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Opérationnalisation du G5-Sahel ? : «Un peu de patience, s’il vous plaît !» (Maman Sambo Sidikou, Secrétaire permanent)

 

Pour baliser le terrain et préparer les dossiers en vue de la 5e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat du G5 Sahel, prévue pour le 5 février prochain, les experts sont réunis depuis hier 31 janvier 2019 dans la salle de Conférences de Ouaga 2000. Au préalable, ils devront soumettre les résultats de leurs travaux au Conseil des ministres des pays membres de l’instance, prévu pour le 3 février prochain. Vu l’importance du sujet, nous vous proposons un entretien avec le secrétaire permanent du G5 Sahel, le Nigérien Maman Sambo Sidikou.

 

 

A quand l’opérationnalisation du G5 Sahel, vu la montée du terrorisme au Burkina Faso ?

 

Nous sommes là-dessus. Il y a eu une réunion du comité de défense de la Force du G5 Sahel composé des différents chefs d’états-majors des différents pays et du commandant de la Force, il y a deux jours de cela à Niamey. Je pense que vous devriez être patients, d’autant plus qu’il y aura ici même une réunion des ministres de la Défense dans quelques jours. Tout cela permettra de préciser la question que vous avez posée sur l’opérationnalisation de la Force. Les choses sont en marche. Evidemment, pour réaliser une opération, il faut être au contact de l’ennemi, il faut ratisser et il faut aussi être auprès des populations. Il ne s’agit pas seulement de neutralisation Souvent les terroristes n’attendent pas. C’est dire que notre présence est nécessaire, et elle est en train d’être traduite au niveau des opérations.

 

2014-2019, cela fait un bail que le G5 Sahel a été créé, et le terrorisme prend de l’ampleur. Qu’est-ce qui se passe exactement ?

 

La faute n’est pas seulement au G5 Sahel. Le terrorisme est un fléau mondial qui est souvent insaisissable Moi, qui vous parle, j’ai été le chef de la mission de l’Union africaine en Somalie et j’ai aussi fait partie de la mission des Nations unies au Congo. Je sais donc de quoi je parle. Ce n’est pas au terrorisme en tant que tel auquel nous avons eu à faire, là-bas, mais à des groupuscules armés, un phénomène tout aussi insaisissable. Alors, on a besoin du soutien du monde entier et qu’on ne demande pas aux seuls pays du G5 Sahel, qui ont des moyens limités, de faire le travail des autres. Heureusement que le monde en est conscient et les soutiens arrivent. Les Etats-Unis sont avec nous et les Chinois se manifestent. C’est une question de mobilisation des ressources. Vous parlez de 2014-2019. Ça ne fait pas beaucoup d’années dans la mise en place d’une force opérationnelle de cette envergure. Je ne veux pas faire de comparaison, mais l’OTAN a pris combien de temps à être l’OTAN que l’on connaît?  Ce n’est pas une bonne comparaison, mais cela donne une idée de la réalité des choses.

 

Ce qui se passe actuellement, c’est qu’au moins notre force conjointe est composée d’officiers des cinq pays, qui travaillent ensemble, planifient ensemble et vont ensemble sur le terrain pour combattre l’ennemi. Et ce n’est pas négligeable. Le moment viendra où tout ce dont on parle sera un vieux souvenir. Et pour que ça aille vite, il faut que la force soit équipée comme il faut et que nous travaillions tous à mettre les moyens à sa disposition, avec le genre de spécialisation qu’il faut pour faire face à une guerre qui n’est pas classique. Je comprends l’impatience de nos populations, d’autant plus que c’est notre rôle premier de les défendre. Nous leur devons aussi protection par le développement. Faire de sorte qu’elles sentent que les Etats sont présents à leurs côtés. Et c’est pour cela que nous avons notre programme d’investissements prioritaires, qui a une grande composante sécurité de près de 400 millions d’euros.

 

Pouvez-vous aujourd’hui nous faire le point de la mobilisation des fonds alloués à la Force ?

 

En ce qui concerne le programme d’urgence, qui consiste à fournir de l’eau aux populations sur nos différentes frontières, je puis vous annoncer qu’il y a déjà 266 millions d’euros de mobilisés auprès de nos amis de l’Union européenne. Ce qui est appréciable. Pour les autres projets, nous sommes en phase de suivi, et le Conseil des ministres, qui se réunit le 3 février, va apprécier et valider le cadre que nous allons lui proposer. Les chefs d’Etat en parleront également et nous allons faire entrer cet argent très rapidement.

 

Il y a quelque chose que les terroristes ont réussi au Mali et ces derniers temps au Burkina : c’est de diviser les communautés entre elles. Avez-vous un plan de riposte pour éviter l’engrenage ?

 

Il s’agit d’un problème majeur que nous devons prendre en charge et rapidement. Le 21 janvier dernier à Niamey, il y a eu une conférence sur les relations entre les forces de sécurité, les populations et la justice, qui s’est penchée sur la question et a fait une déclaration. Et nous sommes tous d’accord qu’il faut faire un travail de sensibilisation et de cohésion sociale sur le terrain. D’ailleurs, le programme de développement d’urgence a une composante « Cohésion sociale » en plus de la fourniture d’eau. Il est indispensable que nous mettions cela en œuvre, tout en nous assurant qu’il n’y aura pas d’impunité lorsqu’il y a des cas de tueries. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un des facteurs les plus dangereux pour chacun de nos pays et toute la région. 

 

Propos recueillis par Issa K. Barry

 

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