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Acquittement Gbagbo par la CPI: La fin d’un marathon judiciaire

« Acquittera, acquittera pas ?» écrivions-nous dans notre éditorial d’hier. Eh ! bien, c’est l’acquittement, avec à la clé la liberté sans conditions pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. Ainsi en a décidé Chile Eboe-Osuji, le président de la chambre d’appel de la CPI.

L’ex-président,  présent à l’énoncé de ce verdict, pouvait lever fièrement deux doigts en V de la victoire avec un visible hochement d’approbation de la tête accompagné de ce large sourire qui lui est si singulier. Gbagbo l’insubmersible émerge des vagues d’une saga judiciaire à moult rebondissements ! Charles Blé Goudé aussi. Ses poings serrés en disaient long sur son tressailli de joie à la fin d’un procès marathon qui aura tenu la Côte d’Ivoire en haleine depuis plus de cinq ans.

Pour sûr, la nuit de ce mercredi 31 mars a été longue pour certains Ivoiriens dans les gargotes de Yopougon, d’Abobo et de Treichville, pour ne citer que les quartiers chauds d’Abidjan où les célèbres acquittés de la CPI ont de nombreux partisans. Il y en a qui ont de nouveau esquissé des pas de danse au prononcé du verdict de la Chambre d’appel, après ceux de janvier 2019 quand l’ex-président et son « général de la rue » avaient été blanchis en première instance.

Cette joie des militants et partisans du Front populaire ivoirien (FPI) contraste avec la grise mine des parents des 3000 victimes de la crise postélectorale de 2010, car ce verdict signifie pour le moins que Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé ne sont pas responsables de ces tueries. La procureure sortante de la CPI, Fatou Bensouda, doit aussi faire profil bas devant cette victoire des icônes du FPI. Une victoire aux allures de défaite personnelle parce que les insatisfaits de cet acquittement épilogueront pendant longtemps sur l’instruction de ce dossier, ses méthodes d’investigation, le choix des témoins à charge et des chefs d’inculpation. En quatre ans d’instruction et trois ans de procès, elle n’a pas pu convaincre, 80 témoins à l’appui, que les ex-inculpés faisaient partie d’un « cercle restreint » qui avait échafaudé « un plan commun » pour se maintenir au pouvoir après la défaite électorale de leur parti.

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé acquittés, maintenant on fait quoi ? Ou plutôt, que va faire le pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara ? Faut-il tuer le veau gras pour l’accueillir en enfant prodigue ? Ou continuer à crier haro sur le baudet qu’il passe pour ses contempteurs ? On attend de voir non sans faire remarquer que pour booster la réconciliation nationale, le gouvernement pourrait accélérer le retour au pays du leader emblématique du FPI en lui offrant des garanties pour sa sécurité, passant a pertes et profits le verdict de la cour d’assises du tribunal d’Abidjan qui l’a condamné en janvier 2018 à 20 ans de prison. Au contraire, pour maintenir ce trouble-fête potentiel loin de la Côte d’Ivoire, cette condamnation pour « vol en réunion par effraction portant sur des caves à la BCEAO et des numéraires, complicité de vol en réunion par effraction, destruction d’une installation appartenant à autrui, détournement de deniers publics » pourrait être mise en épingle par les autorités gouvernementales.

Laurent Gbagbo reste donc si près si loin d’un retour au pays natal parce que la fin du marathon judiciaire à la CPI ne signifie pas la fin de ses ennuis avec la justice de son pays.

Mais gageons que si les autorités ivoiriennes lui ont délivré 2 passeports, un ordinaire et l’autre diplomatique, ce n’est pas pour lui interdire de revenir au pays. Sur cela, on devrait être rapidement fixé les semaines à venir.

 

Zéphirin Kpoda

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