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Crise politique en RDC : Faites vos jeux, le marché de députés est ouvert !

 

Depuis quelque temps, la président Félix Tshisekedi, 57 ans, a des nuits blanches. Et désormais, il sait qu’il ne suffit pas d’être « fils de... » pour gérer le pouvoir sans anicroches, comme le Roi lion. Les raisons de cette insomnie ? La recherche désespérée d’un divorce sans trop de casse du mariage de raison qu’il avait noué avec son prédécesseur, Joseph Kabila, durant la campagne présidentielle de décembre 2018. Il se trouve en effet  que le Parlement de ce pays certes vaste compte, excusez du peu, 500 députés et est largement dominé par les pro-Kabila.

 

 

Et ce qui devait arriver arriva : Tshisekedi traîne comme un boulet son adversaire et veut coûte que coûte casser la chaîne et faire basculer la majorité de son côté. Il  a donc sorti ce qu’il considère comme son arme fatale, la nomination d’un Informateur. L’objectif de l’Informateur est, n’ayons pas peur des mots, de faire la cour aux députés qui voudraient bien rejoindre son groupe parlementaire.  Mais ce n’est pas si simple. Ceux d’en face ne sont pas des enfants de chœur. Les pro-Kabila ont vite fait de l’accuser de vouloir acheter les députés. Dans la même veine, l’opposition grince rageusement des dents. «Cette nouvelle majorité là sera plus instable que la précédente. Elle sera un composite de plusieurs partis politiques qui viennent de bords politiques différents mobilisés autour d’un principe de débauchage plutôt que de politiques publiques», peste le député Martin Fayulu, ce candidat malheureux qui se considère encore aujourd’hui comme étant le véritable vainqueur de la présidentielle  de décembre 2018.

 

Le ciel congolais, qu’on sait souvent très chargé, est à l’orage. Hier à Kinshasa, la police était obligée de disperser des manifestants en usant abondamment du lacry. A voir cette foire d’empoigne, on ne peut que s’interroger sur la pertinence d’un informateur, dont l’existence est curieusement gravée dans le marbre de la Constitution qui précise que sa mission est d’un mois, renouvelable une fois. Du reste, cette formule a déjà été utilisée avec succès par Kabila en 2006 et en 2012. N’empêche que, sous nos tropiques, elle paraît tout de même bizarroïde, cette mesure qui, ni plus ni moins, constitutionnalise le nomadisme électoral.

 

Mais au pays du Dombolo, l’on n’est pas à un esclandre près. L’on se rappelle l’indécente querelle autour du cercueil de Tshisekedi père, décédé en février 2017 en Belgique, et dont l’organisation des funérailles est revendiquée à la fois par Kabila, qui était au pouvoir mais dont le mandat était arrivé à terme, et par la famille du disparu.  Si bien que ce n’est qu’en  mai 2019 que son corps sera rapatrié après l'arrivée au pouvoir de son fils.

 

 

Issa K. Barry

Dernière modification lemercredi, 09 décembre 2020 22:04

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