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Une lettre pour Laye : Colère chez les VADS

 

Cher Wambi,

 

L’édition du journal de ton oncle Nakibeuogo datée du jeudi 19 décembre 2019 avait une charge, que dis-je, une symbolique particulière. En effet, il s’agissait du 10 000e  numéro de L’Observateur Paalga. C’est-à-dire que «cela fait 10 000 fois que les travailleurs du journal ont remis l’ouvrage sur le métier pour livrer chaque jour des informations générales sur notre pays, l’Afrique et le monde».

 

 

Atteindre cette barre est une prouesse en soi, car, sous nos tropiques africaines, ils ne sont pas nombreux, les journaux qui peuvent présenter leur 10 000e numéro. Et en réalité, n’eût été l’incendie criminel de son imprimerie suivi de l’interdiction de paraître durant sept longues années, c’est en 2012 que L’Observateur aurait dû célébrer l’événement d’hier.

 

En lieu et place de célébrations festives, le journal a plutôt opté d’offrir à ses lecteurs une édition, on va dire spéciale, avec une série d’articles retraçant son parcours afin de lever le voile sur L’Observateur d’hier à aujourd’hui. Ainsi, de l’évolution technologique du journal  aux ouvriers de la première heure en passant par les grandes plumes extérieures d’antan, L’Observateur s’est, comme on le dit, dévoilé à ses lecteurs.

 

Après qu’il a marqué le paysage médiatique burkinabè durant 46 ans, je considère que l’étape de la 10 000e  édition est une occasion d’un nouveau départ pour un journal multiplateforme avec des versions imprimée et digitale. Le voyage pour cette nouvelle aventure vient donc de démarrer et je ne peux que souhaiter bon vent au journal de Nakibeuogo.

 

 

 

Cher Wambi, ces derniers temps, on ne sait plus vraiment à quel pandore se vouer tant certains éléments de la gendarmerie, cette «Force humaine», s’illustrent négativement : il y a d’abord eu le cas de ce gendarme qui,  après avoir braqué une boutique OrangeMoney le 27 octobre 2019 dans le quartier Bilbalogho de Ouagadougou, a tiré, à bout portant, sur un monsieur qui se révélera être Wendbénédo Blaise René Nikièma, chargé de Communication de l’Association des investisseurs en trading. Ce dernier succombera à ses blessures le 31 octobre 2019. Fort heureusement ce «Django» de pandore sera appréhendé le 07 novembre et présenté au parquet de Ouagadougou le 18 du même mois. C’est ainsi qu’une information judiciaire à son encontre a été ouverte pour vols aggravés et assassinat.

 

Cher cousin, cette émotion n’était pas encore retombée que, dans la nuit du 03 décembre dernier, un autre gendarme était au cœur d’une ténébreuse affaire lubrique comme le soutiennent les uns mais en simple mission de renseignement comme l’a soutenu la maréchaussée. Toujours est-il qu’il y a eu mouvement de foule, qu’un jeune a été appréhendé et qu’au finish, suite à la pression populaire, il a fallu faire recours à une scie pour lui ôter les menottes et donc le libérer.

 

Et comme il n’y a jamais deux sans trois, cher Wambi, j’ai appris de bonnes sources qu’un pandore, maréchal des logis, serait actuellement au cœur d’un scandale à l’institution le Médiateur du Faso où il était affecté à la sécurité de Saran Sérémé. Selon les informations qui me sont parvenues, il aurait dérobé une carte de recharge de carburant d’une valeur de 2 millions 700 mille francs CFA. Et figure-toi, cher cousin, il a eu le temps d’effectuer plusieurs opérations avec cette carte volée.

 

Démasqué, le maréchal des logis s’est mis à table en avouant sa faute. Il a été relevé de son poste auprès du Médiateur du Faso et renvoyé à son service d’origine. Et c’est là, lorsqu’il a su qu’une procédure allait être engagée contre lui, qu’il a pris la poudre d’escampette. Depuis, il est activement recherché.

 

Aux dernières nouvelles, cher Wambi, j’ai appris qu’une femme gendarme est également mêlée à cette sombre affaire et qu’elle aussi serait en fuite.

 

Mais pour le péché d’un individu, il faut se garder de jeter l’anathème sur tout un corps. Cela est d’autant vrai qu’en l’espèce, dans le contexte sécuritaire d’aujourd’hui, la gendarmerie nationale mérite notre admiration et tout notre respect pour son remarquable engagement dans la lutte contre le terrorisme.

 

Mais, comme tu le sais bien, cher cousin, dans tous les corps militaires, paramilitaires et civils, il y a toujours des brebis galeuses qui s’illustrent par des comportements aux antipodes de l’éthique et de la déontologie qui encadrent leurs métiers.   

 

Mais cela dit, si 2,7 millions peuvent être soutirés sans qu’on s’en rende compte immédiatement, c’est qu’il y a véritablement problème. Ça montre, à souhait,  à quel point l’argent du contribuable est géré avec soin dans certaines de nos institutions. Mon œil !

 

 

 

Cher Wambi, tu te souviens du tollé général né suite à l’invitation si ce n’est, comme l’estiment certains, la convocation des chefs d’Etat du G5 Sahel par leur homologue français, Emmanuel Macron. Ce rendez-vous, initialement prévu pour le 16 décembre dernier à Pau, a finalement été reporté au 13 janvier 2020. Moins que l’initiative de cette rencontre, c’est plutôt le ton, un brin menaçant, avec lequel le locataire de l’Elysée a dit son désir de discuter avec ses pairs de la zone sahélienne qui choque.

 

Si donc la date de ce Sommet a été décalée suite à l’attaque du camp militaire d’Inates, qui a coûté la vie à 71 soldats nigériens, son ordre du jour reste quant à lui inchangé : clarification des positions des chefs d’Etat du G5 Sahel sur le sentiment anti-français en cours dans leurs pays respectifs.

 

Mais ce que tu ne sais pas, cher cousin, c’est que l’initiative du Sommet de Pau a été prise au cours d’un conseil de défense présidé par Macron deux jours après la morts de 13 soldats français lors de la collision de deux hélicoptères de l’opération Barkhane au Mali.

 

Selon l’hebdomadaire français «La Lettre du Continent», la rencontre entre le chef suprême des armées françaises et certains de ses généraux a décidé du retrait progressif des effectifs de l’opération Barkhane.

 

Toujours selon notre confrère hexagonal, la première étape de ce désengagement pourrait intervenir dès le deuxième semestre de 2020.

 

A terme, Paris compte sur l’arrivée de 400 éléments des forces spéciales européennes pour prendre le relais de Barkhane dans la lutte contre le terrorisme dans la zone du Liptako-Gourma.   

 

Mais cher Wambi, la question que je me pose, c’est de savoir si cette coalition militaire européenne pour le Sahel, appelée opération Takouba (Sabre en tamachek), aura les bonnes grâces de cette bien-pensance anti-impérialiste qui accuse à tort ou à raison l’armée française de pillage organisée et de complicité avec les djihadistes  dans ses zones d’intervention.

 

   

 

Comme tu sais, cher Wambi, chaque fin d’année a  ses cérémonies de distinction  honorifique sous la forme de baptêmes de rue ou de décorations dans les ordres nationaux.

 

Au titre, par exemple, des rues, et même si au niveau de la commune de Ouagadougou on observe une certaine pause, force est de constater qu’il y a eu souvent des oublis de la commission de toponymie qui s’en est chargée.

 

En guise d’exemple, on est étonné que, sauf erreur ou omission, une vénérable personne comme feu Laurent Bandoago n’ait pas la moindre ruelle dans la capitale après avoir été en son temps grand conseiller de l’AOF, puis président de l’Assemblée législative, aujourd’hui Assemblée nationale.

 

Idem pour feu François Dakouré, premier secrétaire général sur concours de la mairie de Ouagadougou, débarqué par Maurice Yaméogo en 1959 pour des raisons politiques alors que son poste est censé inamovible dans la tradition communale.

 

Pour l’anecdote, sache, cher cousin, que son limogeage est intervenu au même moment que celui de Joseph Ouédraogo, premier maire autochtone élu, donc en principe intouchable, mais adversaire politique intrépide de « Monsieur Maurice », quoique son condisciple au petit séminaire de Pabré.

 

Quant aux décorations, ce n’est pas toujours qu’on en comprend la logique et les critères.

 

Est-ce que tous ceux qui sont décorés méritent vraiment de l’être ? Est-ce que tous ceux qui le méritent vraiment sont toujours distingués ?

 

Cette double question fait des gorges chaudes à chaque 11-Décembre.

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

- On ne le sait que trop, les grandes manœuvres pour les élections de 2020 (si elles ont lieu) ont commencé, particulièrement au Congrès pour la démocratie et le progrès, où le choc des ambitions et la guerre de positionnement ont  eu raison de l’unité du parti. Et si un congrès, censé être celui de la réconciliation entre les différentes chapelles, s’est tenu le 7 décembre dernier pour rapporter les sanctions prises à l’encontre de certains grands militants, on ne peut pas dire que la fracture soit vraiment résorbée.

 

Le président Eddie Komboïgo en tout cas ne fait plus mystère de sa volonté d’être le porte-drapeau de l’ancien parti majoritaire à la prochaine présidentielle (le candidat du CDP devrait être choisi début 2020), même si ses opposants de l’intérieur continuent de voter l’ancien Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo dont la candidature est portée par le Mouvement « Agir ensemble ».

 

  L’enfant du Passoré  semble  ainsi être à la recherche d’une stature internationale qui lui ferait défaut selon ses contempteurs  et peaufinerait son programme. En effet, rapporte Jeune  Afrique  dans sa dernière livraison, Eddie a séjourné du 11 au 16 décembre à Paris où il a rencontré notamment des dirigeants de bureaux d’études spécialisés dans les stratégies de développement intervenant surtout dans les secteurs de l’énergie solaire, de l’agriculture ou de l’irrigation, question de perfectionner son programme. Puis il a été interviewé par TV5 et RFI. Si ce n’est pas être en précampagne…     

 

 

 

- Depuis 2013, ils sont visibles dans les artères de nos grandes villes, surtout aux intersections des voies et au niveau des feux tricolores, aidant à fluidifier la circulation en cas de besoin. Vous l’aurez sans doute deviné, il s’agit de nos bien utiles Volontaires assistants de sécurité (VADS), qui accompagnent nos forces de l’ordre dans leurs missions, en l’occurrence la police. Indubitablement, ils méritent respect, même si d’indécrottables inciviques leur rendent souvent la tâche ardue. Ils s’en contenteraient malgré tout si des coups bas ne leur étaient  pas joués au niveau de leurs encadreurs, dont certains sont passés maîtres dans le détournement de leurs maigres « salaires ». Passe encore que ces éléments voient leur contrat suspendu en cas de grossesse, mais que leur reprise soit conditionnée à la cession d’un mois de leur traitement est simplement une pure arnaque. Pas étonnant donc que la grogne commence à monter au sein de ces volontaires pour dénoncer ces pratiques qui n’honorent pas ce corps ô combien digne de respect qu’est la police, du moins dans certains pays. En tout cas, la hiérarchie se serait saisie du dossier et on est donc en droit d’en attendre des suites appropriées.

 

 

 

- Vient de paraître « Ma part de vérité », dont l’auteur n’est autre que l’ancien président Jean-Baptiste Ouédraogo.

 

Président du Conseil de salut du peuple (CSP) de novembre 1982 jusqu’à l’avènement de la révolution d’août de 1983, prisonnier politique à Pô de 1983 à 1986, directeur-fondateur de la clinique Notre-Dame de la Paix, il est donc un témoin privilégié d’une grande page de l’histoire politique de notre pays dont beaucoup attendaient sa part de vérité.

 

Riche de 254 pages, l’ouvrage a été préfacé par le Pr Jean-Marc Palm, historien de renom.

 

Vivement la dédicace qui pourrait intervenir en début 2020.

 

 

 

- Grandes retrouvailles traditionnelles, coutumières et familiales demain samedi 21 décembre à Boassa. Et pour cause.

 

Comme tous les derniers samedis avant Noël, le Naaba Boulga y célèbre son Baasga annuel.

 

Selon la coutume, c’est une fête d’offrandes aux mânes des ancêtres en guise de remerciement pour ce qu’ils ont accordé en matière de santé, de fertilité et surtout de fruits de la terre.

 

Le même samedi 21 décembre à partir de 10H30, sera décerné dans l’enceinte du collège privé Beoogneré de Bassinko le Prix d’excellence Patrick G. Ilboudo, édition 2019.

 

Rappelons que la promotrice de ce Prix n’est autre que Mme Olga S. Ilboudo/Ouédraogo, veuve de notre confrère Patrick G. Ilboudo.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 Passek Taalé

Dernière modification ledimanche, 22 décembre 2019 20:30

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