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Lutte contre le terrorisme dans le Sahel : Barkhane dans le viseur du Sénat français

 

L’un après l’autre. C’est donc maintenant au tour du chef de l’Etat burkinabè, Roch Marc Christian Kaboré, d’être reçu par le jeune grand chef blanc.

 

 

Le président du Faso doit, en effet, être reçu par son homologue français, Emmanuel Macron, aujourd’hui mercredi 10 février 2021 pour une visite évidemment frappée du sceau de la sécurité.

 

Avant lui, les quatre autres chefs d’Etat membres du G5 Sahel ont effectué le pèlerinage de la rue du Faubourg Saint-Honoré, avant que tous ne se retrouvent les 15 et 16 février prochains à N’Djamena pour une rencontre au sommet.

 

Le Mauritanien Mohamed Ould Ghazouani, le Nigérien Mahamadou Issoufou, le Tchadien Idriss Deby Itno, le Malien Bah N’Daw ont été tour à tour les hôtes de l’Elysée respectivement les 11, 15, 18 et 26 janvier derniers.

 

On peut se demander à quoi répondent ces rencontres d’abord isolées.

 

Question de recueillir les avis et les besoins de chaque Etat ?

 

Procédé du vieil adage : « diviser pour mieux régner » quand on sait que les cinq Etats de la ligne de front dorment sur la même natte mais ne font pas toujours le même rêve ?

 

Allez savoir.

 

En tout cas, comme pour donner le ton à la visite du président Kaboré et aux prochaines retrouvailles tchadiennes, les sénateurs français, à la demande de la Commission des affaires étrangères et de la défense de la deuxième Chambre ont débattu hier soir de l’avenir de l’opération Barkhane, déployée depuis août 2014 à la suite de Serval. Une force militaire de plus de cinq mille hommes mais qui n’est toujours pas parvenue à éradiquer le cancer djihadiste qui ronge le « Sahélistan », même si des résultats notables sont visibles sur le terrain.

 

Mais ce serait faire un mauvais procès à la France que de lui en tenir rigueur dans la mesure où c’est à nos armées qu’incombe le devoir d’être les premiers artisans de notre cause sécuritaire.

 

De plus en plus d’ailleurs dans l’Hexagone, des voix se font entendre pour un retrait pur et simple des soldats tricolores de ce Sahel de tous les dangers où une cinquantaine de militaires sont déjà tombés, souvent à la fleur de l’âge. 

 

Après avoir décidé, il y a exactement un an, lors du Sommet de Pau, de l’envoi supplémentaire de quelque six mille hommes pour renforcer Barkhane, le locataire de l’Elysée sera-t-il obligé lors de la rencontre de N’Djamena d’en réduire la voilure ?    

 

En tout cas il est depuis question d’un « ajustement » de l’intervention française au profit du renforcement de la force européenne « Takuba ».

 

« Ajustement », pour ne pas dire vagues de retraits, qui pourraient être actés en début de semaine prochaine dans la capitale tchadienne.

 

Bien entendu, les forces françaises n’ont pas pour vocation de bivouaquer indéfiniment dans ces sables mouvants. Mais faut-il pour autant dégraisser le contingent alors que, d’une part, il enregistre des succès tangibles et, d’autre part, nos armées nationales ne sont pas encore aptes à suppléer Barkhane après son éventuel retrait ?

 

En tout cas ce serait courir le risque de saper les acquis obtenus jusque-là. Surtout au moment où les services secrets français alertent sur le projet d’extension des tentacules de l’hydre terroriste à l’ensemble du Golfe de Guinée, particulièrement à la Côte d’Ivoire et au Bénin.

 

Puisqu’on ne dirige pas les Etats avec des soupirs, selon les bons mots du général de Gaulle, il faut espérer que son lointain successeur ne se laissera pas gouverner par l’émotion, fort compréhensible de ses compatriotes, chaque fois qu’un soldat tricolore tombe « pour rien » et si loin de sa patrie.

 

Car contrairement à ce que beaucoup de Français pensent, c’est aussi leur sécurité qui se joue dans le Sahel aux portes de la Méditerranée, et si cette digue sécuritaire venait à céder, le torrent pourrait gagner la rive Nord, à commencer par la France.

Alain Saint Robespierre

Dernière modification lemercredi, 10 février 2021 21:08

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