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Election présidentielle en Côte d’Ivoire : Quand les violences intercommunautaires s’invitent dans les débats

 

On attendait une déclaration conjointe des partis d’opposition en Côte d’Ivoire après la dernière visite de la délégation de la CEDEAO et sa recommandation d’éviter le langage de haine, la violence et l’appel à lever le mot d’ordre de boycott de l’élection présidentielle. Si ces partis se sont exprimés, ils l’ont fait en rangs dispersés.

 

 

C’est à croire que la stratégie de coordonner les réponses de l’opposition aux initiatives du pouvoir et de la communauté internationale passe mal. Cette incapacité de l’opposition à parler d’une même voix après la déclaration de la CEDEAO l’invitant à participer au scrutin du 31 octobre a aussi été observée concernant les violences qui endeuillent le pays depuis l’ouverture de la campagne électorale. C’est sûr qu’une déclaration commune de l’opposition aurait eu plus d’impact sur l’opinion publique que les actuels plaidoyers pro domo de chaque parti. Du reste, les plus petits d’entre eux ont répondu à la timide main tendue du gouvernement qui veut donner un poste de vice-président de la CENI au PDCI  et refondre les structures locales de l’organe chargé de l’organisation du scrutin. Ces petits partis d’opposition, des collabos, disent certains analystes, ne se sont pas fait prier pour aller à la rencontre convoquée par le Premier ministre mercredi dernier.

 

Il est vrai que les 4 tendances ou partis  de l’opposition qui sont les plus critiques à l’encontre du pouvoir d’ADO, à savoir le PDCI, le FPI tendance Affi N’Guessan, le FPI-GOR, Gbagbo ou rien, et le parti Génération peuple solidaire (GPS) de Guillaume Soro ont refusé cette main tendue du gouvernement, mais ils ont aussi été incapables de produire un communiqué commun sur les sujets préoccupants de l’heure. Pire, Henri Konan Bédié et Guillaume Soro  sont devenus aphones, comme groggy par l’appel de la CEDEAO à lever le mot d’ordre de boycott. Affi N’Guessan pour sa part s’est contenté de répéter que l’élection présidentielle n’aurait pas lieu pendant que le FPI-GOR dans sa dernière déclaration s’appesantissait sur l’appel de la CEDEAO, les violences meurtrières des derniers jours et les affrontements intercommunautaires qui vont avec.

 

 Ainsi pour le FPI pro Gbagbo, l’appel de la CEDEAO à l’adresse de l’opposition ivoirienne est une honte. En des termes à peine voilés, le FPI-GOR assène à qui veut l’entendre que l’heure est grave et la Côte d’Ivoire à la croisée des chemins. Pour éviter le pire, selon les pro Gbagbo, ADO doit reporter les élections et ouvrir un dialogue avec la vraie opposition sous l’égide de la communauté internationale. Et ils n’y vont pas du dos de la cuillère en accusant ouvertement le RHDP de réunir les prémisses d’une guerre civile en recrutant  des miliciens dans un groupe ethnique qui s’en prennent à des manifestants aux mains nues. De fait, le parti au pouvoir reconnaît par la bouche du porte-parole d’ADO, Sidi Touré, que le « contexte électoral met en lumière l’évidence communautaire que nous constatons, souvent avec des soubassements idéologiques, politiques… » C’est le lieu de dire que les affrontements communautaires se sont invités dans les débats de la présidentielle.

 

 Bref, en un mot comme en mille, les vieux démons de la stigmatisation communautaire qui hantent la Côte d’Ivoire depuis l’apparition du concept d’ivoirité, il y a plus de 20 ans, refont surface. Ils sont loin d’avoir été totalement vaincus. Il faut craindre alors que les affrontements intercommunautaires, qui surviennent çà et là depuis une semaine, particulièrement au centre-est du pays, notamment à Dabou où ils ont déjà fait 7 morts et des dizaines de blessés, ne rallument le brasier d’une guerre civile, où à tout le moins d’une nouvelle crise postélectorale tragique.      

 

 

 

Zéphirin Kpoda

 

Dernière modification ledimanche, 25 octobre 2020 17:23

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