Décès «inopiné» de NKurunziza : Une mort qui émancipe Ndayishimiye
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C’est presque un hommage à titre posthume qui lui avait été rendu le 6 juin dernier par le CNDD-FDD et le président nouvellement élu, Evariste Ndayishimiye. Un véritable panégyrique à la gloire de celui dont on était loin de se douter que, trois jours plus tard, il passerait de vie à trépas de façon «inopinée» selon le communiqué officiel qui a annoncé hier le décès du président Pierre NKurunziza suite à «un arrêt cardiaque».
Etait-il lui aussi atteint de la covid 19, sa femme, Denise Bucumi, étant en soins depuis la semaine dernière dans un hôpital kenyan pour contamination au coronavirus selon certaines sources ?
Une chose est sûre, cette mort « inopinée », subite, brutale, qualifiez-la comme vous voulez, intrigue et interroge à la fois.
Celui qui disparaît à 55 ans a dirigé le Burundi d’une main de fer pendant une quinzaine d’années.
En effet, arrivé au sommet de l’Etat à la faveur de la présidentielle de 2005 consécutive aux Accords d’Arusha qui avaient mis fin à la longue guerre civile, l’ancien professeur d’éducation physique et sportive s’est vite lancé dans un exercice solitaire du pouvoir. Cet ancien rebelle, surnommé « Black Panther » pour l’intérêt qu’il portait aux luttes d’émancipation des Noirs américains, s’est mué en véritable satrape avec l’aide de ses sicaires « Imbonerakure ».
Opposants politiques, journalistes, activistes des droits de l’homme étaient ainsi systématiquement traqués, matraqués ou purement et simplement liquidés s’ils n’étaient pas contraints à l’exil.
En 2015, alors qu’il devait s’éclipser après deux mandats, cet amateur de football, qui avait fait arrêter deux hommes dont le seul crime de lèse-majesté était de n’avoir pas respecté les consignes interdisant de le tacler lors d’un match, violera toutes les règles qui pouvaient l’être pour s’offrir une prolongation indue.
Il n’aura pas le temps de jouer ce bonus jusqu’à la fin puisqu’il devait officiellement passer la main le 20 août prochain à son successeur, le général Evariste Ndayishimiye, l’héritier qu’il s’était choisi et qui vient de remporter la présidentielle contestée du 20 mai dernier.
Mais dans son malheur, on se demande si l’illustre « orphelin éploré », en son for intérieur, est aussi malheureux que cela : pour lui en effet, la disparition du mentor tombe à pic, si on ose le dire, dans la mesure où elle l’émancipe du coup de la tutelle pesante qui se profilait à l’horizon. Car, si le défunt avait choisi volontairement de céder la place, on voyait mal comment il pouvait ne pas tirer les ficelles de la marionnette qu’il venait de mettre sur scène. Un peu à l’image de Joseph Kabila en RDC voisine.
Voici donc le pantin libéré d’une emprise sans avoir rien fait, du moins on le suppose, qui devrait donc régner sans avoir à rendre compte à un maître.
La disparition « inopinée » du « Guide suprême éternel » ne sonne-t-elle pas comme une surprise providentielle ?
Alain Saint Robespierre
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