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Une Lettre pour Laye : Pour qui se prend Rama la Slameuse ?

 

De Boussouma me viennent des nouvelles loin d’être réjouissantes. En effet, un parfum de fatwa contre l’ancien édile de la capitale du Royaume flotterait dans l’air. Il me revient que des notables auraient approché Issaka Isidore Ouédraogo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, pour lui suggérer avec insistance d’aller saluer le Dima dans le sens d’une opération de réconciliation pour une unité réelle de tous les fils du royaume. C’est un secret de Polichinelle que les deux hommes ne boivent pas dans la même calebasse depuis belle lurette ; une histoire alambiquée comme seules peuvent en produire les cours royales.

 

 

Comme tu ne le sais que trop, cher Wambi, entre princes régnants et princes prétendants, c’est bien souvent le «je t’aime moi non plus». Les guéguerres picrocholines prennent le dessus sur les grands enjeux. Dans le cas présent, l’ancien maire de Boussouma n’aurait vu aucun inconvénient à aller présenter ses respects au Boussouma et aurait tout juste demandé le temps d’en parler aux siens comme il se doit. Mais certains jeunes de la cour royale auraient mal pris cette demande de délai et exigeraient une exécution immédiate ou alors son expulsion pure et simple des limites du Royaume ! Oui tu as bien lu : ils menacent de l’expulser sans autre forme de procès !

 

Ce n’est pas tout, cher cousin, ils menaceraient même de brûler son domicile et celui de …Kadré Désiré Ouédraogo ! Que vient faire dans cette galère le nom de celui dont on parle de plus en plus de la candidature à l’élection présidentielle de 2020 ? me demanderas-tu certainement. Eh bien, il est tout simplement le frère cadet du mis en cause. Du coup, pour ton cousin de Ouagadougou, ceci explique directement cela : c’est la candidature de KDO qui est visée ! A-t-il raison ? Je ne saurais te répondre avec certitude ; sinon que c’est vraiment curieux que ce soit maintenant que cette affaire éclate ou du moins prend une telle proportion. Toujours est-il que certains y voient aussi une manœuvre du parti au pouvoir dont le RDS tendance Dima de Boussouma serait l’allié, pour plomber la candidature de KDO qui, assurément, peut faire mal. Tu te rappelles sans doute qu’il y a quelques semaines, le même Dima avait proprement défenestré François Ouinlassida Ouédraogo de la direction de son RDS parce que celui-ci critiquait les accointances du parti avec le pouvoir.

 

Pour moi, tout ce beau monde a intérêt à mettre balle à terre car nous sommes en république, et celle-ci a ses règles que nul ne peut prétendre ignorer ; en plus, l’utilisation projetée de la violence n’honore pas les différents acteurs, surtout que dans ce type de problème on sait comment ça commence mais jamais comment ça finit. N’avons-nous pas suffisamment de problèmes comme ça ?

 

 

 

Cher cousin, si les terroristes voulaient nous narguer, il n’y avait pas meilleur moment que celui-ci. Alors que pour le 58e anniversaire de notre « indépendance » on venait de défiler à Manga, exhibant notre force de frappe et nos moyens de toutes sortes, des individus armés non identifiés ont attaqué le poste de police de Bouroum Bouroum, commune située à 25 kilomètres de Gaoua, dans la nuit du 11-Décembre. Fort heureusement, on ne déplore que des dégâts matériels. Au regard de la situation sécuritaire de plus en plus préoccupante, certains se demandent si c’était pertinent que nos FDS, y compris nos unités spéciales, paradent alors que le pays est pris d’assaut sur plusieurs fronts, notamment à l’Est, au Nord, au Sahel et à l’Ouest. C’est vrai que la fête nationale participe au raffermissement des liens qui nous unissent, surtout en ces temps difficiles, mais est-ce que parfois il n’est pas mieux de faire profile bas ?

 

 

 

Cher Wambi, le marathon judiciaire qui dure depuis 2005 et oppose la Société d’études et de réalisation d’ouvrages hydrauliques (EROH) à United bank for Africa (UBA), ex- Banque internationale du Burkina, n’a toujours pas connu son épilogue. En rappel, la justice, dans ce dossier, a ordonné à UBA de payer au titre des dommages et intérêts une somme qui avoisine aujourd’hui sept milliards de francs CFA. Depuis le mois de mai 2018, cette affaire de gros sous refait couler beaucoup d’encre et de salive. En effet, le 2 juillet 2018, l’huissier de justice requis dans le cadre de la procédure de recouvrement forcée contre UBA a réquisitionné le commissariat de Baskuy pour cette opération. Fort de cette assistance de la sécurité, il s’est présenté à UBA pour les besoins de vérification et en vue du recollement. C’est lorsque l’huissier faisait la vérification que l’officier de police qui supervisait la sécurisation lui a fait comprendre que ses éléments devaient arrêter la mission et rejoindre le commissariat sur ordre de la hiérarchie.

 

Faute de sécurité, la mission de l’huissier n’est donc pas allée jusqu’au bout. Le 7 décembre, incapable de s’attacher les services de la puissance publique, comme le stipulent les textes, l’huissier a eu recours à une agence de sécurité privée, De Sarto pour ne pas la nommer, pour mettre sous scellés le siège de UBA. Pour cela, le chef de l’entreprise en question a été convoqué le 10 décembre et cuisiné de 16h à 19h. La fermeture de l’agence n’a d’ailleurs tenu que quelques jours. Actuellement, c’est le jeu du chat et de la souris puisque si les plaignants sont là, la banque, elle, est fermée et dès qu’ils tournent le dos, l’institution financière ouvre de nouveau ses portes. Jusqu’à quand cela va-t-il continuer ?

 

 

 

Cher Wambi, l’affaire a fait le buzz la semaine dernière mais je n’en crois toujours pas mes oreilles. Dans un enregistrement audio devenu viral sur les réseaux sociaux, on entend en effet Rasmata Diallo, dite Rama la Slameuse, se déchaîner littéralement sur un fonctionnaire de police qui a eu l’outrecuidance de l’arraisonner au croisement d’IAM Ouaga 2000. Morceaux choisis : « Quand je lui ai dit de ne pas partir avec ma carte grise, il fallait qu’il se rabaisse pour m’expliquer.

 

S’il se joue les gros dos parce qu’il est dans la tenue, qu’il sache qu’il y a des gens au-dessus de lui… Tu es trop petit pour m’emmener au commissariat.

 

S’il y a quelqu’un qui peut demander que tu sois muté dans la misère, c’est bien moi.

 

Est-ce que tu peux m’amener au commissariat ? Qui t’as donné ton wack ? Il faut descendre de ton nuage et te mettre avec les petites personnes de ton rang social.

 

Tu ne me verras pas au commissariat pour récupérer mes papiers mais ils vont me revenir.

 

T’es courageux deh !...  Vous êtes là, on vous tue au Sahel et…»

 

 

 

Cher cousin, je me suis souvent laissé aller à plaindre celle qui défraie régulièrement la chronique mais là, je me demande si elle ne souffre pas d’une phobie de la persécution. Je me pince encore pour être sûr que je ne rêve pas. On est où là ? Certes les altercations entre forces de l’ordre et usagers de la route sont monnaie courante  dans un pays qui doit battre le record du monde de l’incivisme (on a les exploits qu’on peut) mais que l’infraction soit attestée ou pas, mineure ou pas, avait-elle besoin de se foutre ainsi de la république par des propos outranciers à l’endroit des FDS qui payent depuis trois ans un lourd tribut à la lutte contre le terrorisme ? Quand bien même elle aurait raison, elle en perd tout le bénéfice après un tel délire psychotique. Pour qui se prend finalement cette starlette qui fait plus parler d’elle dans la rubrique des faits divers que pour ses œuvres artistiques ?

 

En tout cas, cher Wambi, elle commence vraiment à nous casser les pieds et les tympans – pour rester poli – et puisqu’elle demande de l’emprisonner pour qu’elle ait la paix, j’espère que son désir aura valeur d’ordre aux yeux de la justice. Jusqu’au moment où je t’écrivais cette lettre, la furie était toujours gardée à vue au commissariat  et si j’entends qu’un gourou est intervenu en sa faveur, n’gaow ! Ya n ya boin ?

 

 

 

Cher Wambi, avant de feuilleter avec toi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, je t’informe que j’ai reçu un droit de réponse suite à ma lettre de la semaine dernière où je te faisais cas de la fatwa de la Communauté musulmane du Burkina contre trois fidèles. Pour des raisons d’espace cependant (le texte aurait pris la moitié de ma missive hebdomadaire), les lecteurs de L’Observateur le liront en page 22.

 

 

 

Le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, va-t-il rapatrier un des deux bataillons burkinabè actuellement déployés au sein de la Minusma, la mission des Nations unies au Mali ? En tous cas, c’est ce que croit savoir La Lettre du continent dans son numéro 790 du 12 décembre 2018 : en effet, ce canard indique que le premier magistrat du Pays des hommes intègres, qui fait face à une dégradation continue de la situation sécuritaire dans le Nord et à l’Est, est en passe de le faire. Cette option était d’ailleurs, depuis plusieurs mois, plaidée en coulisses par les chancelleries occidentales, pour qui ce scénario permettrait au pays de ne pas se dépouiller de ses forces vives militaires. La LC, qui est dans le secret des dieux, ajoute même qu’une solution de remplacement aurait d’ores et déjà été trouvée pour compenser le départ du bataillon burkinabè, par un autre qui, lui, viendra de Côte d’Ivoire et sera composé de 450 hommes, équipés de 23 blindés. Cette substitution pourrait intervenir au deuxième trimestre de 2019. 

 

 

 

Il avait séjourné en tant qu’étudiant à Dijon dans les années 70-80 où il avait décroché son DESS en gestion ; quatre décennies plus tard, c’est en chef d’Etat que le président du Faso retourne dans la capitale mondiale de la moutarde. En marge de la visite officielle qu’il effectue du 16 au 18 décembre courant avec accueil symbolique dans la cour d’honneur des Invalides à Paris, il sera en effet fait docteur honoris causa de l’université de Bourgogne.

 

Il faut dire que, depuis les années 60, la filière dijonnaise est l’une des principales pour les étudiants voltaïques, puis burkinabè à l’image de Simon Compaoré, Nignan Moïse Traoré, Germain Nama et bien d’autres. Les plus anciens se rappellent sans doute aussi feu Ibrahim Sanogo (philosophe et inspecteur du second degré), Joseph Kaboré (le premier gynécologue de notre pays) Adolphe Benon (premier germaniste), Lazare Soré (SAP), homme d’affaires bien connu dans les milieux économiques ou encore un certain… Edouard Ouédraogo en 68-69. On imagine que 50 ans après, il ne serait pas fâché d’y retourner comme en pèlerinage et de dire bonjour au « Bien public », le quotidien local.       

 

 

 

A quelqu’un qui lui demandait pourquoi ils sont encore dans la rue, un élève a eu cette réponse la semaine dernière : « y a un de nos camarades qui manifestait l’année passée à Boussé et on l’a tué, c’est pourquoi nous demandons justice ». Le manifestant en question n’est autre que Flavien Nébié, mort il y a… 19 ans au plus fort de la crise née de l’assassinat de Norbert Zongo. Si on voulait encore avoir la preuve que ces vilains garnements qui ruent dans les brancards, poussés par on ne sait qui, ne savent pas toujours pourquoi  ils le font, la voilà.

 

Mais passe encore qu’ils décident d’organiser leur propre échec scolaire en débrayant pour un oui ou pour un non mais pendant combien de temps encore va-t-on tolérer qu’ils aillent perturber, à grand renfort de machettes, de marteaux et bien d’autres objets contondants, les cours de ceux qui veulent étudier,  sous prétexte d’une solidarité scolaire ? « L’enfant est le père de l’homme », disait William Wordsworth, et si on laisse ces diablotins grandir avec un tel état  d’esprit, ce sera la ruine de la nation. La puissance publique ne peut-elle pas trouver les moyens de les remettre dans le droit chemin, de les corriger, fût-ce à coups de matraque et de ceinturon comme les militaires l’ont fait justement l’an passé à Boussé et à Tita quand leurs convois ont été contrariés dans leur déploiement par des hordes d’indisciplinés ? Certains ne sont en fait que de vulgaires délinquants parés de la tenue scolaire qu’ils souillent par leurs méfaits. En tout cas si c’est ça l’avenir et le fer de lance de la patrie, comme on l’entend dans les discours vaseux, on est foutus.

 

 

 

Une association qui prône la tolérance en général et celle religieuse en particulier vient de naître. « Le Créateur que nous prions tous est le plus tolérant de …tous. S’il ne l’avait pas été, il n’aurait point admis l’existence de plusieurs religions ». Tel est le credo de cette organisation de la société civile (OSC), l’Association pour la tolérance religieuse et le dialogue interreligieux (ATR/DI). Elle se définit comme laïque, apolitique, et est présidée par le journaliste et chef traditionnel du village de Dawelgué, dans la commune de Saponé, Issaka Sourwèma à l’état civil. Cette nouvelle OSC a vu officiellement le jour le 30 novembre 2018, sous le n° N0000477501.

 

A l’évidence, elle vient à point nommé, au regard de l’extrémisme violent, du terrorisme prétendument islamique et des prosélytismes de toutes sortes dans lesquels vivent aujourd’hui les Burkinabè ; elle qui regroupe des fidèles de toutes les religions officiellement reconnues au Burkina Faso mais aussi des non-croyants. Il est  à souhaiter que ce ne soit pas une OSC de plus et que la volonté des fondateurs de cette association soit traduite en actes concrets dont les citoyens burkinabè pourront profiter des retombées.

 

 

 

Le Club des anciens du mouvement étudiant (CAME), c'est le nom d’une organisation qui sera portée sur les fonts baptismaux le samedi 15 décembre 2018 à partir de 10h dans la salle de conférences du Liptako Gourma. Ce lancement officiel sera ponctué par une déclaration solennelle ainsi que des témoignages sur les 52 jours de grève en 1996, la lutte pour la vérité dans l’affaire Norbert Zongo, l’invalidation de l’année universitaire en 2000, entre autres.

 

 

 

On ne sait pas si c’est la douceur du climat en cette période où la fièvre des fêtes de fin d’année qui en est la cause, mais le mois de décembre est celui que choisissent de nombreux couples pour convoler en justes noces et entamer ainsi du bon pied leur nouvelle vie avec tous les vœux de bonheur qui pleuvent à cette occasion. Même motivation ou pas, c’est en tout cas demain samedi à 10h 30 à l’hôtel de Ville de Ouaga que Dikoye Judicaël Rodrigue Kambiré et Safiatou Maryse Antonia vont se dire oui avant de partager le lunch d’honneur à 13h avec leurs invités à la salle des banquets de Ouaga 2000. La future nouvelle mariée n’est autre que la fille d’Adama Sawadogo, le directeur général des Douanes. L’histoire ne dit pas de quelle taxe l’heureux élu a dû s’acquitter avant d’enlever la précieuse «  marchandise » du gabelou en chef.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 16 décembre 2018 20:22

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