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Elections en Centrafrique: Exit l’accord de Khartoum, bonjour l’instabilité chronique ?

Les élections couplées, les législatives et la présidentielle du 27 décembre prochain, auront-elles lieu en Centrafrique ? Si oui, dans quelle atmosphère sécuritaire et quel sera le climat postélectoral ?

En effet, l’aiguille du baromètre sociopolitique de ce pays oscille entre calme précaire au centre et temps nuageux avec forte menace de tempête dans le nord-ouest. Car 6 groupes armés parmi les plus importants signataires de l’accord de Khartoum de février 2019 sont de nouveau sur le pied de guerre. Avec le soutien de certains acteurs politiques nationaux, Ils dénoncent cet accord qui était censé consolider le processus de sortie de crise et raffermir la paix. Ils l’ont fait savoir dans un communiqué publié il y a 5 jours. Comme pour joindre l’acte à la parole, ils ont fait des incursions dans les principales villes de la région nord-ouest du pays. Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement de Faustin Archange Touadera parle d’une volonté de perpétrer un coup d’Etat de la part de l’ancien président François Bozizé.

De quoi mettre en alerte les forces de la MINUSCA qui multiplient les patrouilles dans Bangui et accentuent les contrôles sur les axes routiers y conduisant. Cela suffira-t-il pour la tenue des élections à bonne date dans un climat apaisé et surtout avec une acceptation des résultats ? Rien n’est moins sûr vu le caractère offensif du communiqué des 6 groupes rebelles qui exigent un report des scrutins, un dialogue national et un gouvernement de transition, sans quoi ils se réservent le droit  d’employer tous les moyens de coercition pour empêcher le hold-up électoral en préparation. Et le président Touadera, déterminé à maintenir le cap sur ces élections couplées, de leur répondre au cours de son dernier meeting tenu à Bangui samedi soir : « Certains vous manipulent en vous disant de prendre les armes, de tuer les gens, de piller les biens publics et privés, de tout détruire pour faire reculer le pays. Qu’ils le veuillent ou qu’ils ne le veuillent pas, le 27, nous irons aux élections. Nous ne voulons que la paix. »

En cela, le gouvernement centrafricain est sur la même longueur d’onde que la communauté internationale qui, par la voix du Secrétaire général de l’ONU, appelle les Centrafricains à régler leurs différends dans la paix et à tenir les élections à la date prévue. Pas sûr qu’il soit entendu par les groupes rebelles qui ont repris les armes et ont, en alliance avec certains leaders politiques, notamment François Bozizé et Anicet-George Dologuélé, 2 fers au feu dans cette situation sociopolitique volatile en Centrafrique : battre campagne pour avoir des élus tout en menaçant de marcher sur Bangui par la force des armes.

En réalité, cette attitude ambivalente de la coalition des groupes armés qui dénoncent l’accord de Khartoum ne souffre aucune ambiguïté : elle signifie clairement que, François Bozizé écarté de la présidentielle, si le candidat qui leur est favorable, Anicet-George Dologuélé, n’est pas élu président de la République, ils  n’accepteront pas les résultats des scrutins.

Dès lors, on n’a pas besoin d’une boule de cristal pour affirmer qu’après 13 accords de cessez-le-feu et de sortie de crise négociés et signés en 8 ans, la Centrafrique n’a pas réussi à exorciser ses vieux démons des divisions régionalistes et politiques à forte connotation religieuse. Au contraire, elle y patauge dans un mouvement de un pas en avant, deux en arrière. L’introuvable consensus des acteurs de cette crise sur les élections couplées à venir en est l’illustration parfaite.

Quand, aux égo, surdimensionnés, de politiciens non éclairés comme Bozizé s’ajoutent les appétits des multinationales pour les ressources minières dont regorge le pays, cela donne cette pagaille que vit le pays depuis belle lurette. Exit donc l’accord de Khartoum, bonjour l’instabilité chronique !

 

La Rédaction     

Dernière modification lelundi, 21 décembre 2020 22:28

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