Burkinabè se posent depuis que le journal de ton oncle Nakibeuogo, dans son édition de lundi dernier, a annoncé l’évacuation samedi passé dans l’après-midi, du cerveau présumé du coup d’Etat échoué de septembre 2015, à la clinique du cœur de Ouaga 2000.

 

Selon une source proche du général, cette évacuation est due à une pneumonie et non à des problèmes cardiaques comme aurait pu laisser  croire le lieu de l’hospitalisation.

 

Jusqu’au moment où je bouclais la présente lettre, l’ancien patron de la garde prétorienne de Blaise Compaoré était toujours interné en clinique, même si je ne sais pas si c’est après un bref retour à sa cellule à la MACA. Il se porterait mieux, même si on ne sait pas encore s’il pourra oui ou non se présenter devant ses juges mardi prochain.

 

 

 

Cher Wambi, la tuerie de Gueno, village situé dans la province du Nahouri, t’en souviens-tu encore ?

 

Si tel n’est pas le cas, ce n’est pas de même du côté de la famille des Liliou et leurs alliés dont une dizaine de membres ont été massacrés à coups de machettes et de gourdins et des centaines d’autres contraints à l’exil en début mars 2012. A l’origine de ce bain de sang : une querelle de chefferie entre les deux clans rivaux qui pourtant ont vécu pendant longtemps dans la parfaite harmonie.

 

Au terme de l’instruction du dossier, plusieurs  personnes, notamment des membres du clan Akongba, dont leur « chef »,  ont été inculpés  pour « assassinats, coups et blessures volontaires, destructions volontaires de biens mobiliers et immobiliers par l’effet d’incendie ou de substances incendiaires, vols aggravés, abattages domestiques et sans nécessité, incitation et complicité d’incitation dans les faits précédemment cités ».

 

Quant au procès, il tarde encore à se tenir pour, dit-on, des questions d’intendance.

 

Six ans après l’horreur de Gueno, les parents des victimes s’en souviennent et réclament justice à travers cet appel :

 

 « Mars 2012 -  Mars 2018 : Voici maintenant six ans que les tueries et le pogrom de Gueno se sont produits. Triste anniversaire pour les Liliou et leurs alliés qui attendent toujours que la justice du Burkina leur dise pourquoi la quasi-totalité de leurs vieux (10) a été exterminée à la hache, à la machette et au feu !!

 

Qu’attend-on pour juger l’un des crimes les plus abominables jamais perpétrés au Burkina Faso ?

 

Des inculpés existent et l’instruction du dossier est terminée depuis environ un an !

 

Ce jugement tant attendu serait non seulement salutaire pour la paix  et la réconciliation dans ce village où les gens vivent et se meuvent depuis 2012 suivant des lignes rouges et vertes, mais aura un fort impact pédagogique sur toutes les populations rurales qui nourrissent de semblables instincts par ignorance de la portée des lois de la nation.

 

 L’impunité dans ces crimes odieux par contre, créerait un précédent extrêmement dangereux pour la paix sociale dans notre pays ! »

 

 

 

Les familles Liliou, Nasse, Abatankora,

 

Koumankem  et alliées

 

 

 

Cher Wambi, à présent je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

-S’achemine-t-on vers une fin d’année sans examen au BEPC à Youba, dans la province du Yatenga ? Selon une source  bien informée, les élèves de troisième de cette localité, soutenus par leurs parents, ont décidé de ne pas prendre part  à la conquête du premier diplôme du premier cycle. Ils entendent ainsi protester contre la suppression du centre de composition de Youba au profit d’Aorèma, toujours dans le Yatenga,  où ils doivent désormais se présenter pour le BEPC.

 

A travers cette décision de boycott, les élèves de Youba entendent « rendre justice à leur village » qui a disposé d’un établissement secondaire avant Aorèma.

 

 

 

-Longtemps annoncé, Wendkuni bank international a finalement et discrètement ouvert ses portes le 31 mai dernier dans la Zone d’activités commerciales et administratives (ZACA) de Ouagadougou. Une grande victoire donc pour son promoteur, Apollinaire Compaoré, par ailleurs patron, entre autres, du groupe Planor, qui a bataillé ferme pour que son rêve devienne réalité.  La grande cérémonie officielle de lancement a été différée jusqu’à la fin de la période du ramadan et plusieurs personnalités aussi bien du Burkina que de l’étranger sont attendues à cette occasion. 

 

Pour des raisons euphoniques et commerciales, la nouvelle banque devrait se faire connaître du grand public sous son acronyme WBI (lire : wébi) et bien sûr par la qualité de ses différents services.

 

 

 

-Vous avez dit «La Bénédiction» ? C’est plutôt le contraire  qui siérait en  parlant de cet établissement d’enseignement général (maternelle – primaire -  secondaire) du côté de Pissy, au regard de ce qui s’y passe. Plusieurs mois d’impayés de salaires pour les travailleurs ; les bulletins scolaires pris en otages, avec un fondateur qui a disparu dans la toundra après un bref séjour à la gendarmerie. De quoi donner du tournis tant aux parents qu’aux pauvres élèves, dont certains en classe d’examen. Et dire que le monsieur auteur de ces déboires n’en est pas à son coup d’essai du genre. Comment a-t-il pu avoir cette fameuse autorisation d’exercer  dans le milieu de l’éducation, lui dont on dit ne détenir aucun diplôme scolaire?

 

 

 

-Avec les grèves perlées au département des Finances, le ministre de l’Economie rassurait les usagers de ses services sur les mesures prises pour assurer le service continu. Mais sur le terrain, la situation est tout autre, tant les contribuables  ont de la  peine à s’acquitter de leurs taxes.

 

Hier en effet, à la Direction des Moyennes entreprises, tous ceux présents pour se soumettre à l’obligation de l’Impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) en ont eu pour leur civisme fiscal. Faute de collecteurs, le receveur était obligé de mettre lui-même la main à la pâte pour assurer le service.

 

Au regard de la lenteur du service, beaucoup n’ont pas hésité à tourner les talons. 

 

 

 

-Vraiment triste ce qu’on a appris à travers l’AIB en début de semaine. Lundi 4 juin, en route de Tikaré vers le CMA de Kongoussi avec une femme en travail, une ambulance  a percuté un arbre après avoir tenté d’éviter un enfant d’environ 5 ans.

 

La parturiente, transportée au centre de santé, sera finalement évacuée vers Ouagadougou suite à des complications. Malheureusement, la femme rendra l’âme sans pouvoir donner naissance. Triste sort pour une femme enceinte ! En allant donner vie, elle  a perdu sa vie ainsi que celle de son enfant parce que le chauffeur de l’ambulance a voulu épargner la vie d’un autre enfant. Que dire dans une telle situation ? Y a-t-il des responsabilités à situer face à un tel drame?

 

En pareilles circonstances, on ne peut que déplorer une double perte en vies humaines et compatir à la douleur d’une famille éplorée. Mais c’est le lieu d’inviter les usagers de la route, notamment dans les grandes villes, à toujours accorder la priorité qui est la leur aux ambulances dans la circulation. En effet, face à l’encombrement des voies associé à l’incivisme de certains usagers qui restent insensibles aux sons de gyrophare, les ambulances ont du mal à évacuer de toute urgence les patients. Peut-être que si la circulation était plus fluide, elles pourraient contribuer à sauver la vie de certains malades. 

 

 

 

-C’est effectif ! Le complexe du W-Arly-Pendjari est désormais inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Une victoire, pourrait-on dire, pour le tourisme africain, notamment celui du Burkina Faso, du Bénin et du Niger, puisque le fameux complexe est à équidistance entre ces trois pays d’Afrique de l’Ouest. Les représentants des Etats concernés dont le nôtre, le ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme, Abdoul Karim Sango, ont chacun officiellement reçu le 1er juin 2018, au siège de l’institution à Paris, le certificat relatif à cette inscription.

 

Le complexe du parc W-Arly-Pendjari, c’est en tout une superficie de 1 714 831 ha. Pour cette zone ouest-africaine, il est considéré comme l’espace le plus grand et le plus important continuum d’écosystème terrestre, semi-aquatiques et aquatiques.

 

On y rencontre en effet, pour le bonheur des yeux, la plus grande population d’éléphants, de lions et bien d’autres espèces en voie de disparition.

 

Avec cette décision de la plus haute importance, c’est sans doute une reconnaissance de la richesse des destinations touristiques de nos Etats, mais aussi, comme mentionné sur le certificat, l’identification d’une bande qui « consacre la valeur universelle exceptionnelle d’un bien culturel ou naturel afin qu’il soit protégé au  bénéfice de l’humanité».

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification lemardi, 19 juin 2018 20:13

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