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Une lettre pour Laye : Pourquoi le recrutement des magistrats est suspendu

 

Cher Wambi,

 

Soutenir que la pluviométrie est particulièrement abondante cette année, c’est peu dire. C’est d’ailleurs une tendance générale dans toute la sous-région ouest-africaine quand on sait que dans un pays comme le Niger, le grand fleuve a débordé de son lit majeur, causant mort et désolation sur les deux rives.

 

 

Au regard de l’ampleur du sinistre qui  a fait officiellement treize morts, dix-neuf blessés et d’importants dégâts matériels suite à l’effondrement de nombreuses maisons, le gouvernement burkinabè, en Conseil des ministres du mercredi 9 septembre, a déclaré l’état de catastrophe naturelle. Une ligne de crédit de cinq milliards de F CFA a alors été dégagée pour y faire face.

 

Sans que j’aie des chiffres, j’ai l’impression qu’il faut remonter à août-septembre 1960, c’est-à-dire à l’année de la proclamation de l’indépendance, pour noter autant de hallebardes.

 

Cette année-là, en effet, il a beaucoup plu et comme tout n’était que banco à Ouagadougou, par exemple, les habitations se sont écroulées partout. Mais on n’a pas connu, pour autant que je  sache, d’inondations comme c’est le cas ces jours-ci, la ville n’étant pas encombrée à l’époque si bien que l’eau s’écoulait facilement vers les trois grands réceptacles que sont Baskuy, Nogremassom et Sanbguin. Sur ces trois barrages il n’y avait que de simples radiers au lieu de ponts sous lesquels cette eau pouvait circuler. Conséquence : cet hivernage-là, à Nongremassom, barrage no 2, les eaux étaient si hautes que l’on a enregistré une perte en vie humaine, celle de ce notable de la cour du Sanmatenga qui devait rejoindre son pied-à-terre à Tanghin, non loin du centre hospitalier Schiphra.

 

Ailleurs, comme à Pabré, des digues ont carrément cédé, dont celle du barrage du petit séminaire, premier ouvrage du genre dans la région du Centre.

 

Mais je le répète, cher cousin, je ne sais pas combien de millimètres tombaient par précipitation. Donc ce que je te rapporte n’est que simples impressions que les services de la Météo pourront confirmer ou infirmer.

 

Cela dit, cher Wambi, je reviens à la présente saison pour te faire part du relevé pluviométrique de la semaine du jeudi 3 au mercredi 9 septembre 2020 :

 

Dori : 11,6 mm ; Ouahigouya : 120,9 mm ; Ouagadougou-Aéro : 138,8 mm ; Dédougou : 109 mm ; Fada N’Gourma : 208,5 mm ; Bobo-Dioulasso : 92,7 mm ; Boromo : 44,4 mm ; Pô : 65,7 mm ; Gaoua : 68,2 mm ; Bogandé : 61,9 mm.

 

 

 

Cher Wambi, dans ma missive du 19 juin 2020, je t’apprenais qu’il y avait de l’eau dans le gaz entre la Banque Atlantique et son client  la Société nouvelle africaine de tabac (SONATAB) au sujet de l’opérationnalisation d’une convention de financement de plus de 2 milliards de francs. Pour résumer l’affaire, je dirai que le client se plaint de ce que l’institution financière n’a pas respecté son engagement de le financer selon un échéancier précis convenu entre les deux parties.

 

Du coup, les promoteurs de la SONATAB, qui assurent avoir investi d’importantes sommes dans la construction et l’équipement de l’usine, avouent ne pas être en mesure de faire tourner les machines sans l’apport de la banque. Si la convention avait été appliquée sans anicroches, la SONATAB serait entrée dans la phase de production dès 2014. C’est donc au regard de cela que les actionnaires de cette industrie du tabac ont saisi la justice pour qu’elle condamne la banque à respecter son engagement et à lui verser des dédommagements. La bataille judiciaire a débuté en 2017 ; la SONATAB a remporté les différents procès et la banque a été condamné à payer des dédommagements.

 

Cher cousin, c’est pour faire exécuter la décision de justice que la SONATAB, a recouru à un huissier afin de procéder à la saisie des biens de la Banque Atlantique. Cette exécution était programmée pour le mardi 08 septembre 2020. C’est la raison des désagréments que les clients de ladite banque ont vécus ce jour-là, ceux-ci ayant trouvé les portes de l’établissement bancaire closes jusqu’en début d’après-midi.

 

Les biens (véhicules, mobilier, consommables bureautiques, ordinateurs, imprimantes, photocopieurs, etc.) de la banque concernés par la saisie sont compilés dans un document de plus de 130 pages. Aux dernières nouvelles, lors des tractations, la Banque Atlantique aurait proposé à la SONATAB d’évaluer les biens à saisir et de les lui revendre sur place.

 

Je ne connais pas encore la réponse des actionnaires de la SONATAB, mais on devrait en savoir un peu plus aujourd’hui même puisque les deux parties seront au tribunal ce vendredi matin. En effet, selon des informations qui me parviennent, la Banque Atlantique aurait introduit une requête de mainlevée sur le matériel concerné par la saisie. On attend de savoir ce qui sortira de cet énième volet judiciaire de l’affaire.

 

Cher Wambi, au moment où je m’apprêtais à boucler la présente lettre, j’ai reçu un communiqué de presse de la Banque Atlantique. Dans ce communiqué que tu pourras lire en p.9 de L’Observateur Paalga, la banque donne son son de cloche en précisant que le crédit a bel et bien été débloqué en 2015 et que c’est ainsi que la SONATAB a pu « acquérir du matériel pour l’implantation de son usine », matériel qu’elle « n’a jamais monté ». La Banque Atlantique ajoute que « le crédit mis en place n’a connu aucun remboursement à ce jour ». Et pour terminer, l’institution bancaire rassure sa clientèle et l’opinion publique sur la poursuite de ses activités sur tout le territoire national.

 

 

 

Cher Wambi, avec quel diplôme faut-il recruter le magistrat burkinabè ? La question peut te sembler incongrue, et pourtant elle est au cœur d’un désaccord entre les magistrats et le gouvernement mais également entre les étudiants titulaires d’une maîtrise en droit et ceux titulaires d’une licence du système LMD. Avant en effet, cette question n’avait pas lieu d’être puisque le diplôme exigé était la maîtrise. Mais depuis que nous avons basculé dans le système LMD (Licence-Master-Doctorat), la maîtrise classique n’est plus d’actualité dans nos universités.

 

 Du coup, se pose la question de savoir quel diplôme exiger des candidats à la magistrature. L’Etat avait tranché en permettant aux détenteurs de la Licence en droit de postuler tout comme les titulaires de la maîtrise.

 

Mais tu te rappelles, cher cousin, qu’en 2018 cette décision avait été attaquée par des candidats détenteurs de la maîtrise au motif que la licence LMD ne saurait équivaloir à la maîtrise classique. A l’époque, le ministère de l’Enseignement supérieur avait pris un arrêté d’équivalence des deux diplômes. Mais les juges administratifs avaient rejeté cet arrêté au motif que ce n’est pas au ministre de décider, de son bureau, de l’équivalence des diplômes et que cette tâche revient au CAMES (Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur). Résultat des courses, cela fait deux ans que les candidats à la fonction de magistrat rongent leur  frein.

 

Aujourd’hui, les magistrats s’insurgent contre la volonté du gouvernement d’abaisser le niveau du diplôme requis pour exercer leur profession ; cela d’autant plus qu’ils soutiennent que si cette décision du gouvernement passe, les procureurs, qui sont les patrons de la police judiciaire, seront moins diplômés que les inspecteurs de police, car ces derniers sont recrutés avec la maîtrise.

 

En attendant que ceux qui nous gouvernent communiquent sur le sujet, on peut légitimement se demander s’il n’y a pas une volonté de jouer sur les revenus des magistrats. En effet, quelqu’un qui est recruté sur la base de la licence ne peut prétendre à la même rémunération qu’un maîtrisard.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

 

 

-La  province de la Tapoa, dans la région de l’Est,  serait-elle désormais sous emprise terroriste ? C’est une question que l’on est en droit de se poser au regard du récit glaçant d’une source digne de foi.

 

En effet, depuis juin 2020, les groupes armés effectueraient des mouvements à plus de 40 km de la ville de Diapaga, et aujourd'hui,  des écoles situées à moins de 15 km de la même ville  auraient été incendiées. C’est le cas de celles de Koumalgou, Kpakpala, Tobtchagou et de bien d’autres localités.

 

L’Administration publique, ou ce qui en reste, serait à l’arrêt,  et les établissements bancaires auraient pris la décision de fermer au regard de l’insécurité, endémique, qui s’est abattue sur la Tapoa. 

 

Toujours selon notre source, dans la commune de Logobou, par exemple, l’occupation de la zone par les terroristes est telle qu’ils disposeraient désormais d’un droit de vie ou de mort sur les populations locales.  Les nouveaux maîtres de Logobou agiraient avec la complicité de nombre d’autochtones auxquels ils auraient offert des motos. 

 

Mais si à l’Est la situation sécuritaire semble aller de mal en pis, dans le Sahel par contre, un parfum d’espoir, pour ne pas dire  une embellie,  existe dans certains endroits : ainsi du tronçon Namsiguia-Djibo, long seulement d’une trentaine de kilomètres, mais sur lequel personne n’osait se hasarder tant les groupes terroriste y semaient la mort et la désolation. Sans que l’on   comprenne pourquoi, l’Etat n’arrivait pas sécuriser  une si petite portion de route où le député maire de Djibo Oumarou Dicko été abattu, et l’imam de Djibo Souaïbou Cissé, enlevé avant que son corps sans vie ne soit retrouvé quelques jours plus tard.

 

Mais depuis une dizaine de jours, la quiétude est revenue sur cet « axe de la mort » comme le montre le regain de trafic aussi bien à moto qu’en véhicule. 

 

L’espoir d’un retour à la quiétude est d’autant plus grand que le  mercredi 9 septembre 2020, un décret présidentiel portant création au sein de la première région militaire d’un corps de troupe dénommé 14e Régiment Interarmées (14e RIA) sera stationné dans la garnison de Djibo.

 

 

 

-Depuis le 9 août dernier, près de 850 élèves de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM) ont été rassemblés au Groupement d’instruction des Forces armées (GIFA) de Bobo-Dioulasso pour un stage militaire de 45 jours.  Mais cette immersion dans la troupe en vue de «se former au respect des valeurs les plus essentielles du Burkina Faso» n’ira probablement pas à terme. En tout cas pour certains stagiaires.  La faute à ce vilain virus qui, décidément, défie le monde entier.

 

En effet, selon une source bien introduite, une quarantaine d’ « énarques » ont été contrôlés positifs à la covid 19 au sein du camp militaire et mis en isolement.

 

La direction de l’ENAM, en collaboration avec le personnel soignant du camp, envisagerait un éventuel retour des stagiaires.

 

D’où est partie cette vague de contaminations transformant ainsi le GIFA en véritable cluster, pour emprunter un jargon en vogue actuellement en Europe ? La question mérite d’être posée quand on sait qu’avant leur débarquement à Bobo, les appelés ont été préalablement soumis au test de la covid 19. Le seul cas détecté à cette occasion à Fada N’Gourma a été écarté des rangs et pris en charge, selon le ministère de la Fonction publique.

 

 

 

-Pédiatre, le Dr Benoît Bénon tient une clinique à Dassasgho. Aujourd’hui il s’active à transférer son activité du côté de Ouaga 2000 où il est attributaire de deux parcelles, une pour sa clinique et l’autre pour son habitation. Mais le professionnel de la santé a simplement clôturé le terrain de sa nouvelle clinique et investi sur sa parcelle à usage d’habitation. Et c’est cette dernière qu’il entend transformer en clinique. Depuis que ses voisins en ont eu vent, ils lui ont clairement signifié leur opposition à son projet. Pour eux, le médecin veut leur imposer des nuisances intolérables, car cette clinique, incrustée dans les habitations, aura  sur eux un impact néfaste tant sur les plans environnemental, psychologique, social que sanitaire en ces temps d’épidémies et de pandémies. Donc les voisins s’insurgent contre le changement de destination, illégal, d’une parcelle d’habitation alors que le pédiatre dispose d’un terrain approprié pour l’exercice de son métier.

 

Pendant que les tractations étaient en cours, voilà que le Dr Bénon a brandi un arrêté portant autorisation de transfert de site de sa clinique de Dassasgho à Ouaga 2000. Ce document a été signé le 24 juillet 2020 par la ministre de la Santé, Léonie Claudine Lougué.

 

Ceux qui s’opposent au projet du Dr Bénon soutiennent que la ministre a été induite en erreur en acceptant de signer cette autorisation, et ils espèrent qu’elle se ravisera pour que le litige n’arrive pas au tribunal. Et ce ne sont pas les arguments juridiques qui leur manquent, que ce soit les dispositions de la loi portant réorganisation agraire et foncière au Burkina Faso ou que ce soit le règlement d’urbanisme applicable dans la zone SONATUR de Ouaga 2000 : par exemple, l’article 49 du règlement de la SONATUR sur les activités soumises à conditions spéciales dispose que les places de stationnement réservées aux visiteurs doivent être « dans l’emprise de la parcelle ».

 

Les voisins du Dr Bénon espèrent que la ministre procédera au retrait de l’autorisation litigieuse et demandera au docteur d’aller mettre en valeur sa parcelle destinée à la clinique pour y exercer sa profession. Ils exhortent la ministre au respect des textes et à prendre l’exemple sur son collègue de l’Education qui n’a pas hésité à fermer les établissements scolaires ouverts en violation de la réglementation.

 

Au-delà de cette situation, il faut dire que dans notre pays les gens sont passés maîtres dans le changement de destination des terrains. On demande des parcelles pour y habiter et, très vite, on les transforme en mosquée, en temple, en commerce ou même en chambres de passes au mépris de la loi.

 

 

 

 

 

-Vendredi 11 septembre, c’est-à-dire aujourd’hui, à 15h30 au CENASA, dédicace du 1er ouvrage de l’historien-archéologue bien connu de nos lecteurs, le Dr  Lassina Simporé, actuel secrétaire général du ministère de la Culture.

 

Titre de l’ouvrage ? « Naaba Wobgo, Wogdgo et les Nansar-damba ». L’œuvre  a été dédicacée par Edouard Ouédraogo, directeur de publication de « L’Observateur Paalga ». 

 

 

 

-Il est bien connu que le football est un facteur de cohésion et de fraternité. Forte de cette conviction et à l’approche des élections de novembre 2020, la Ligue islamique pour la paix au Faso (LIPF) veut rassembler les différentes tendances politiques à travers le tournoi « Maracana des partis politiques de la majorité et de l’opposition politique ». Cette idée novatrice, qui a pour objectif de conduire le pays vers des consultations dans la paix et de la fraternité, veut réunir sur le même terrain le MPP, l’UPC, le CDP, l’UNIR-PS, l’ADF/RDA et le NTD. D’ores et déjà, 4 partis ont déjà marqué leur accord ; les 2 autres sont sur le point de le faire. Ce tournoi est prévu avant la mi-octobre 2020 et se déroulera en élimination directe en une seule soirée. Il sera patronné et parrainé par de grandes personnalités apolitiques de notre pays. Fidèle à sa vision, la ligue islamique veut jouer sa partition pour le raffermissement des relations entre tous les frères et sœurs issus de tous les partis politiques du Burkina, car, pour elle, les élections, ce n’est pas la guerre mais la promotion des idées. Si cette trouvaille se concrétise en acte, le président de la LIPF, El Hadj Ousseni Tapsoba, et ses hommes auront fait œuvre utile.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification ledimanche, 13 septembre 2020 20:53

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