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Promotion de la culture du niébé au Burkina : 3 chercheurs livrent la recette du benga

 

Le niébé est une légumineuse à graines majeure. Appelé « benga » en langue nationale mooré,  il est cultivé et consommé au Burkina Faso, qui en est le 3e  producteur en Afrique et dans le monde. « Recherche scientifique et progression de la culture du niébé au Burkina Faso (1970-2020)» est le 1er ouvrage sur l’histoire de la recherche agricole dans notre pays. Les 3 auteurs, Dieudonné Ilboudo, Benoît Joseph Batiéno et Jean Baptiste Tignegré, visent, avec l’œuvre, à faire un plaidoyer pour le développement de cette filière agro-alimentaire et commerciale à travers une meilleure organisation de ses chaînes de valeur. La dédicace a eu lieu à l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA). C’était le mardi 12 janvier 2021 à Ouagadougou.

 

 

 

 

En faisant un tour matinal du grand marché de Ouagadougou, l’on aperçoit de  petits attroupements autour des vendeuses de nourriture. Les petits commerçants, pour leur petit déjeuner, ont délaissé le thé au sandwich et semblent avoir fait le choix du « benga » chaud, souvent mélangé à du riz. Avec 150 ou 200 FCFA, les travailleurs ou les clients de la principale place commerciale de la capitale se bourrent le ventre jusqu’à la pause de midi. Ces consommateurs réguliers de cette légumineuse ignorent tout de sa culture, bien que nombre d’entre eux aient été déversés en ville par les vagues incessantes de l’exode rural vers les grands centres urbains.  Quel est l’état des lieux de la culture et la recherche scientifique sur le « benga » qui, jadis marginal, est de plus en plus consommé par la population ? 

 

C’est le Dr François Lompo, directeur de recherche en agro- pédologie (CAMES) et ancien ministre de l’Agriculture, qui a fait la présentation du livre.

 

L’ouvrage de 227 pages, paru aux éditions L’Harmattan en novembre 2020, est structuré en 9 chapitres. Il est préfacé par le Dr Hamidou Traoré, directeur de recherche en malherbologie, directeur de l’INERA. L’ouvrage, qui est dédié à feu le Dr Issa Drabo, rend hommage à ce premier sélectionneur niébé de l’INERA et du Burkina Faso.            

 

La recherche agricole burkinabè a fortement contribué à faire émerger une niche économique et écologique de premier ordre en développant la culture du niébé. Le Burkina Faso est troisième producteur au monde et en Afrique avec un potentiel pour améliorer ce classement. Les acteurs du développement ont conscience que l’augmentation possible de la production et la commercialisation de cette spéculation sont un facteur d’accroissement de devises, de fertilisation des sols agricoles et d’enrichissement des producteurs, surtout féminins, jeunes et pauvres. Avec ce plaidoyer pour le développement des chaînes de valeur  niébé, le Burkina Faso et les producteurs bénéficieront de larges retombées de cette culture qui deviendra alors « l’or vert » pour le développement socio-économique de régions entières. 2 des 3 auteurs étaient présents. Il s’agit de Benoit Joseph Batiéno et de Dieudonné Ilboudo, tous deux chercheurs à l’INERA. Ce dernier cité est sociologue et nous avons voulu savoir le rôle que joue la sociologie dans la recherche agricole. Selon lui, dans les années 80, il y avait un besoin pressant d’impliquer les sciences sociales dans les sciences dites dures, notamment les sciences agronomiques et géotechniques où l’on produisait des innovations qui étaient rejetées ou adoptées par les producteurs. Le  questionnement  était pourquoi ces technologies n’étaient pas adoptées. « Les premières études visaient à comprendre pourquoi le producteur refuse de changer ce qu’il fait, pourquoi il n’adopte pas durablement les innovations de façon générale », a-t-il précisé. A l’en croire, le niébé n’était pas une culture acceptée.  Il était juste produit par les jeunes célibataires, par les femmes pour la restauration pendant les travaux champêtres ou certaines manifestations. « Les semis étaient l’affaire des femmes parce que la main de la femme est considérée comme féconde. Le semoir dans certaines régions était rejeté en raison de ce type de considérations. Des explications sociologiques ont permis d’adopter des postures afin d’amener les paysans à collaborer avec les équipes de recherche et celles de développement », a-t-il argumenté.  Comment se fait-il qu’ailleurs le niébé fût accepté alors qu’au Burkina on avait honte de le consommer ? En introduisant la recherche participative, qui consiste à amener le producteur à participer de bout en bout aux efforts de connaissance, d’explication de tout son environnement, les chercheurs ont réussi à renverser la vapeur.

 

 

 

Dieudonné Ouédraogo

 

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