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Assassinats Chebeya et Bazana en RDC : Ces nouvelles révélations qui accablent le général Numbi

 

Les fantômes de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana vont-ils enfin mettre la main au collet au général John Numbi et de ses fidèles ?

 

 

Pour la première fois, en tout cas depuis l’assassinat, le 1er juin 2010, du président de l’ONG « La voix des sans voix » et de son chauffeur et ami, deux policiers reconnaissent avoir pris part à leur mise à mort.

 

Dans une enquête diffusée par Radio France International, Hergil Ilunga Wa Ilunga et  Alain Kayeye Longwa, respectivement adjudant  et brigadier-chef dans la police congolaise, racontent par le menu détail comment ils se sont trouvés mêlés à cette sordide expédition le jour du cinquantième anniversaire de l’indépendance du pays.

 

De leur convocation à l’inspection générale de la police pour une « mission importante » à l’enterrement de Bazana dans la résidence du colonel Zelwa Katanga, dit « Djadjidja », au milieu d’une forêt d’eucalyptus en passant par l’étouffement des deux suppliciés à l’inspection, ils n’omettent aucun détail.

 

Le corps sans vie de l’activiste sera retrouvé le lendemain à Mitendi, dans les faubourgs de Kinshasa, avec des capotes et des faux ongles dans sa voiture, sans doute pour maquiller le crime. La dépouille de Bazana, elle, n’a jamais été retrouvée.

 

Depuis une dizaine d’années donc, les proches et amis, ainsi que de nombreuses voix à travers le monde, réclament justice ; en vain jusque-là.

 

Certes, un procès a eu lieu en novembre 2010, mais il s’est surtout agi d’un simulacre de jugement des petites mains assassines, les vrais responsables du double homicide, manifestement prémédité, n’ayant vraiment jamais été inquiétés. Bien au contraire, certains ont même eu une promotion pour service rendu à Joseph Kabila Kabange : Le suspect numéro 1, le général John Numbi, a ainsi été bombardé inspecteur général de l’armée et le colonel « Djadjidja », devenu général, a rapidement pris des galons au sein de la police militaire, avant de devenir commandant adjoint de la région militaire de Kinshasa.

 

On comprend donc que certaines organisations, à l’image de la Fondation Clinton, exigent la réouverture du dossier. Et on y arrivera un jour avec ces nouveaux éléments qui sortent et renforcent les accusations qui avaient été toujours portées contre le général Numbi qui, déchu de ses fonctions le 17 juillet 2020, vit aujourd’hui paisiblement dans son bastion du Katanga.

 

Approchés par RFI, certains des mis en cause ont beau se ruiner en dénégation, jurant la main sur le cœur n’avoir rien à se reprocher, à l’évidence l’étau judiciaire risque de se resserrer très rapidement autour d’eux, surtout que le rapport de force s’est inversé.

 

L’environnement politique y est en effet on ne peut plus propice en RDC : ces nouvelles révélations interviennent alors que les cartes politiques viennent d’être rebattues, le président Félix Tshisekedi s’étant acheté une nouvelle majorité parlementaire pour s’affranchir de l’oppressante tutelle de « Mobutu light », ainsi que Jeune Afrique avait méchamment surnommé Joseph Kabila.

 

On peut penser ce qu’on veut de ces langues qui se délient fort opportunément alors que la « Kabilie » est au plus mal, mais « Fatshi » a beau dire qu’il ne voulait pas « fouiner dans le passé », il va devoir bien faciliter la tenue de nouvelles audiences pour situer les vraies responsabilités afin que de simples lampistes ne paient pas pour des crimes ordonnés par d’autres.

 

 

Hugues Richard Sama

Dernière modification lemardi, 09 février 2021 22:13

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