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Lutte contre le terrorisme au Sahel : L’arbre Droukdel ne doit pas cacher la forêt

 

Paris a vite fait d’y voir un signe de solidarité : pour sa première sortie hors d’Europe depuis l’apparition de la pandémie de covid 19, Emmanuel Macron se rend aujourd’hui à Nouakchott pour un sommet du G5 Sahel.

 

 

Une rencontre élargie  au président  de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, à la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo, au Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, et par vidéoconférence à la chancelière allemande, Angela Merkel, et au Premier ministre italien, Giuseppe Conte.

 

Le principal objectif de ce conclave, faire le bilan, six mois après, des décisions fortes qui avaient été prises le 13 janvier dernier à Pau.

 

La tension politico-diplomatique qui avait entouré  cette réunion des Pyrénées-Atlantiques a depuis baissé.

 

On se rappelle en effet qu’au regard de la recrudescence du sentiment antifrançais dans nombre de pays de la sous-région, le locataire de l’Elysée avait littéralement convoqué ses homologues, tel un sous-préfet de la Coloniale, les sommant sur un ton paternaliste de clarifier la position de leurs pays respectifs sur la présence des troupes françaises chez eux.

 

Une désinvolture fort peu diplomatique qui avait suscité une véritable levée de boucliers dans les opinions nationales et fait grincer les dents dans les palais présidentiels, notamment à Kosyam où Roch March Christian Kaboré ne s’en était pas caché.

 

La sérénité retrouvée, il s’agira donc dans la capitale mauritanienne de faire le point de l’application des mesures de Pau, notamment l’intensification des opérations militaires dans la zone dite des trois frontières.

 

Une accélération de la coordination de Barkhane et de la force conjointe du G5 Sahel aurait ainsi déjà permis de lancer plusieurs offensives et de neutraliser des centaines de combattants de l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), le groupe le plus actif.

 

De là à penser que l’EIGS a subi des « défaites irréversibles » comme le prétendent les officiels français, il y a sans doute un pas qu’il faut se garder de franchir. Carqu’elles s’appellent EIGS, AQMI, FLM, GSIM ou autres, ces succursales de la multinationale terroriste ont certes eu leur capacité de nuisance baissée, mais elle est encore très  loin de disparaître totalement.

 

Ce ne sont pas les populations du centre du Mali, du Centre-Nord, du Nord et de l’Est du Burkina qui diront le contraire, elles qui subissent sans discontinuer les assauts répétés de ces bandes de criminels qui ont juré la perte des Etats de cette bande sahélo-saharienne.

 

Pour tout dire, six mois après Pau, le bilan est pour le moins mitigé, nonobstant le trophée de choix brandi en début de mois par Barkhane qui a abattu avec les soutiens américains, et probablement algériens, Abdelmalek Droukdel, le leader d’AQMI.

 

Une œuvre de salubrité publique des troupes françaises, dont l’effectif a été récemment porté à 5 500, au regard des méfaits de cette peste, désormais éradiquée, même s’il faudra plus que la tête de Droukdel pour pacifier la sous-région.

 

Espérons que le renfort annoncé des forces spéciales de quelques pays européens de la force Takuba ainsi que l’envoi projeté de 3 000 hommes par l’Union africaine permettront de remporter des victoires plus décisives contre l’hydre tentaculaire. 

 

 

 

Hugues Richard Sama

 

Dernière modification lemardi, 30 juin 2020 23:38

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