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Affaire Bolloré devant le tribunal judiciaire de Paris : Un pavé dans la mare de la lutte contre la corruption en Afrique ?

Incontestablement, le tribunal judiciaire de Paris a ferré un gros poisson. En effet, pas moins que le groupe Vincent Bolloré est dans les filets d’une juge téméraire, Aude Buresi, qui, au terme  de l’instruction d’un dossier sur la concession de l’agrandissement et de la gestion du port de Lomé, a conclu à un pacte de corruption, scellé entre la direction du groupe Bolloré et l’actuel président du Togo, Faure Gnassingbé. Première bonne surprise.

 

 Deuxième bonne surprise, l’accusé a plaidé coupable, le vendredi 26 février, dans l’espoir que son mea culpa va arrêter le processus judiciaire pour une sorte de règlement à l’amiable.

 

On attend donc de voir quelle suite va prendre cette affaire avec l’espoir que la juge française va persévérer dans sa pugnacité pour qu’un procès ait lieu en bonne et due forme. La raison de cela est fort simple : il faut donner un bon coup de pied dans la fourmilière des relations à la spongieuse entre la France et l’Afrique.

 

C’est connu, des livres, des articles, des manifestations en tout genre ont toujours dénoncé les ambivalences dans ses relations d’où ne sont pas absentes des collusions abjectes qui plombent et le jeu politique et la transparence dans les milieux d’affaires. Si on en arrive à des procès où les coupables sont obligés de rendre gorge, ce serait un grand pas de franchi dans la lutte contre la corruption en Afrique et pour un assainissement des relations France/Afrique.

 

Aujourd’hui, c’est le groupe Bolloré, si demain c’est X et Y qui sont confondus devant les tribunaux pour des deals nauséabonds, ce sera assurément un pas de fait dans la bonne direction pour éviter que les milliards de dollars qui s’évaporent de l’Afrique du fait de l’opacité qui entoure certaines passations de marchés publics prennent l’ascenseur.

 

Une hirondelle ne fait pas le printemps. C’est pourquoi il faut espérer que la jurisprudence qui naîtra de cette affaire Vincent Bolloré devant le tribunal judiciaire de Paris ne soit pas un cas isolé. Il faut que d’autres juges courageux, notamment en Afrique, apprennent à investiguer sur les fortunes subites, les monopoles économiques à longévité suspecte, les contrats dans les industries extractives et les chantiers des grands travaux publics.

 

Du reste, dans cette affaire de concession de l’exploitation du port de Lomé pendant 30 ans, on est surpris par le silence radio de la justice togolaise alors qu’elle est loin d’être franco-française. Le président Faure Gnassingbé et un de ses frères y sont nommément cités et, par acquit de conscience ou par simple formalité, la justice de leur pays devrait les interroger pour entendre leur version des faits. Pour l’instant, il n’en est rien ; ni du  côté du président Gnassingbé qui ne cherche pas à dégager sa responsabilité, ni de celle de la justice togolaise qui ne montre pas qu’elle est indépendante et soucieuse de l’intérêt général.

 

Ainsi va la politique scabreuse des deals en mode motus et bouche cousue. Pourtant, il y a fort à parier que cette affaire Bolloré dans la concession du port de Lomé n’est que la partie visible de l’iceberg des dessous de tables qui pourrissent le climat des affaires sous nos tropiques et y compromettent l’exécution efficiente des programmes et projets de développement. On croise alors les doigts pour qu’un bon procès se tienne, pas seulement pour le symbole mais bien comme un gros pavé dans la mare de la lutte contre la corruption en Afrique.

La Rédaction

Dernière modification lelundi, 01 mars 2021 22:15

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