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Une Lettre pour Laye : On saura maintenant qui est vraiment société citoyenne

 

Cher Wambi,

 

Depuis la détection officielle des deux premiers cas au Burkina Faso le 9 mars dernier, le nombre de personnes touchées par la pandémie du coronavirus ne fait qu’augmenter, augmenter et augmenter chaque jour que Dieu fait. C’est te dire donc que le Covid-19, autre nom de la maladie, s’est installé et bien installé au « Pays des hommes intègres ». A la date d’hier jeudi 26 mars 2020, les autorités sanitaires ont enregistré 152 cas de contamination. 

 

 

Mais je crains fort que ces chiffres ne soient loin en deçà de la réalité, notre pays ne disposant que d’une structure capable de dépister le coronavirus : il s’agit du Centre Muraz situé à Bobo-Dioulasso, créé, tiens-toi bien, en 1939 avec pour vocation la prise en charge de la maladie du sommeil : d’où sa dénomination à l’époque de «Service général autonome de la maladie du sommeil » (SGAMS). C’est à partir de 1956 qu’il sera baptisé «Centre Muraz», en l’honneur de son premier directeur, le médecin-colonel Gaston Muraz.

 

C’est donc vers cette structure que tous les prélèvements sont acheminés pour analyse, et les résultats font l’objet d’un point de presse quotidien animé par le Pr Martial Ouédraogo, Coordonnateur national du comité de riposte à l’épidémie.

 

C’est le lieu pour moi, cher cousin, d’inviter tous les Burkinabè à féliciter toute l’équipe de la Coordination des opérations de réponse aux urgences sanitaires (CORUS) ainsi que l’ensemble du personnel soignant, qui se bat sans relâche contre la propagation du Covid-19 aussi bien au niveau de la prise en charge des malades que de celui du suivi dans la transparence de l’évolution de la pandémie.

 

Et j’ai été beaucoup intrigué d’apprendre que les hommes de médias, invités au point de presse du mercredi 25 mars dernier, sont repartis bredouilles, car les résultats des tests attendus n’étaient pas disponibles. Ce n’est qu’en fin de soirée que le Service d’information du gouvernement (SIG) a publié les données du jour dans un communiqué.

 

Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Quelles que soient les raisons de ce raté, si je puis m’exprimer ainsi, reconnaissons que ça ajoute à la psychose et traduit l’état de dénuement et toute la fragilité de notre système de santé. 

 

Il faut donc espérer que nos dirigeants sauront tirer tous les enseignements de cette situation créée par le virus en mettant un point d’honneur à améliorer en nombre et en qualité l’offre sanitaire.

 

Mais, cher Wambi, en attendant tout cela, sache que pour le moment la meilleure riposte à cette petite et méchante bête reste la prévention. Il ne faut donc pas te laisser séduire par tous ces marchands d’illusions qui font croire,  par exemple, que le dolo de Yempoaka, le citron, les fruits du Pingnenga ou des décoctions seraient des antidotes à ce mal. Non ! A ce jour, seul le respect des règles de précaution et des mesures de restriction de certaines activités peut aider à endiguer le mal en attendant un éventuel traitement ou vaccin.

 

Comme te l’a sans nul doute conseillé l’infirmier du village, lave-toi régulièrement les mains, et évite de les  tendre pour saluer quelqu’un. En sus, il faut tousser ou éternuer dans le pli du coude et ne plus cracher à terre.

 

C’est en respectant individuellement ces consignes que nous viendrons tous à bout du Covid-19, qui frappe sans considération de race, de sexe, de religion ni de situation sociale. La preuve, parmi les 152 cas répertoriés, on compte des ministres, de hauts responsables religieux, comme le couple pastoral Karambiri, et Mgr Séraphin Rouamba, archevêque émérite de Koupéla, ainsi qu’un diplomate en la personne de l’ambassadeur américain dans notre pays, Andrew Young, qui aurait été évacué vers les USA.

 

Par contre, cher cousin, je suis heureux de constater que, face au péril du coronavirus, un élan de solidarité nationale commence à prendre forme :

 

ainsi de bonnes volontés ne cessent de faire des gestes, des personnes physiques comme morales dont les noms méritent d’être cités ; exemples de l’entreprise EBOMAF, qui met sa clinique au service du ministère de la Santé, du Groupe CIMMETAL, qui offre gracieusement deux mois de sa production d’oxygène, de la Fondation Coris qui a offert un chèque de 200 millions au CORUS, de l’Assemblée nationale, qui a fait don de 250 combinaisons et de 2 000  masques aux autorités sanitaires, et de Kadré Désiré Ouédraogo qui a remis 2 millions au ministère de la Santé.

 

Cher Wambi, gageons que cette chaîne de solidarité s’allongera davantage avec l’apport d’autres grosses boîtes et institutions du pays comme les entreprises de téléphonie mobile, les sociétés minières, le secteur de la promotion immobilière, les banques et toutes sociétés commerciales qui brassent des milliards, parfois sur le dos des Burkinabè. Et pourquoi pas du simple citoyen, car, moins que le montant de la contribution, c’est le geste qui compte ; l’essentiel étant de participer, pour emprunter la devise olympique.

 

Comme quoi, c’est maintenant qu’on saura qui est vraiment société citoyenne.

 

 

 

Cher Wambi, toujours au sujet  du coronavirus, tu as sans nul doute appris que depuis hier jeudi 26 mars 2020 une trentaine de marchés et yaars de Ouagadougou sont censés être fermés.  

 

Je dis bien « censés être fermés », car le matin du jour même de l’entrée en vigueur de cette mesure du gouverneur de la région du Centre, en me rendant au service, j’ai aperçu des structures marchandes concernées par ladite mesure qui grouillaient de monde.

 

Cela illustre, si besoin était, que l’incivisme endémique qui s’est emparé du Burkina a la vie dure, même en période de pandémie grave.

 

Mais si j’en veux à tous ces esprits malins qui ne pensent qu’à leurs intérêts égoïstes et malsains, je rage davantage contre la puissance publique, si tant est qu’on puisse encore parler de puissance publique dans ce Burkina post-insurrection.

 

Si dans un pays les dirigeants ne peuvent pas se donner les moyens de faire respecter les décisions qu’ils prennent, alors qu’ils se gardent de les prendre. Sinon ce serait de la pure com et de la simple agitation stérile. 

 

Cher cousin, je te le dis et te le répète, je suis catastrophé de constater que, devant pareille situation, l’Etat fasse preuve de légèreté et d’impuissance.

 

S’il est incapable d’imposer une simple mesure de fermeture temporaire de marchés et yaars, qu’en serait-il si toutefois, au regard de la propagation du Covid-19, des mesures autrement plus drastiques devaient être prises ?

 

Loin de moi l’idée de faire l’apologie de la répression aveugle et systématique, mais, s’agissant de l’obéissance à des décisions qui touchent au destin collectif, on ne doit pas badiner avec les contrevenants.   

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante, particulièrement peu garni en ces temps de coronavirus.

 

 

 

- Que se passe-t-il au ministère des Transports ?

 

Des administrateurs du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC) nommés depuis le vendredi 6 septembre 2019 par le Conseil des ministres et qui devaient être installés par le Secrétaire général du ministère des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière, ne le sont pas jusqu’à ce jour. Ce faisant, les états financiers au 31 décembre 2018 ne sont pas encore arrêtés par le Conseil d’administration a fortiori adoptés par l’Assemblée générale ordinaire.

 

Le budget 2020 n’est pas non plus adopté. Pourtant, les états financiers au 31 décembre 2019 devraient bientôt être arrêtés par un Conseil d’administration qui n’est pas installé.

 

Que pensent les plus hautes autorités de cette situation illégale ainsi créée dans laquelle se trouve l’établissement ? Il urge en tout cas de prendre les dispositions adéquates pour le bon fonctionnement de la société.

 

 

 

- Depuis l'officialisation du premier cas de coronavirus dans notre pays, le 9 mars 2020, on a assisté à une accalmie sur le front du terrorisme au point que certains en ont vite conclu que les assoiffés de sang qui sèment la mort à tout-va se sont terrés par crainte d'être contaminés. Un organe de presse a même titré «Covid-19 : un allié inespéré contre le terrorisme». Alors qu'on était en train de se réjouir de ce répit caractérisé par l'absence d’attaques, voici de mauvaise nouvelle, d’abord, à Djibo le 19 mars 2020, deux individus armés ont assassiné l’interprète de la brigade territoriale de la ville et son fils policier municipal ; 

 

le 24 mars l'accalmie a encore été brisée dans  la province de la Komondjari, notamment à Foutouri où l'ancien maire, le chef traditionnel de Tankwoarou et un autre habitant de cette localité ont été tués ; dans la province du Bam, ensuite, précisément dans la commune de Bourzanga le village de Namsiguia, situé sur l'axe Kongoussi-Djibo, est au centre des inquiétudes car au cours de la semaine, cette localité a subi deux attaques en deux jours d'intervalle. Chacune s'est soldée par du vol du bétail et une prise d'otage.

 

Ces récentes actions terroristes nous rappellent que malgré la crise sanitaire, aussi grave soit-elle, nous ne devons pas baisser la garde sur le front sécuritaire.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 29 mars 2020 17:27

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