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Ouganda : Le dinosaure Museveni a la dent dure

 

Retour à la case prison pour l’opposant ougandais Bobi Wine. Le chanteur de 38 ans, élu député en 2017, est le principal opposant au président Yoweri Museveni à la présidentielle du 14 janvier 2021. L’on sait que dans beaucoup de pays, notamment africains, c’est la meilleure manière de plier toutes les voix discordantes dans la course effrénée à un énième mandat. Ce n’est, du reste, pas la première fois qu’on arrête le remuant opposant et son immunité de parlementaire n’y a rien pu. Depuis 2018, il fait l’objet d’interpellation, surtout pour manifestation illégale. Cette fois-ci le prétexte est tout trouvé : il aurait contrevenu aux mesures de protection contre la covid 19 au nombre desquelles figure l’interdiction des rassemblements de plus de 200 personnes.

 

 

Dans le collimateur du vieil homme de l’Ouganda, figure également dame Stella Nyanzi, arrêtée en 2017 et en 2018 et qui a déjà fait plus d’un an de prison pour avoir critiqué le régime de Musseveni dans les réseaux sociaux. Principale avocate de la communauté LGBT (Lesbiennes,  gays, bisexuels et transgenres) que ne veut voir, pas même en peinture, « le père de la Nation », elle figure parmi les 100 femmes les plus influentes d’Afrique. Agé aujourd’hui de 76 ans, Musseveni est au pouvoir depuis 1986, il est actuellement l'un des plus anciens dirigeants au pouvoir en Afrique et dans le monde et est loin de vouloir faire valoir ses droits à la retraite. Pour cette présidentielle, il est encore sur la ligne de départ pour… excusez du peu… un 6e mandat.

 

Mais à Musseveni ce qui est à Musseveni. Il faut reconnaître que le président ougandais a engrangé de belles victoires, lui qui est arrivé à restaurer la paix dans un pays meurtri par la guerre civile, et à faire de l’Ouganda un bon élève du FMI, avec une croissance de plus de 7% dans les années 2000. Il a également le mérite d’avoir divisé le taux de pauvreté par trois en l’espace de 20 ans, sans oublier le respect du quota de femmes à l’Assemblée nationale et, surtout, la forte limitation de l’incidence du Sida sur le pays.

 

Malheureusement, à partir de 2005, les choses commencent à se gâter, avec la modification de la Constitution qui lui permet de briguer un autre mandat. Musseveni se braque et son régime durcit le ton. Son fils Kainerugaba Muhoozi, parachuté général, est aujourd’hui la 2e personnalité de l’armée après le père. Il est considéré comme son probable successeur, même si cette année le verrou de la limite d’âge, qui est de 75 ans, est sauté pour permettre à son pater de se représenter.

 

Et sauf tremblement de terre, il sera réélu. Et Bobi Wine, Stella Nyanza et tous ceux qui aspirent à un vent de changement n’auront plus que leurs yeux pour pleurer. Mais si longue que soit la nuit, le jour apparaîtra. Tous ces tripatouilleurs patentés de la loi fondamentale arriveront forcément à leur terme un jour, ne serait-ce que par la solution biologique. S’ils venaient à s’effacer de la scène politique d’une manière ou d’une autre, leurs fervents supporters se rendraient compte que le culte de l’indispensabilité qu’ils vouaient à leur idole n’était que feu de paille.

 

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification ledimanche, 22 novembre 2020 20:47

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