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Investiture du chef de l’Etat : Les trois travaux de Roch

 

« Je jure devant le peuple burkinabè et sur mon honneur de préserver, de respecter, de faire respecter et de défendre la Constitution et les lois, de tout mettre en œuvre pour garantir la justice à tous les habitants du Burkina Faso ».

 

 

C’est par cette formule solennelle que Roch Marc Christian Kaboré, réélu à la magistrature suprême de notre pays le 22 novembre 2020 avec 57,74% des suffrages exprimés, a débuté son second mandat.

 

Hier lundi 28 décembre 2020, la cuvette du palais des Sports de Ouaga 2000 a abrité cette cérémonie officielle d’investiture en présence d’une dizaine de chefs d’Etat, de gouvernement et de délégations étrangers.

 

C’est le visage impassible et le regard déjà plongé dans des horizons lointains que celui qui entame un second bail à Kosyam a écouté le président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, lui adresser ses vœux de succès.

 

Une attitude de gravité qui contrastait avec la liesse des centaines de militants et de sympathisants du MPP, le parti au pouvoir, qui ont pris d’assaut les estrades pour être témoins du sacre de leur champion.

 

Roch Marc Christian Kaboré mesurait-il déjà l’énormité de la tâche qui l’attend lors du quinquennat à venir ?

 

Sans nul doute quand on sait que son premier mandat n’a pas été de tout repos, pour ne pas dire qu’il a été sacrement pourri par les attaques répétées des groupes terroristes et dont les conséquences humaines, économiques, sociales et humanitaires sont des plus désastreuses.

 

Et comme un malheur ne vient jamais seul, le chef de l’Etat a également dû faire face au cours de cette année 2020 à la covid 19 qui l’a obligé à mettre en œuvre un plan de relance socio-économique de 394 milliards de francs CFA.

 

Malgré ce double contexte qui ne lui a pas été favorable, le président sortant peut sur certains points être crédité d’un bilan satisfaisant : il en est ainsi de la santé, où, en plus de la construction de nouvelles infrastructures hospitalières, il y a eu l’effectivité de la mesure de gratuité des soins pour les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans ;

 

dans le domaine des infrastructures, le pays est devenu un vaste chantier durant son mandat. Et que dire de l’accès à l’eau potable et de sa promesse de « normaliser » les écoles sous paillotes ! Là aussi, il faut reconnaître, même si tous les Burkinabè n’ont pas accès aux  systèmes d’adduction d’eau potable et que des écoliers continuent de recevoir le savoir dans des classes de fortune, que des efforts importants ont été faits.

 

Par contre sur le terrain de la bonne gouvernance, il y a beaucoup de choses à redire. Pour une bonne partie de l’opinion, la corruption, si elle n’a pas vraiment gagné davantage de terrain par rapport aux régimes passés, n’a pas été combattue comme l’attendaient les insurgés avec leur slogan : « Plus rien ne sera comme avant ».

 

Malgré les différents rapports de l’ASCE-LC qui ont pointé du doigt des cas de malversations, jusque-là la nécessaire moralisation de la vie publique, qui doit passer par la sanction des auteurs des cas de malversation, reste une ligne d’horizon.

 

Faut-il croire que ces ripoux, dont les méfaits ont fait les choux gras des journaux et été dénoncés à longueur de journée par des structures de veille comme le REN-LAC, bénéficient de la protection de l’exécutif ? Certains veulent bien y croire même si le dernier mot en l’espèce revient au pouvoir judiciaire.

 

A quoi devons-nous donc nous attendre au cours de ce second mandat ?

 

Dans son discours d’investiture, comme il fallait s’y attendre, Roch Marc Christian Kaboré a décliné les grands axes de son projet de gouvernement. Le capitaine du bateau battant pavillon burkinabè entend ainsi :

 

- gagner le pari de la sécurité et de la stabilité de notre pays et assurer un retour des déplacés ;

 

- renforcer la démocratie, réconcilier les Burkinabè et consolider la paix et la cohésion sociale ;

 

- refonder une véritable administration des services publics sur la base d’une culture des résultats ;

 

- renforcer les investissements pour le bien-être social ; asseoir l’économie du savoir et bâtir l’école de demain par la promotion de l’innovation technologique comme moyen par excellence pour transformer le Burkina Faso dans les secteurs sociaux et de développement ;

 

- gagner le pari des emplois décents et de la promotion de l’entreprenariat des jeunes et des femmes ;

 

- accroître nos investissements dans les infrastructures structurantes pour le développement ;

 

- améliorer le rendement du secteur privé et relever le niveau de compétitivité de l’économie ;

 

- engager la relecture de la réforme agraire et foncière pour régler durablement les questions foncières et immobilières ;

 

- assurer la mobilisation de la diaspora et son implication effective dans l’œuvre de construction nationale.

 

 

 

De cette dizaine de priorités, s’il fallait en choisir 3 qui vont particulièrement retenir l’attention de ses compatriotes, ce serait la sécurité, la réconciliation nationale et la bonne gouvernance.

 

La sécurité d’abord. Bien sûr ! Plus besoin de rappeler que le terrorisme, qui a endeuillé de nombreuses familles et poussé plus d’un million de Burkinabè à fuir leur patelin, a été la principale tache noire du mandat de Roch Marc Christian Kaboré. La sécurité, c’est la base de tout développement, et le chef suprême des armées le sait, lui qui a fait de la lutte contre le terrorisme l’une de ses priorités aussi bien lors du précédent quinquennat que de l’actuel.

 

Certes, au regard de l’asymétrie des attaques terroristes, personne ne peut jeter la première pierre sur l’enfant de Tuiré, mais il doit savoir que l’une des clés du succès de son mandat se trouve sur le terrain sécuritaire.

 

Ensuite, la réconciliation nationale. Depuis qu’il l’a annoncée lors d’une interview accordée à nos confrères de RFI et de France 24 à l’approche de la présidentielle de novembre, Roch Marc Christian Kaboré en fait un des piliers de son quinquennat qui commence.

 

Quelle forme prendra cette politique de concorde nationale que le chef de l’Etat appelle de ses vœux ? En tout cas ce ne sera pas aux dépens de la justice, a annoncé le locataire de Kosyam. « Ma conviction est établie que la réconciliation nationale ne saurait faire l’économie des crimes de sang, des crimes économiques et politiques qui, de 1960 à nos jours, continuent d’envenimer les rapports entre les Burkinabè. », a-t-il déclaré.

 

Cette mise en garde va-t-elle conditionner la participation des uns et des autres aux larges consultations que le Président du Faso « va lancer dans les mois à venir afin de définir les voies d’une réconciliation nationale véritable » ?

 

Enfin la bonne gouvernance. Il faut dire que ce sera un des grands chantiers qui sera scruté à la loupe du fait que jusque-là aucun procès emblématique de cas de corruption ou de malversations n’a eu lieu.

 

Le chef de l’Etat, qui n’a plus droit à un mandat selon la constitution en vigueur, ne devrait pas s’accommoder de brebis galeuses qui se repaissent et broutent à satiété dans les prés luxuriants du pouvoir.

 

Pour cela, il devra observer le devoir d’ingratitude et commencer par sélectionner avec soin tous ceux qui sont en train de frapper à la porte du gouvernement afin de ne pas y laisser entrer ces prédateurs à l’appétence démesurée. C’est à ce prix que Roch Marc Christian Kaboré pourra consolider véritablement les acquis de son premier mandat qui lui ont valu la confiance renouvelée des Burkinabè.

 

Bon vent donc, Monsieur le Président, pour le bonheur du peuple.

 

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 29 décembre 2020 21:43

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