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Attaque gendarmerie de Djibo : Le deuxième pied de nez à nos FDS

Le jeudi 18 octobre 2018, en prélude à la célébration de la Journée nationale de la liberté de la presse sous le thème : « Terrorisme et accès à l’information », le ministre de la Communication et des Relations avec le Parlement, Rémis Fulgance Dandjinou, a rencontré les responsables des médias privés de Ouagadougou.

 

 

Ce jour-là, dans son adresse à l’auditoire, l’ancien présentateur vedette de la chaîne de télévision privée « Burkina Info » s’est livré à un véritable cours de journalisme  contre le non-journalisme auquel s’adonnent certaines rédactions dans le traitement de l’information liée au terrorisme.

Dans son admonestation, le ministre a regretté, entre autres, « les mots employés, les exemples cités et les images » qui, au lieu d’informer », servent plutôt à faire dans le « sensationnalisme ». Toutes choses, selon lui, qui « font le jeu des terroristes » et scient le moral de la troupe.

Dans la nuit du même jeudi, dans le Sahel burkinabè, la brigade territoriale de gendarmerie de Djibo a été la cible d’une attaque dont l’étrangeté laisse les Burkinabè perplexes, partagés entre incompréhension, interrogations et indignation.

Alors, quel traitement réserver à cet événement sans verser dans le « sensationnalisme », sans « faire le jeu des terroristes » ou sans « porter atteinte au moral des forces de défense et de sécurité » ? Question !

Quel regard porter sur cette attaque sans faire vomir les grands prêtres de l’éthique et de la déontologie qui gouvernent notre métier ? Requestion !

Certes, il faut avoir l’honnêteté de le reconnaître, certains comptes rendus sur les questions sécuritaires jurent avec les mesures de précaution requises en la matière.

Certes, encore, il arrive que les médias pèchent par l’emploi inapproprié de mots ou la diffusion inconvenante de certaines images.

Certes, enfin, il arrive que des journalistes fassent fi de la responsabilité sociale qui est la leur.

Mais ce n’est jamais de gaieté de cœur que les professionnels des médias relatent les malheurs de la nation, dénoncent les dysfonctionnements des institutions, brocardent les   trains qui n’arrivent pas à l’heure ou livrent une analyse sur une action terroriste, comme c’est le cas ici.

Trois jours seulement   après la sortie de notre ministre, revenir sur la préoccupante question sécuritaire relève tout simplement du funambulisme journalistique.

Tentons l’exercice.

Les faits pour commencer. Dans la nuit du jeudi 18 octobre dernier, pour la première fois, Djibo, dans le Soum,  a été le théâtre d’une action terroriste. La brigade territoriale de gendarmerie de la ville a été visée par une attaque à l’arme lourde menée par des individus non identifiés  (lire page 4).

Malgré « la résistance farouche des gendarmes, qui ont enregistré un blessé », selon un communiqué du ministère de la Sécurité, les assaillants sont parvenus à incendier le local et à réduire en cendres les véhicules, les engins et le matériel de bureau.

Et surtout, ils ont fait évader  « plusieurs présumés terroristes », comme l’a confirmé le même communiqué. Sauf erreur ou omission de notre part, c’est la première fois dans notre pays qu’une attaque se solde par la libération de terroristes.

Relation de cause à effet ou simple coïncidence, cette nuit d’enfer est intervenue quelques heures après l’arrivée à Ouagadougou du ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian. Visite au cours de laquelle il a inauguré la « Maison des jeunes talents » promise par son président, Emmanuel Macron, et évoqué avec le chef de l’Etat burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, des questions sur le terrorisme.

Selon les témoignages recueillis auprès d’habitants de Djibo et de sources sécuritaires anonymes, l’assaut a duré entre deux et trois heures. Plus grave, sans qu’aucun  renfort n’ait été envoyé pour prêter main-forte aux gendarmes, qui semblent avoir été abandonnés à leur sort.

Ont-ils, de guerre lasse, fini par abandonner leur position, laissant le champ libre aux assaillants qui ont eu tout le temps de libérer leurs comparses et de détruire tout sur leur passage ?

Si tel fut le cas, les pandores ne méritent aucun blâme. Ils n’ont fait qu’opérer un repli tactique, comme le recommande l’art de la guerre dans certaines situations.

Par contre, si c’est vrai que pendant tout le temps qu’a duré l’attaque, aucun appui n’a été apporté aux gendarmes en faction, il y a non-assistance à… frères d’armes en danger, et les responsabilités doivent être vite situées avec tout ce que cela impose comme sanctions.

En effet, comment comprendre qu’aucune force ne soit venue du Groupement des forces antiterroristes (GFAT), pourtant basé à quelque trois kilomètres de ladite brigade ?

Manque de moyens d’intervention ? Dysfonctionnement opérationnel dans la chaîne de commandement ? Laxisme au niveau des services de renseignement ? Crainte des mines artisanales devenues, depuis,  le joujou préféré des terroristes ?

Malgré l’interdiction de circuler la nuit en deux-roues dans les zones environnantes de Djibo, on se demande comment les assaillants ont pu les traverser allègrement sans que le bruit de leurs  engins ait éveillé les soupçons des autorités compétentes.

Franchement, il y a comme quelque chose de pourri dans notre dispositif sécuritaire. Et il est grand  temps que le chef suprême des armées donne de la voix afin de rassurer un tant soit peu les Burkinabè  dont le sang noir n’a que trop coulé ces trois dernières années.

Quand on sait que dans les localités où elles existent les brigades de gendarmerie sont censées être les lieux les plus sécurisés, les récents événements de Djibo sonnent comme un pied de nez fait à notre armée. En l’occurrence le deuxième du genre après celui qu’a constitué  l’attaque contre l’état-major général des armées le  vendredi 2 mars 2018.

Combien de temps encore ces terroristes se moqueront-ils de notre armée ?

 

La Rédaction

Dernière modification lemardi, 23 octobre 2018 16:47

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