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Une Lettre pour Laye : Vers la suspension du PCR Adama Sawadogo ?

 

Août, mois pluvieux par excellence, tire inexorablement à sa fin, laissant entrevoir ici et là des promesses de bonnes récoltes et j'espère qu'elles seront tenues à l'heure du bilan de la campagne. Car encore faut-il que les vannes du ciel s'ouvrent quelques semaines de plus sans interruption, surtout que la saison s'est installée un peu tardivement par endroits. C'est le cas par exemple du côté de Toussiana, entre Bobo et Banfora, où un de mes collègues a passé une partie de ses congés annuels. Et de retour, il se désolait, pour la raison sus-évoquée, de n'avoir pu m'apporter les primeurs comme le haricot rouge, le fonio ou le maïs qui sauvent bien des gens en cette période de soudure.

 

 

Malgré ce retard à l'allumage, m'a-t-il assuré, les champs ont fière allure et il y a de quoi être optimiste.

 

Cela dit, cher cousin, voici le relevé pluviométrique hebdomadaire de la période allant du jeudi 16 au mercredi 22 août 2018, que le service d'exploitation de la météorologie de l'ASECNA m'a fait parvenir :

 

Dori : 24,1 mm ; Ouahigouya : 59,1 mm ; Ouagadougou aéro : 42,8 mm ; Dédougou : 66,6 mm ; Fada N’Gourma : 58,7 mm ; Bobo-Dioulasso : 52,2 mm ; Boromo : 40,9 mm ; Pô : 67,1 mm ; Gaoua : 42,1 mm ; Bogandé : 49,9 mm

 

 

 

La situation sécuritaire de notre pays m’inquiète très sérieusement parce qu’elle ne cesse de se dégrader. Au début, c’était le Sahel et Ouagadougou qui étaient dans l’œil du cyclone. La capitale a été frappée à trois reprises tandis qu’on ne peut plus dénombrer les attaques perpétrées dans le Sahel burkinabè. D’importants moyens humains et matériels ont été déployés dans cette partie du territoire, ce qui semble avoir permis à nos Forces de défense et de sécurité (FDS) de reprendre un tant soit peu le terrain où les criminels étaient en train de se sanctuariser. Hélas, le cancer est en train de se métastaser. On a, en effet, l’impression que l’épicentre de la terreur est en train de se déplacer, ou du moins de s’étendre. Ainsi, de nombreuses attaques ont été signalées à l’est du pays contre des postes de police, de gendarmerie et d’Eaux et Forêts.

 

Et plus inquiétant, cher cousin, le mode opératoire des terroristes se diversifie si bien qu’il y a une escalade dans l’horreur. Si avant ils se contentaient d’ouvrir le feu sur leurs cibles, à présent, ils se plaisent à jouer aux artificiers en posant des pièges, notamment des charges explosives sur le chemin de nos forces de défense et de sécurité. C’est ce qui s’est passé le 18 août dernier dans la région de l’Est, sur l’axe Ougarou-Boungou, lorsqu’un véhicule d’escorte de la gendarmerie a sauté sur une mine. Bilan du drame : 5 gendarmes et 1 civil tués.

 

Alors qu’on n’avait même pas fini de pleurer ces victimes, on a appris le jour de la Tabaski la mort d’un douanier dans la zone de Batié, au sud-ouest de notre pays, lors d’une attaque menée par des individus non identifiés ; autre mauvaise nouvelle, dans un communiqué du ministère de la Sécurité, dans la nuit du 22 au 23 août, donc hier seulement, on a appris qu’une équipe du commissariat de police de Sollé a été attaquée sur l’axe Sollé-Titao par des individus non identifiés. Bilan : un policier tué.

 

C’est dire, cher cousin, que les accrochages armés sont légion entre nos FDS et les terroristes, qu’on désigne pudiquement par l’expression « individus armés non identifiés ».

 

Mais cette guerre dans laquelle le pays tout entier est engagé ne peut se mener sans l’implication des populations, qui sont les premiers bénéficiaires de la paix et de la sécurité. Cette implication devra se faire sous la forme de renseignements à fournir à nos hommes en tenue. Or, force est de constater que depuis les appels à la collaboration lancés sous le régime de la Transition pour traquer les bandits de grand chemin, on a l’impression que l’on prêche dans le désert sur ce plan. Serait-ce parce que les populations n’ont toujours pas confiance en nos militaires, gendarmes et policiers, qui ne protégeraient pas toujours suffisamment leurs sources ? On n’en sait rien. Certes, cher cousin, il faut convenir avec moi que de telles mesures ne se chantent pas sur tous les toits, si bien que je ne sais pas si le « modèle » de la Transition, qui accordait des récompenses aux personnes qui donnaient des renseignements concluants, est toujours en vigueur. Mais si ce n’est pas le cas, il est grand temps que l’on essaie de le remettre sur pied. C’est vrai, il ne faut pas omettre le fait que cet appel à la collaboration comporte un danger, celui de la délation à tous crins, mais il appartient à ceux qui sont formés pour cela de savoir faire le tri entre la bonne et la mauvaise info. Sans ce type de renseignement rétribué, il est évident que les Américains, après avoir envahi l’Irak en 2003, n’auraient jamais capturé Saddam Hussein. Mais ici il s’agit de notre vie à tous et de la survie de notre mère-patrie ; alors quoi de plus normal que le renseignement populaire tourne à plein régime ? Vivement que cet appel ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd.

 

Certes, pour sauver la patrie en danger, on ne devrait pas chercher à monnayer les précieuses informations qu’on détiendrait mais si les espèces sonnantes et trébuchantes peuvent aider certains de nos compatriotes à se décider…

 

 

 

Cher Wambi, comme on le prévoyait, on est embarqué pour de longs mois dans le procès du putsch manqué de septembre 2015. Si depuis l’ouverture de l’audience le 27 février 2018 on a ramé et galéré entre reports et déports, la machine judiciaire a fini par se mettre en marche définitivement à la fin du mois de mai dernier. Depuis, les accusés défilent, à tour de rôle, à la barre de la Chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou. A ce jour, presque un trimestre après le début de l’instruction à la barre, seulement une trentaine de personnes ont été entendues par les juges. On n’en est donc même pas encore à la moitié des accusés. C’est dire que le chemin est encore long, surtout que, jusque-là, aucun des deux généraux et des autres officiers en vue de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle n’a été auditionné.

 

Indéniablement, l’audition de ces derniers nécessitera  davantage de temps qu’il a fallu jusque-là pour entendre à la barre les « jeunes gens » et autres sous-fifres.

 

C’est dire, cher cousin, qu’il faudra être endurant, car à la fin des auditions des accusés, les témoins défileront à leur tour, et des confrontations pourraient avoir lieu entre accusés pour éclairer des zones d’ombre. C’est après tout cela que le procureur militaire va entamer ses réquisitions individuelles contre chacun des accusés, puis viendront les plaidoiries des avocats de la partie civile et DE ceux de la défense avant que le tribunal se retire pour délibérer.

 

Au vu de tout cela, le verdict de ce procès peut intervenir carrément à la fin de l’année, voire au début de l’an 2019. D’autant plus qu’une nouvelle pause pourrait intervenir d’ici là pour permettre au président Saïdou et à ses prestigieux convives de la salle des Banquets de Ouaga 2000 de souffler une fois de plus dans ce procès hors norme.

 

En attendant, à titre documentaire, cher Wambi, je te propose la liste des accusés qui ont déjà défilé à la barre à la date du 22 août 2018. Sauf erreur ou omission de ma part, cette liste se compose ainsi :

 

1.     Laoko Mohamed Zerbo, Sergent-chef

 

2.     Ollo Stanislas Silvère Pooda, Sergent

 

3.     Akowè Jean Florent Nion, Adjudant 

 

4.     Sami Dah, Caporal

 

5.     Amadou Ly, Soldat de 1re  classe

 

6.     Moussa Nébié dit Rambo, Adjudant-chef

 

7.     Kossè Ouékouri, Adjudant

 

8.     Eloi Badiel, Adjudant-chef major

 

9.     Roger Joachim Damagna Koussoubé,  Sergent-chef

 

10.    Boureima Zouré, Soldat de 1re  classe

 

11.    Ali Sanou, Sergent-chef

 

12.    Seydou Soulama, Militaire

 

13.    Adama Diallo, Sergent-chef

 

14.    Hamidou Drabo, Caporal

 

15.    Michel Birba, Adjudant

 

16.    Pascal Moukoro, Caporal

 

17.    Mahamadou Bouda, Sergent-chef

 

18.    Ardjouma Kambou, Sergent-chef

 

19.    Nobila Sawadogo, Sergent

 

20.    Abdoul Nafion Nébié, Caporal

 

21.    Médanimpo Lompo, Soldat de 1re  classe

 

22.    Touandaba Timboué, Caporal

 

23.    Hamado Zongo, Soldat de 1re  classe

 

24.    Yahaya Guiré, Sergent

 

25.    Gbondjaté Dibloni,  Adjudant-chef

 

26.    Salif Couldiaty,  Sergent

 

27.     Sidiki Ouattara, Soldat de 1re classe

 

28.    Daouda Beyon II Koné, Lieutenant

 

29.    Lawapan Placide Sow, Soldat de 1re classe

 

30.    Saïdou Lankoandé, Caporal

 

31.    Zoubélé Jean Martial Ouédraogo, Sergent

 

32.    Boué Siénimi Médard, Sergent.

 

A ceux-là il faut ajouter la huitième cohorte des accusés qui seront entendus à partir de ce vendredi matin. Il s’agit de : Boureima Zagré, lieutenant ; Lamoussa Badoum, sergent ; Hamidou Paguebelem, sergent ; Adama Kaboré, soldat de 1re classe ; Soumaïla Diessongo, caporal.

 

 

 

Cher cousin, tu as toujours en mémoire l’interpellation et la mise sous mandat de dépôt, le 22 mai 2018, du président du Conseil régional (PCR) du Centre-Nord, Adama Sawadogo, pour des faits de faux en écriture publique, d’abus de pouvoir et de complicité d’usurpation de titre et de fonction. Jouissant depuis le 28 juin d’une liberté provisoire, l’homme ne semble pas s’être tiré d’affaire malgré sa victoire lors du vote de la motion, cher cousin, contre sa personne qui a sanctionné la session extraordinaire tenue à huis clos le 10 août dernier. Ladite motion, cher cousin, avait été introduite le 3 août 2018 par 25 élus régionaux sur les 56 de la collectivité. Le PCR avait réussi à sauver son fauteuil grâce au soutien d’une majorité des élus. En effet, à l’issue du vote à bulletin secret, 34 conseillers régionaux lui avaient renouvelé leur confiance en votant contre la motion, 19 avaient voté « pour » et 2 s’étaient abstenus par des bulletins nuls. Même si au sortir de la session Adama Sawadogo avait déclaré à la presse avoir fait son mea culpa et demandé pardon aux élus pour tous les manquements qui lui sont reprochés, les initiateurs de la motion de défiance issus du MPP, majoritaire au conseil, n’entendaient pas se plier au verdict du vote. Bénéficiant, semble-t-il, du soutien des instances régionales et nationales de leur parti, ceux-ci sont en effet décidés à se battre pour obtenir la tête de l’incriminé, élu lui aussi sous la bannière du MPP. Cette situation de crise faisait dire à bon nombre d’analystes politiques du Centre-Nord que l’élu régional de la commune de Zimtanga (province du Bam) n’était pas sorti de l’auberge. Et les échos qui me parviennent, cher cousin, du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation semblent leur donner raison, car ils ne sont pas favorables à Adama Sawadogo. En rappel, suite à des écrits d’un certain Saint-Pierre Soulama sur les réseaux sociaux fustigeant sa gestion, une mission de l’inspection générale des services du département de Siméon Sawadogo avait fait un tour fin avril au siège du conseil régional implanté à Kaya. Selon les indiscrétions, le rapport de l’inspection est maintenant bouclé, et les recommandations tendent vers la suspension sans délai du PCR, Adama Sawadogo, de ses fonctions de président de la collectivité régionale.

 

Affaire donc à suivre !

 

 

 

Cher Wambi, je ne sais pas si ce sont les travaux champêtres qui occupent tant Tipoko l’Intrigante, car son carnet secret n’est pas bien garni. Voici les quelques éléments qu’elle y a consignés cette semaine.

 

 

 

- De nombreux invités venus au doua du 1er anniversaire de la mort de Salifou Diallo sont repartis avec un pincement au cœur. Au cours de son intervention, le successeur de Gorba au Perchoir, Alassane Bala Sakandé, a cru bien faire en remettant un million de FCFA au nom de son institution aux fidèles musulmans qui se sont déplacés sur les lieux. Comme s’il connaissait son petit monde, il s'est même voulu prévoyant en prévenant qu'il ne souhaitait pas que le partage de cette somme crée un quiproquo au sein de l'assistance  tout en  indiquant de faire en sorte que la répartition soit équitable, même si chacun  devrait bénéficier ne serait-ce que d'un centime. D’abord l'animateur de la cérémonie à qui l'argent a été remis a eu du mal à rétrocéder l’enveloppe à ses destinataires. De grandes figures à qui il a voulu remettre le don ont refusé de le prendre. Puis le  dignitaire qui a finalement reçu le pactole, visiblement des billets de 5000 FCFA, a commencé à le distribuer  sur-le-champ. Pressés de recevoir leur part, certains  ont alors quitté leur place pour rejoindre celui chargé du partage, créant un tohu-bohu indescriptible. Les appels au calme sont restés vains, et la cérémonie a pris fin sur une note de pagaille et de désolation devant ce spectacle indigne offert par certains éléments de la oummah qui ont donné l’impression qu’ils n’étaient pas venus prier pour le repos de l’âme du défunt mais plus pour les subsides qu’ils pouvaient tirer. Tout simplement honteux.  On ne sait  finalement pas comment le détenteur de la manne financière s'est tiré d'affaire avec cette foule agglutinée  autour de lui comme un essai d’abeilles.

 

 

 

- Le problème de la chefferie coutumière du canton de Konkistinga, né du fait que deux bonnets rouges se disputent le trône, serait-il  en voie de clarification et de normalisation ? C’est une question qu’on peut se poser après l’audience que le Mogho-Naba, l’empereur des Mossé, a accordée le 12 août dernier au Naaba Baongho de Konkistinga. De là à penser que c’est ce dernier qui détient la légitimité de la chefferie locale, il n’y a qu’un pas que ses partisans ont vite fait de franchir.

 

Il faut rappeler que l’autorité coutumière de Konkistinga se trouve dans la province du Boulkiemdé. Elle a pour capitale coutumière le village de Zoetgomdé et couvre les communes actuelles d’Ismagho, de Soa et de Pella.

 

 

 

- Qu’est-ce qui se passe finalement au service des visas de l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Ouagadougou ? Est-ce l’Ouragan Trump qui se fait sentir jusqu’en ces lieux ? Ce qui est sûr, ils sont de plus en plus nombreux les Burkinabè qui ont du mal à comprendre le fonctionnement de cette entité. Après la situation évoquée par M. Joseph Ouédraogo dans L’Observateur paalga du 12 juillet dernier relativement au refus, incompréhensible, selon lui, du visa étatsunien à son fils Thom, c’est un autre père de famille qui s’est présenté, hier 23 août 2018, à L’Obs. dans le but d’expliquer un cas d’annulation de visa. Marcelin Ouédraogo a pu obtenir le précieux sésame américain pour son garçon de 22 ans depuis 2016, mais Wendpouiré Yohan Ouédraogo n’ira tout de même pas flâner sur la Ve Avenue. En effet, dans la soirée du  31 juillet dernier, l’étudiant en Sciences économiques et de gestion a été recalé à l’aéroport international de Ouagadougou, sous le regard de ses parents et amis alors qu’il est détenteur d’un visa d’une durée de validité de 5 ans. «Pour moi, il ne pouvait pas y avoir de problème. Donc, je suis allé tout bonnement payer un billet d’avion et arrivé à l’aéroport, on le bloque en lui disant qu’il doit passer au préalable à l’ambassade des Etats-Unis. Le lendemain 1er août, nous nous sommes rendus là-bas et on nous a dit de revenir le vendredi 3. J’ai pris le soin d’amener tous les documents, c’est-à-dire toutes les pièces qui établissent des liens solides avec le pays de résidence du demandeur et garantissant son retour à l’issue du séjour. Je croyais que le service allait me les redemander mais ils ont posé quelques questions au petit avant de désactiver son visa. C’est ce que je n’ai pas compris jusque-là», a relaté Marcelin Ouédraogo, visiblement outré face à cette situation. Il a reçu, dans la foulée, une correspondance énumérant les motifs de cette révocation mais n’y a «toujours rien compris». Et comme pour corroborer l’adage selon lequel un malheur n’arrive jamais seul, le billet d’avion, acquis par ce responsable de société de transit, de BTP et fondateur d’un lycée privé, à 857 000 francs CFA auprès d’Air Maroc, n’est pas remboursable. Il est vrai que la délivrance ou le refus du visa relève du pouvoir discrétionnaire des ambassades et consulats qui ne sont même pas tenus de se justifier, mais il est des moments où leurs décisions, que ce soit ici à la représentation diplomatique de l’Oncle Sam ou ailleurs laissent songeur.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 26 août 2018 23:38

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