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Une lettre pour Laye : Héros ou martyrs ?

 

Cher Wambi,

Pas plus tard que lundi dernier, un de mes proches se félicitait de l’accalmie en matière d’attaques terroristes. Et moi de lui rétorquer de modérer son enthousiasme, car quand  les groupes extrémistes ne se font plus entendre, bien souvent c’est qu’ils sont en train de préparer un de ces coups fumants dont ils ont le funeste secret.

 

 

Je ne pensais pas si bien dire, même si je m’interdis de jouer aux oiseaux de mauvais augure.

 

En effet, le mardi 24 décembre, veille de la fête de Noël, l’écho du crépitement des armes venu d’Arbinda, dans le Soum, a soudain plongé le pays tout entier dans la stupeur.

 

Ce jour-là, dans la matinée, une horde de terroristes a lancé un assaut contre un détachement militaire.

 

C’est dire que dans cette guerre qui nous a été imposée, l’ennemi ne connaît pas la trêve des confiseurs, encore moins la trêve de Dieu. Celle-ci, imposée par l’Eglise catholique romaine durant l’Europe médiévale, obligeait les belligérants à observer une pause durant certaines périodes de l’année comme pendant tout l’Avent, la fête de Noël ou la période du Carême.

 

Mais qu’est-ce que tu veux, pour des gens qui se réclament prétendument de l’islam mais qui massacrent davantage durant le mois du Ramadan, comme ce fut le cas lors de la guerre civile d’Algérie durant les années 90, c’est trop que de leur demander de déposer les armes à l’occasion des fêtes religieuses.

 

Mais je reviens à ce qui vient de se passer à Arbinda pour dire qu’au terme d’un long et intense combat, les terroristes ont finalement été repoussés grâce à la bravoure de nos militaires sur place et à l’intervention d’un appui aérien.

 

Dans leur débâcle, les assaillants s’en sont lâchement pris à des populations civiles. Bilan de cet acte de représailles : 35 civils tués dont, tiens-toi bien cher cousin, 31 femmes. Les unes ont été froidement massacrées alors qu’elles étaient allées s’approvisionner en eau, et les autres abattues à domicile.    

 

Cher Wambi, passe que ces bandes armées attaquent nos Forces de défense et de sécurité. Mais liquider de pauvres femmes sans aucune défense, il n’y a pas pire abomination que cela. Et aucune conscience humaine ne saurait s’en vanter comme d’un acte héroïque.

 

Toutefois dans ce malheur qui endeuille la nation tout entière, il y a quand même des motifs de satisfaction, car nos FDS ont neutralisé, c’est-à-dire tué, 80 terroristes, saisi une centaine d’armes, une importante quantité de munitions et des engins.

 

Malheureusement, quatre militaires et trois gendarmes ont perdu la vie au cours de cette attaque.

 

Nous pleurons certes la mort de nos martyrs, mais savoir qu’un tel nombre d’assaillants a été refroidi, c’est vraiment réconfortant aussi bien pour les FDS que pour le reste de nos populations.

 

Alors, chapeau bas à nos soldats pour cette prouesse militaire qu’on ne cessera de redemander.

 

Au lendemain de cette attaque barbare, une mission gouvernementale s’est rendue à Arbinda pour encourager les hommes du détachement militaire et les populations civiles.

 

Cher cousin, au cours des échanges, francs, avec les militaires et les gendarmes, ceux-ci ont soulevé un certain nombre de préoccupations que le ministre de la Défense, Chériff Sy, a promis de régler avec diligence.

 

On ose espérer que cet engagement sera effectivement suivi d’effet et très rapidement.

 

Selon des confidences faites par le ministre, les FDS lui auraient confié un message demandant aux civils de leur témoigner tout le soutien moral dont ils besoin pour mener à bien cette lutte contre les hors-la-loi qui endeuillent la nation. 

 

Alors, M. le ministre, dites-leur que nous sommes avec eux.

 

Et c’est précisément parce que nous sommes avec eux qu’ils nous arrive parfois d’être durs avec eux pour les galvaniser davantage et durs avec les autorités politiques afin qu’elles leur apportent tous les moyens conséquents, car c’est à ce prix que la guerre sera gagnée.

 

 

 

Cher Wambi, en lieu et place des traditionnels feux d’artifice de fin d’année qu’elle a l’habitude d’organiser, la mairie de Ouagadougou a décidé d’illuminer le monument des Héros nationaux à Ouaga 2000. Cette illumination, qui vise à rendre hommage aux Forces de défense et de sécurité (FDS) tombées au front de la lutte contre le terrorisme, traduit la volonté des autorités communales de célébrer les fêtes de fin d’année dans la sobriété. Et on peut dire que cela tombe bien puisque le contexte sécuritaire national impose l’interdiction des feux d’artifice et autres pétards.

 

La cérémonie d’illumination de ce mémorial a eu lieu le 24 décembre dernier. Et tiens-toi bien, cher cousin, certains ont raté l’événement, car ils se sont pointés au monument des Martyrs, situé à Tampouy près du CMA Paul VI, alors que la cérémonie se déroulait à Ouaga 2000 en réalité.

 

En vérité, cher Wambi, il faut dire qu’à tous les coups, il y a des gens qui se trompent en prenant un monument pour l’autre. Qu’est-ce qu’un martyr ? Qu’est-ce qu’un héros ? Un martyr ne peut-il être un héros et vice versa ?

 

Tout cela pour te dire qu’un seul monument aurait suffi pour témoigner la reconnaissance de la patrie à ses héros et martyrs. Alors qu’il y a une confusion sur ces deux monuments, il faut croire que la construction prochaine d’un Panthéon, comme annoncée par le chef de l’Etat, viendra ajouter à la confusion. Et on sera bien embêté de savoir qui, des héros et des martyrs, aura droit au Panthéon.

 

Cela dit, cher cousin, quand tu seras de passage dans la capitale, tu pourras faire un détour du côté de Ouaga 2000 pour constater de visu cette très belle illumination. Mais fais vite puisque le dispositif d’illumination mis en place sera levé dès la fin de la première semaine de janvier 2020.

 

 

 

Cher Wambi, une grande affluence, des retrouvailles, de l’ambiance coutumière, religieuse et politique dans la cour royale de Ouagadougou. La raison de cela : le Naaba Baongo, chef suprême des Mossé, célèbre sa fête coutumière du Baasga demain samedi 28 décembre 2019.

 

Cher cousin, ne t’attends pas à avoir une carte d’invitation à cette occasion, car, comme à l’accoutumée, cette manifestation du Moro se déroulera dans la pure tradition moaga, en ce sens qu’elle ne sera pas annoncée à grand renfort de publicité, comme par la distribution de cartons d’invitation. Tous ceux qui savent s’en rendront compte par des signes connus des seuls initiés.

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, particulièrement maigre aujourd’hui. Je ne sais pas si tout cela est dû au dolo spécialement préparé par tante Tibila à l’occasion  de la fête de Noël. En tout cas ce que j’ai appris, c’est que Tipoko ne s’en est pas privée le moins du monde.

 

 

 

Suite à sa conférence de presse du 21 décembre dernier à l’université Joseph Ki-Zerbo au cours de laquelle il a tenu des propos franchement irrévérencieux à l’égard du chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, Kémi Séba a été placé en garde à vue de soixante-douze heures renouvelée de quarante-huit heures.

 

Finalement présenté au procureur, le Franco-Béninois a été entendu hier jeudi 26 décembre 2019 par le tribunal de grande instance de Ouagadougou dans le cadre d’une comparution immédiate.

 

Il était poursuivi pour « outrage au chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, et d’autres chefs d’Etat étrangers ».

 

Défendu par Me Prosper Farama, Kémi Séba a finalement été condamné à deux mois de prison et à 200 000 francs d’amende, le tout assorti de sursis.

 

A la sortie de la salle d’audience, il a été porté en triomphe par ses supporteurs avant d’affirmer que le procès l’a ragaillardi.

 

 

 

- Hier 26 décembre 2019, la chambre de première instance du tribunal militaire de Ouagadougou a instruit le procès sur les intérêts civils du putsch manqué de septembre 2015. En ce lendemain de la Nativité, les choses sont allées très vite du côté de la salle des banquets de Ouaga 2000.

 

Il ne pouvait en être autrement, la procédure étant essentiellement écrite, et les avocats de la défense ainsi que ceux de la partie civile ayant déclaré s’en tenir à leurs conclusions écrites et n’ayant, par conséquent, pas été loquaces dans leurs observations orales.

 

Pour sa part, le parquet militaire a requis le rejet de l’appel en garantie de l’Etat pour les réparations civiles. Ce faisant, il prend le contre-pied de la requête formulée par les avocats non seulement de la défense mais également de la partie civile. Mais les avocats de la défense ont fait remarquer que ce n’est pas le rôle du ministère public de se prononcer sur les intérêts civils.

 

Aux alentours de 12 heures, le président du tribunal, Seydou Ouédraogo, a mis fin à l’audience, qui reprendra le lundi 13 janvier 2020 avec à l’ordre du jour le verdict du volet des intérêts civils. Ce jour-là, on saura le quantum des dédommagements et qui doit casquer quoi.

 

 

 

- Les investisseurs en trading vont-ils enfin rentrer en possession de leur fonds qui avaient été gelés par le gouvernement et la justice ? En tout cas à en croire un communiqué de l’Association des investisseurs en trading (AIT) qui nous est parvenu, les autorités judiciaires et administratives ont consenti à un dégel des fonds. C’est ce qui ressort du document dont voici l’intégralité :

 

 

 

Chers coinvestisseurs,

 

J’ai l’honneur de vous informer que les pourparlers avec les autorités judiciaires ont pris fin ce jour jeudi 26 décembre 2019, et il a été décidé de ce qui suit :

 

- Les autorités judiciaires et administratives sont consentantes pour le dégel des comptes ainsi que le rapatriement des fonds en marge de la poursuite des procédures judiciaires. Cela dans l’optique de soulager l’ensemble des acteurs du trading qui ont enduré presque une année de souffrance ;

 

- Pour ce faire il a été demandé aux sociétés de déposer une demande de dégel dès demain par le biais de leurs avocats.

 

Les félicitations vont particulièrement à l’endroit des membres du BE, de la coordination des jeunes, des Amazones, des Personnes du 3e âge et de l’ensemble des coinvestisseurs.

 

 

 

Pour l’AIT, le chargé de communication

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 29 décembre 2019 21:52

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