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Dette africaine : Si le virus de la solidarité pouvait être aussi contagieux…

 

«La France et l’Europe doivent aider l’Afrique en annulant massivement sa dette».

 

A la faveur de sa quatrième adresse solennelle à ses compatriotes depuis l’apparition du coronavirus, le président français, Emmanuel Macron, a eu ces mots de compassion et de solidarité à l’endroit du continent noir, dont il s’est fait, une fois de plus, l’avocat et le porte-parole.

 

 

Cette demande d’annulation de la dette avait été déjà faite par de nombreux Etats africains de même que par le souverain pontife, le pape François, lors de sa bénédiction urbi et orbi à l’occasion de la célébration de Pâques.

 

Il n’est pas jusqu’aux institutions de Bretton Woods, la Banque mondiale et le FMI, notamment, dont on connaît la mauvaise réputation sous nos tropiques, qui n’aient évoqué, dès mi-mars, cette impérieuse nécessité.

 

En réalité, la question de la dette africaine est aussi vieille que nos Etats, et de tout temps, des voix se sont élevées de la classe dirigeante, de l’intelligentsia et de la société civile pour demander aux créanciers de passer l’éponge sur l’ardoise de la dette des pays pauvres.

 

Une préoccupation plus que jamais lancinante avec cette pandémie de Covid-19 et ses effets désastreux sur les plans social et économique qui obligent les gouvernements de plusieurs pays africains, déjà impécunieux, à se saigner littéralement pour faire face à la riposte multidimensionnelle qu’induit cette pandémie. 

 

Pour se faire une idée du fardeau que constitue cette dette publique africaine, il convient de savoir qu’en l’espace de dix années, elle a doublé, atteignant de nos jours 365 milliards de dollars, dont 145 dus à la Chine (Etat et entreprises privées).

 

Rien que pour cette année, les 76 pays les plus pauvres du monde, parmi lesquels 40 sont en Afrique, doivent rembourser au total quelque trente-deux milliards de dollars. Et Paris a obtenu un moratoire des créanciers bilatéraux et privés portant sur vingt milliards de dollars.  

 

Pour des malades du coronavirus en détresse respiratoire, ce serait une véritable bouffée d’oxygène si la proposition macronienne venait à prospérer.

 

Hélas, on n’y est pas encore. Car en lieu et place d’une annulation pure et simple, la France a obtenu un moratoire du Club dit de Paris, qui regroupe les pays prêteurs et le G20.

 

C’est bon mais c’est pas arrivé, comme disent les petits commerçants de Ouagadougou qui broient du noir depuis la fermeture des marchés et yaars.

 

Les ministres africains des Finances espéraient une suspension de paiement portant sur quarante-quatre milliards de dollars. Mais contre un peu moins de la moitié de ce montant, c’est quand même déjà ça de gagné quand on sait que près de vingt pays africains sont considérés comme trop endettés et sept autres surendettés, à l’image de la RDC.   

 

Ça l’est d’autant plus que le service de la dette (remboursement d’une partie du capital plus les intérêts) contrarie nos politiques d’investissements structurants, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

 

Que ce soit un moratoire, un rééchelonnement ou une annulation totale ou partielle, c’est donc toujours de l’argent gagné pour les Etats africains débiteurs.

 

Encore faut-il que cette manne financière soit injectée là où il le faut vraiment. Particulièrement dans le domaine de la santé, dont toutes les failles ont été mises à nu avec la pandémie de Covid-19.

 

Alors, gageons que ce virus de la solidarité internationale re(parti) de Macron sera tout aussi contagieux que le coronavirus.

 

 

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 15 avril 2020 17:50

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