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Une Lettre pour Laye : Roch, Condé et Zèph

 

Cher Wambi,

 

Comme tu le sais, depuis le dimanche, le Burkina a un nouveau gouvernement. Cinq jours après la reconduction de Joseph Marie Christophe Dabiré au Premier ministère, la composition de la nouvelle équipe a été rendue publique  le dimanche 10 janvier dernier. L’événement, c’est bien sûr la nomination de Zéphirin Diabré.

 

 

Celui qui était encore il y a quelques semaines le chef de file de l’opposition politique, candidat de l’Union pour le progrès et le changement à la présidentielle et qui, à ce titre, n’a cessé pendant la campagne de peindre en noir le bilan du président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, a en effet été convié à la table du seigneur de Kosyam. Et pas à n’importe quelle place et avec n’importe quel couvert puisqu’un nouveau ministère d’Etat auprès du président du Faso a été créé spécialement pour lui, celui chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale que l’ensemble des Burkinabè appelle de tous leurs vœux. C’est presque un Premier ministre bis. 48 heures plus tard, l’UPC a du reste annoncé officiellement qu’elle tournait le dos à l’opposition pour les pâturages sans doute plus ragoûtants de la majorité présidentielle. En toute indépendance, n’en déplaise à ceux qui prétendent que Diabré a trahi ses camarades. Qu’en politique, ceux qui n’ont jamais trahi lui jettent la première pierre.

 

Cher cousin, on peut en penser ce qu’on veut, mais la mission confiée à l’enfant de Gombousgou vaut bien un « petit »  sacrifice, consenti d’autant plus facilement que dix ans dans l’opposition, sans perspective réjouissante dans l’immédiat, ça use si bien que la plupart de ses cadres ne sont pas mécontents de ce virage à 180%. La responsabilité de ce changement de positionnement est bien sûr imputable au premier chef, à « Atomic Zeph », mais il m’est aussi revenu, d’une source bien introduite, que certains de ses amis de l’extérieur qui lui veulent du bien, notamment deux chefs d’Etat de la sous-région, dont le Guinéen Alpha Condé,  l’ont presque poussé dans les bras de Roch. Combien de temps va durer cette idylle ? Je ne saurais te le dire.

 

En attendant, cher Wambi, le ci-devant CFOP doit se mettre immédiatement à la tâche s’il n’a pas déjà commencé, puisque son mandat a placé les premiers mois de son quinquennat sous le signe de la réconciliation et du retour des exilés, notamment du plus emblématique d’entre eux, Blaise Compaoré, réfugié à Abidjan depuis sa chute en octobre 2014. Le retour de l’ex-enfant terrible de Ziniaré, dans des conditions qui restent à déterminer, est, on ne le sait que trop, une des données essentielles de la concorde escomptée, et je ne serai pas étonné que, dans les semaines à venir, Zeph fasse le déplacement à Abidjan pour étudier avec Blaise et ses hôtes ivoiriens les modalités pratiques d’un tel retour qui, pour des raisons évidentes,  sera forcément encadré s’il devait avoir lieu.

 

Cher cousin, la formation d’un gouvernement, on le sait, n’est jamais chose facile, surtout en période postélectorale puisqu’il faut contenter tout le monde et son père, notamment ceux qui ont contribué à la victoire, tout en veillant aux équilibres ethno-régionaux dans nos Etats-nations encore en formation. Il y a donc toujours des déçus et des mécontents. J’ai ainsi ouï dire qu’au nombre de ceux-ci, figure le Nouveau temps pour la démocratie (NTD). Fort de son bond spectaculaire aux législatives avec treize députés contre  trois dans la précédente législature, le parti de Vincent Dabilgou, première des formations, hors MPP, de la majorité   présidentielle, espérait une meilleure représentation gouvernementale. Est-ce vrai qu’en plus d’un ministère d’Etat, le NTD caressait le secret espoir d’avoir deux ou trois maroquins ? En tout cas, au finish, seul  Dabilgou conserve son portefeuille des Transports, de la Mobilité urbaine et de la Sécurité routière. Du coup, dans les rangs, ses militants et pas toujours des moindres, estiment qu’ils ont été payés en monnaie de singe et ça grincerait des dents.

 

C’est un secret de polichinelle, cher Wambi, on a toujours vu l’ombre de Simon Compaoré derrière la création du NTD en mars 2015, si bien que pour certains tenants du pouvoir, il fait déjà partie de la famille (soutenu donc en conséquence) et devait, de ce fait, faire un peu de place aux nouveaux venus comme le MBF de Daouda Simboro (avec le ministère délégué à  la Recherche scientifique et à l’Innovation qui échoit à Maminata Traoré/Coulibaly) et, surtout, à l’UPC qui apporte dans sa corbeille de mariage ses douze  députés, réduisant du même coup l’importance stratégique du NTD dans la stabilité parlementaire. Mais qui sait si ce parti ne va pas se rattraper bientôt dans la composition du bureau de l’Assemblée en grappillant, maigre consolation, un des postes de vice-président !

 

En réalité, cher Wambi, dans son « malheur », Dabilgou peut s’estimer heureux, car dans ce jeu de chaises musicales, s’il y a quelqu’un qui doit broyer du noir, c’est bien Siméon Sawadogo, ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale et de la Décentralisation dans la précédente équipe et rétrogradé au ministère de l’Environnement, de l’Economie verte et du Changement climatique. Pas que les questions écologiques, par ces temps qui courent, ne soient pas importantes, mais j’en suis encore à me demander quelles sont les raisons profondes d’une telle dégringolade dans le protocole qui sonne comme un désaveu. Pour peu, je croirais qu’on lui a proposé, à défaut de le déflater carrément, le département de la brousse, des singes et des hyènes en espérant que son orgueil le pousserait à  refuser  cette « humiliation ».

 

« Tu ne seras pas Premier président du Conseil d’Etat, tu seras plutôt ministre de la Justice ».

 

Voilà, cher Wambi, comment un devin aurait pu résumer le destin de Victoria Ouédraogo/Kibora qui vient fraîchement d’intégrer la nouvelle équipe gouvernementale. En effet, comme je te le disais déjà dans ma missive du 05 juin 2020, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), lors de sa session du 05 au 06 juin de la même année, avait désigné cette dame au poste de Premier président du Conseil d’Etat. Cette désignation a été faite au détriment de Marc Zongo qui assurait déjà l’intérim dès le début de l’année 2020 suite au départ à la retraite de Souleymane Coulibaly alors titulaire du poste.

 

Tu te rappelles, cher cousin, que le magistrat Marc Zongo avait saisi le tribunal administratif de Ouagadougou pour faire annuler la délibération du CSM nommant Victoria à la tête du Conseil d’Etat. L’argument massue était la question de l’ancienneté. Le requérant est magistrat de grade exceptionnel du 8e échelon tandis que son challenger est du 5e échelon du même grade. L’autre argument était l’obligation d’être en juridiction. Sur ce point Marc Zongo, qui vient d’entamer sa 16e année sans discontinuer au Conseil d’Etat, estimait que Victoria n’était pas en juridiction au moment où elle postulait à la présidence du Conseil d’Etat parce qu’elle venait du secrétariat permanent du CSM.

 

Alors que cette procédure était en cours, un décret du président du Faso a confirmé la nomination de Victoria conformément à la délibération du CSM. Comme tu pouvais l’imaginer, cher Wambi, ce décret a été immédiatement attaqué par Marc Zongo devant le Conseil d’Etat. Cette procédure est toujours pendante et c’est ce qui a fait que Victoria n’a jamais pu prendre fonction à la tête du CSM.

 

C’est dans ce contexte qu’elle a été promue ministre de la Justice. Une nomination qui tombe à pic, car elle permet de sortir de l’impasse dans laquelle était plongé le Conseil d’Etat et, en outre, met fin au front judiciaire ouvert contre Victoria Ouédraogo/Kibora.

 

A présent, cher cousin, le CSM est bien obligé de lancer un nouvel appel à candidatures pour pourvoir au poste de Premier président du Conseil d’Etat.

 

 

 

A présent, cher Wambi, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante qui, en ce début d’année, est inhabituellement dégarni. Notre bonne dame aux yeux fureteurs serait-elle toujours sous les effets de la beuverie des fêtes de fin d’année ?

 

 

 

- L’Office national d’identification (ONI) abat un travail remarquable pour satisfaire la demande de chaque citoyen en documents d’identité. A ce titre, rien que pour la Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB), les hommes de Kayaba Aristide Béré ont pu délivrer ce précieux sésame à plus de 2 millions de nos compatriotes en 2020. A l’analyse, on peut dire que c’est en moyenne 5 500 CNIB qui ont été produites chaque jour en 2020. La cadence sera maintenue voire accélérée avec l’ouverture prévue d’antennes régionales de l’ONI à Kaya, Gaoua, Ouahigouya et Dédougou tout en rapprochant le service des usagers.

 

C’est pourquoi il faut saluer cette déconcentration de l’ONI qui va mettre du baume au cœur des populations notamment celles des zones où règne l’insécurité. En effet, dans ces contrées du Burkina, certains assurent qu’après les formalités nécessaires, ils sont obligés d’attendre des mois avant d’avoir la CNIB. Leur désarroi est d’autant plus grand que, dans ces zones, ne pas avoir une pièce peut facilement faire de vous un suspect sérieux par ces temps d’insécurité. Du coup, ils sont nombreux ceux qui débarquent à Ouagadougou pour se faire établir ce document d’identité.

 

C’est pourquoi l’ONI est invité à faciliter davantage l’établissement et la délivrance des CNIB aux populations habitants dans ces zones difficiles de notre pays.

 

 

 

- Comme déjà annoncé dans L’Observateur paalga du mercredi 13 janvier 2021, Macaire Ouédraogo, l’homme dont le nom est associé à la mise en ballotage du général Aboubacar Sangoulé Lamizana à la présidentielle de 1978, s’en est allé mardi dernier à l’âge de 87 ans.

 

Le programme de ses obsèques, qui n’était pas encore fixé au moment où nous publions la nouvelle du décès, est désormais connu et se décline comme suit :

 

-                Mercredi 13 au dimanche 17 janvier 2021 : prière à son domicile de Pissy à partir de 19 heures ;

 

-                lundi 18 janvier 2021 : grande veillée à partir de 20 heures autour du corps ;

 

-                mardi 19 janvier 2021 : messe à 09 heures à la paroisse Christ-Roi de Pissy suivie de l’inhumation au cimetière municipal de Ouagadougou à côté de la Cathédrale Notre-Dame de l’Immaculée Conception.

 

 

 

- Depuis un certain temps, des sources proches de l’intéressé faisaient cas de ses ennuis de santé. Finalement, Soumane Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, secrétaire général du Parti de l’indépendance, du travail et de la justice (PITJ), a été évacué le lundi 11 janvier dernier en Tunisie pour des soins appropriés.  

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle  n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification lelundi, 18 janvier 2021 22:43

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