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Justice ivoirienne : Quand Soro et Blé Goudé deviennent des compagnons d’infortune

20 ans de prison ferme par contumace, 10 ans de privation de ses droits, un mandat d’arrêt et 200 millions de francs CFA à verser aux victimes, telle est la peine prononcée hier par la justice ivoirienne contre l’ancien leader des Jeunes patriotes, Charles Blé Goudé.

 

Initialement prévu le 18 décembre, le procès avait finalement été reporté sine die après que l’avocat de l’accusé s’est pourvu en cassation contre l’arrêt de renvoi de la Chambre d’accusation de la Cour d’appel d’Abidjan qui avait décidé, courant novembre, de renvoyer le président de la COJEP devant les juges.

Pour son conseil en effet, la procédure  viole de façon flagrante les droits fondamentaux de son client, et même que le procès serait illégal. A l’évidence, il n’est pas parvenu à convaincre les magistrats.

L’ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo était, rappelons-le, poursuivi pour  actes de torture, d’homicide volontaire et de viol commis entre 2010-2011 pendant  la grave crise postélectorale qui a fait quelque 3 000 morts.

Deux ans après la condamnation le 18 janvier 2018, de l’enfant terrible de Mama, Laurent Gbagbo, à 20 ans de prison ferme pour le braquage de l’agence de la BCEAO ;  une semaine après le mandat international émis contre Guillaume Kigbafori Soro, au moment même où il revenait au bercail à l’issue d’un long séjour de 6 mois à l’étranger, voici une autre condamnation judiciaire qui devrait amener Blé Goudé à faire le deuil de ses ambitions politiques, même si lui affirmait récemment ne pas viser la présidentielle de 2020.

Quoi qu’il en soit, il faut croire que les destins de Soro et de Blé Goudé sont  intimement liés. Tour à tour responsable  de la puissante Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI), du temps où ils filaient le parfait amour, ils avaient fini par croiser le fer quand l’un était secrétaire général des Forces nouvelles après l’éclatement de la rébellion, le 19 septembre 2002, et l’autre, «  ministre  de la rue publique,  comme on l’avait surnommé dans la galaxie Gbagbo.  Les voici aujourd’hui compagnons d’infortune pour s’être opposés à Alassane Dramane Ouattara qui liquide, politiquement s’entend, les uns après les autres tous ceux qui se mettent en travers de son chemin, à moins que ce ne soit celui qu’il balise pour son dauphin putatif, le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly.

La justice ivoirienne dont le glaive tourne à plein régime semble ainsi se mettre au service de la volonté présidentielle.

Et le prochain sur la liste peut être Henri Konan Bédié, en rupture de ban comme Soro avec ADO et le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), après avoir été depuis 2010, le fidèle allié  du locataire du palais de Cocody.

Reste à savoir où vont mener tous ces tirs de barrage contre les adversaires politiques qui ne peuvent que rendre encore plus délétère un environnement politique déjà électrique à moins d’un an de l’élection.

C’est à croire que les 10 ans d’instabilité politique n’ont pas servi de leçon aux nouveaux maîtres d’Abidjan qui, petit à petit, réunissent les ingrédients d’une nouvelle déflagration aux conséquences imprévisibles et  dont personne n’a besoin. Pas plus sur les bords de la lagune Ebrié que dans les pays voisins.

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification ledimanche, 05 janvier 2020 14:13

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