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ADO ne briguera pas de 3e mandat : Si seulement ça pouvait inspirer Alpha Condé !

 

Rarement discours aura été autant attendu sur les bords de la lagune Ebrié. Et il y avait de quoi ! Le président Alassane Dramane Ouattara a en effet prononcé hier devant les deux chambres du Parlement, réunies en congrès à Yamoussoukro, une importante allocution annoncée depuis plusieurs jours. Une quarantaine de minutes de plaidoyer pro domo et d’autocongratulation sur les acquis, voire le miracle économique et les avancées démocratiques  enregistrés au cours de ses deux mandats qui s’achèvent dans quelque huit mois.

 

 

On ne retiendra cependant de cette adresse présidentielle que l’annonce solennelle d’ADO de ne pas être candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020. «J’ai décidé de transférer le pouvoir à une jeune génération. Je veux transférer le pouvoir d’un président démocratiquement élu à un autre pour la première fois de notre histoire », a-t-il en effet asséné devant une assemblée conquise.

 

Fin de la polémique et de la suspicion qui avaient entouré en 2016 l’adoption de la Constitution de la IIIe République ivoirienne, une suspicion alimentée par ADO lui-même, qui avait jusqu’à hier entretenu un flou artistique sur ses véritables intentions. N’a-t-il pas reconnu lui-même dans la capitale politique ivoirienne que «les révisions constitutionnelles suscitent souvent méfiance et suspicion ?»

 

Bravo donc à ADO d’avoir su résister à la tentation du 3e mandat. En annonçant qu’il ferait bientôt valoir ses droits à la retraite politique, il envoie en même temps un signal à Henri Konan Bédié et à Laurent Gbagbo, qui rêvaient chacun secrètement de prendre leur revanche. Ces trois personnalités, on ne le sait que trop, constituent depuis presque trois décennies le trio infernal qui a mis le pays d’Houphouët sens dessus-dessous au gré de leurs ambitions et de leurs combinaisons.

 

Mais ce que le locataire de la résidence présidentielle de Cocody ne dit pas, même s’il veut bien passer la main à une nouvelle génération, c’est qu’il n’entend pas remettre le témoin à n’importe qui, et surtout pas à son fils spirituel Guillaume Soro, dont les ambitions présidentielles ont été contrariées par ADO et ses fidèles et contraint aujourd’hui à l’exil après qu’un mandat d’arrêt a été délivré contre lui pour une ténébreuse histoire d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de détournement de deniers publics.

 

Avant de quitter la scène, le président Ouattara veut baliser au maximum le terrain pour le dauphin qu’il se sera choisi, probablement son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, fidèle de tous les temps qui, pense-t-il sans doute, saura bien garder le fauteuil et assurer ses arrières. A moins qu’il ne sorte un lapin de son chapeau, la météo politique étant si changeante sur les bords de la lagune Ebrié.

 

Quoi qu’il en soit, s’il y a un souhait à émettre au-delà de la Côte d’Ivoire, c’est que l’exemple d’Alassane Dramane Ouattara inspire beaucoup d’autres présidents sur le continent, à commencer par son voisin guinéen Alpha Condé, embarqué dans la voie sans issue d’un référendum constitutionnel dont l’objectif inavoué pour l’instant est de lui ouvrir la voie à un troisième mandat. Si donc seulement l’exemple ivoirien pouvait être contagieux du côté de Conakry, surtout que l’honneur serait toujours sauf pour le professeur, qui n’a pas encore dit de façon claire et nette que c’est à son propre profit qu’il veut modifier la loi fondamentale guinéenne.  

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 11 mars 2020 00:08

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