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Une lettre pour Laye : Les putschistes maliens à Kosyam

Cher Wambi,

 Les vannes du ciel se sont grandement ouvertes la semaine du jeudi 20 au mercredi 26 août 2020 sur toute l’étendue du territoire comme en atteste le relevé pluviométrique hebdomadaire que m’a fait parvenir hier le centre météorologique  principal de l’ASECNA. Au cours de cette période, la plus petite quantité d’eau recueillie l’a été à Boromo (34, 2mm), et la plus importante à  Pô où s’est abattu un véritable déluge ces sept derniers jours avec 152, 2mm. Voici les détails par station :

 

-Dori : 86,6mm

-Ouahigouya : 50,1mm

-Ouagadougou aéro : 110, 8 mm

-Dédougou : 35,9 mm

-Fada Ngourma : 40,9 mm

-Bobo-Dioulasso : 77,1mm

-Boromo : 34,2 mm

-Pô : 152,2 mm

-Gaoua : 63 mm

-Bogandé : 53,8 mm

Cher Wambi, un mea culpa pour commencer. Dans ma dernière Lettre, j’ai commis un crime de lèse-majesté par inadvertance. En parlant de  Monique Yéli Kam, la première femme (jusqu’à présent) candidate à la présidentielle du 22 novembre prochain, j’ai rappelé les noms des nombreux prétendants hommes au fauteuil de Kosyam dont beaucoup se sont déjà fait investir par leur formation politique ou regroupement de partis. Mais en les citant, j’ai omis Kadré Désiré Ouédraogo du Mouvement  « Agir ensemble pour le Burkina ». Ce n’est pourtant pas le moins connu des prétendants, mais j’ai beau avoir lu et relu ma missive avant de te l’expédier, rien n’y a fait. Et il n’en fallait pas plus pour qu’on s’en émeuve dans l’état-major de « l’oublié » et qu’on cherche à comprendre ce qui s’est passé.

Il faut dire, cher cousin, que dans ce milieu politique où tous, qu’on soit du pouvoir ou de l’opposition, souffrent du syndrome de la  persécution, les procès d’intention pour ne pas dire en sorcellerie sont si vite arrivés. C’est pourquoi, après avoir expliqué à l’équipe KDO que c’était juste un banal oubli et rien de bien méchant, je me dépêche de battre ma coulpe urbi et orbi pour clore l’incident.

Cher Wambi, est-on en train d’assister à un concours professionnel « à la mode CNSS » à la Société nationale burkinabè d’électricité (Sonabel) ? En attendant que les premiers responsables de la boîte  nous édifient sur cette  affaire, j’ai pu glaner quelques informations pour toi. En effet, à l’issue d’un test organisé le 19 juin 2020 pour recruter à l’interne des agents de technique, des opérateurs de manœuvres de réseau… 73 candidats ont été déclarés  admis le 7 août 2020 sans  le traditionnel sceau de précaution « sous réserve de contrôle approfondi ».

Quelque deux semaines après,  l’administration sort une seconde note pour annuler les résultats au motif de vouloir faire un « contrôle approfondi ». Mais la raison est qu’il y a eu des ajournés qui estiment qu’ils devaient être admis et qui ont amené l’administration à reconsidérer  sa décision. Sur quoi se sont-ils basés pour faire cette réclamation ? Mystère et boule de gomme.  Après les fameux « vérifications et contrôles approfondis », une nouvelle liste des admis aux cinq concours professionnels est affichée le lundi 24 août dans l’après-midi. Curieusement,  sur les 73 candidats qui avaient déjà fêté leur admission à la première proclamation,  61 n’y  figurent plus. Et  avant de  publier cette nouvelle liste d’admis qui divise et interroge, il a été demandé  aux directeurs des sections concernées par les  tests  de rencontrer leurs agents disqualifiés pour  faire passer la nouvelle  donne qui, à l’évidence, reste en travers de la gorge de ceux qui n’ont pas survécu à l’essorage du labo.  Et on peut les comprendre au regard de ce méli-mélo qui cristallise toutes les suspicions et pourrait pourrir le climat social à la nationale d’électricité dont on espère qu’elle fera toute la lumière là-dessus.  Il faut donc espérer qu’il n’  y ait pas de  mics-macs suspects dans cette affaire alors que le dossier sur les petits arrangements entre copains et coquins à la Caisse nationale de sécurité sociale est toujours pendant en justice. 

Cher Wambi, par ces temps qui courent, il faut bien attirer l’attention des jeunes du village qui raffolent des Smartphones de seconde main comme on le dit. Comme tu le sais,  dans le village ce type de téléphone qu’on dit ‘’pânrga’’ ou  haut de gamme si tu veux est aussi prisé par les jeunes que par les voleurs qui les arrachent des mains de leurs propriétaires par tous les moyens et les revendent à vil prix. Donc acquérir un portable de seconde main c’est toujours à ses risques et périls.

Un jeune Ouagalais l’a appris à ses dépens le week-end écoulé. En effet, le vendredi 21 août 2020, Benjamin, prénom d’emprunt, était assis dans son salon quand son portable sonna. Au bout du fil, un agent de  sécurité. « Connaissez-vous Dieudonné ?», a-t-il demandé après s’être présenté. Une interrogation à laquelle Benjamin a répondu par l’affirmative tout en précisant que  c’était son fils. Après ce bref échange le père est  sommé de se présenter immédiatement à la brigade avant qu’on ne vienne le chercher manu militari. Benjamin n’en saura pas plus puisqu’on lui rétorqua qu’une fois à la brigade il serait mieux renseigné. Ni son fils et encore moins  lui ne savaient ce qui leur arrivait.

C’est une fois à la brigade qu’ils auront le fin mot de l’histoire :  vol de portable , le nom de l’abonné étant celui de Dieudonné et le numéro de téléphone de la personne à prévenir en cas de besoin, celui de  son géniteur. Interrogé, Dieudonné nie ne pas être la personne qui a introduit la puce dans le portable volé, mais reconnaît avoir donné une puce à son ami, Ali, qui l’utilise. Convoqué à son tour, celui-ci reconnaît avoir effectivement introduit sa carte SIM dans un téléphone portable de seconde main qu’il voulait acheter avec un vendeur ambulant. Après l’essai, il n’a pu acquérir la marchandise, et le revendeur est reparti avec son bien. Ce qu’il ignorait, c’est que le système d’alerte avait déjà fait son travail en envoyant un message à qui de droit. Après ces explications plutôt convaincantes, les trois convoqués sont autorisés à repartir en attendant la suite.

Mais une fois arrivé chez lui, Benjamin, choqué par l’événement et surtout la manière donc il a été convoqué, a fait un AVC dans la même soirée. Hospitalisé dans un premier temps au CHU Yalgadou Ouédraogo, il poursuit ses soins dans une clinique. Aux dernières nouvelles, il commence à retrouveer ses esprits et ses membres supérieurs d’un côté paralysés. Comme vous voyez, ce n’est  ni Ali qui utilise la carte SIM, ni son ami Dieudonné qui a l’abonnement, mais  voilà que son père qui ignorait tout se retrouve sur un lit d’hôpital. Donc faites attention avec les prêts ou les dons des cartes SIM de téléphones avec vos identités à la source. Prenez aussi des précautions avant d’acquérir un téléphone de seconde main. Tout en reconnaissant les efforts des forces de sécurité pour leur travail remarquable de tous les jours,  reconnais sans que la manière dont l’élément convoqua monsieur Benjamin est quand même déplorable.

 

Cher Wambi, avant de te laisser parcourir les éléments que Tipoko l’intrigante a consignés cette semaine dans son précieux carnet, au moment où je fermais l’enveloppe, j’ai appris qu’une délégation du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP), qui a déposé le mardi 18 août dernier le président Ibrahim Boubacar Keita, est arrivé hier à Ouagadougou. Les envoyés de la junte  , avec à leur tête le colonel-major Malick Diaw, sont venus s’entretenir avec le président du Faso à la veille du sommet extraordinaire de la CEDEAO convoqué aujourd’hui pour se pencher de nouveau sur la crise malienne.  Je te rappelle que, le jeudi 20 août dernier, lors du dernier sommet virtuel, le président du Faso était de ceux qui ont adopté une position pragmatique et réaliste au sujet des derniers développements, à la différence de chefs d’Etat comme l’Ivoirien Alassane Ouattara et le Guinéen Alpha Condé, les partisans d’une ligne dure vis-à-vis des putschistes. Et ces derniers, on l’imagine, doivent en savoir gré au locataire de Kosyam.

 

- Dès qu’il était question de FERDINAND, le vocable constituait en lui-même une identité suffisamment remarquable pour renvoyer tout de suite à cet homme longiligne à la réputation architypée dans tous les milieux de Ouagadougou, des plus humbles aux plus huppés.

Le trisyllabe « FERDINAND » collait tellement à sa légende que même ces condisciples de l’école primaire de la Salle dans les années 50 en étaient venus jusqu’à oublier qu’il était né Issaka Ouédraogo.

Mais ce n’est pas seulement au Faso qu’il était connu, que non ! Sous le label de « PRINCE ISAAC », son savoir-faire avait même conquis quelques grandes cours africaines comme celles d’Etienne Eyadéma Gnassingbé du Togo dont il fut un gai commensal ou Mobutu Sesse Seko du Zaïre dont il portait fièrement les « abacosts » (1). On dit même qu’il a frayé avec Jonas Savimbi d’Angola dans son fief de Ouambo.

Revenu au bercail, il a ouvert successivement dans les années 80-90 deux auberges aux noms cabalistiques : « le Vaudou » sur la route de Pô et « le Pharaon » sur celle de Fada.

Eh bien, FERDINAND a tiré, comme on dit, sa révérence le lundi 24 août dernier à l’hôpital Yalgado et repose depuis mercredi au cimetière route de Fada.

 

- Encore un report dans l’affaire Mahamadi Lamine Kouanda et huit autres de ses camarades contre le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) aux fins d’annulation du procès-verbal de désignation d’Eddie Komboigo comme candidat du CDP à la présidentielle du 22 novembre 2020. Lorsque le dossier a été appelé pour la première fois le 12 août 2020 au tribunal de grande instance de Ouagadougou, il a été renvoyé au 26 août parce que le tribunal n’avait pas encore reçu les écritures des avocats. Mais cette date ne sera toujours pas la bonne. L’audience a été de nouveau renvoyée au 9 septembre 2020 à la demande des avocats de la défense.

Cette énième affaire de Mahamadi Kouanda à la justice est relative au rejet de son dossier de candidature, car jugé  incomplet lors du processus de désignation du candidat du CDP. Une décision que Kouanda n’admet pas. Il a donc décidé de saisir la justice pour faire annuler la délibération ayant consacré la désignation d’Eddie Komboigo. Pour les plaignants, le collège de proposition des candidats a outrepassé ses prérogatives en rejetant le dossier de Kouanda pour défaut de casier judiciaire et de certificat de nationalité alors que la directive précisait, selon eux, que « le dossier de candidature peut être ultérieurement complété ». En outre, ils évoquent une violation des mesures de lutte contre la covid 19. Mahamadi Lamine Kouanda et ses coplaignants soutiennent que le collège électoral qui devait désigner le candidat du CDP comptait 157 membres et qu’en réunissant ce monde en un seul lieu, la mesure gouvernementale interdisant le rassemblement de plus de 50 personnes a été violée.

Cela dit, on se demande si tout ça ne relève pas  désormais d’un combat d’arrière-garde puisque Eddie a été officiellement investi comme porte-drapeau de l’ex-parti majoritaire

 

- Grandes retrouvailles ce samedi 29 août 2020 au Prytanée militaire de Kadiogo  (PMK) qui soufflera bientôt ses 70 bougies. Sous le leadership de son président, Aziz Farid Thiombiano,  L’Amicale des anciens enfants de troupe (AAET) organise en effet sur le site de l’école à Kamboinsin la première édition de la journée de l’AET  de 11h à 18h. Une belle occasion de revoir des gens qu’on a perdus  de vue parfois depuis des lustres.  Au programme, remise de pins aux nouveaux bacheliers,  réseautage entre différentes générations de pmkalistes militaires comme civils,  qu’ils soient des bleus, des  anciens ou  même des ancêtres , jeux de société,  le tout agrémenté d’une barbecue party. Rien que pour cette dernière raison, on en connaît qui, pour rien au monde, ne raterait cette occasion de fraterniser à grand renfort de petites et de grandes anecdotes de la vie commune passée dans cette école d’élite.

 

- On ne le sait que trop, plus que  les politiques et les diplomates dont les actions desservent parfois l’image et les intérêts de notre pays, nos vrais ambassadeurs, ce sont souvent les sportifs de haut niveau, les artistes, les fonctionnaires internationaux, les enseignants-chercheurs de haut vol, etc., même si l’humilité, qui semble consubstantielle à la nature des Burkinabè, fait que beaucoup de ces  dignes représentants son cachés « dans leur petit coin », presque inconnu du grand public. Sont de ceux-là le professeur Narcisse Osiris Zwetyenga. Ce chef du service de chirurgie maxillo-faciale, plastique et réparatrice du CHU Dijon-Bourgogne est en effet à l’initiative d’une révolution au centre hospitalier Robert-Morlevat de Sémur-en-Auxois (en France) : en collaboration avec d’autres  collègues, il a en effet introduit le  « casque de réalité virtuelle » dans les blocs opératoires.

« C’est quoi ça encore ? » vont sans doute se demander beaucoup de gens. Eh  bien, nous apprend-on,  il s’agit d’une technique pour réduire le stress et la douleur avant, pendant et après une intervention chirurgicale sous anesthésie locale. Félicitation donc à notre compatriote,  l’une des mains habiles de « la chaîne de l’espoir » qui conduit depuis un certain temps au Burkina des opérations de reconstruction faciale de personnes atteintes du noma.

 

- C’est une tradition depuis dix-neuf ans d’organiser la fête de l’intégration africaine, un tremplin pour valoriser des personnalités qui œuvrent efficacement pour la paix et pour une intégration africaine réussie.  Cette année, la fête aura lieu les 28, 29 et 30 août dans la capitale ivoirienne. Pour l’édition de 2020, vingt meilleurs bâtisseurs africains originaires d’une dizaine de pays dont le Burkina Faso seront distingués. Parmi eux, le Burkinabè Benjamin Nana,  consul général du Burkina à Abidjan, précédemment premier conseiller de l’ambassade du Burkina Faso au Japon. Il est lauréat du « Prix africain du meilleur artisan de la coopération économico-diplomatique » pour son efficacité et son engagement dans la promotion de la paix entre les communautés.  La fête de l’intégration est une occasion de valoriser la coopération, les pays où toutes les communautés vivent en symbiose, en toute intelligence dans un climat de vivre-ensemble harmonieux et durable.

 

- A Titao hier matin vers 2h 40mn, des hommes armés ont saboté par dynamitage des équipements de conduite d'eau de l'Onea sis au sect 03 de la ville de Titao.

 

 

Note : (1) « A bas les costumes », appelation dont on a baptisé les tenues portées au Zaïre sous la politique d’authenticité de Mobutu

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

Ainsi va  la vie.

Au revoir.

 

Ton cousin

 Passek Taalé

Dernière modification ledimanche, 30 août 2020 16:30

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