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Le nouveau président nigérien et le terrorisme : Le soldat Bazoum monte au front aujourd’hui

 

Le soleil qui se lève aujourd’hui au Niger devrait avoir un éclat particulier. Comme si, au firmament, l’astre du jour savait qu’il illuminerait une date historique. Ce vendredi 2 avril en effet, le Centre de conférences international Mahatma-Gandhi de Niamey abritera un événement inédit dans les annales politiques nigériennes : l’investiture de Mohamed Bazoum. Vainqueur de la présidentielle avec 55,66% des voix, le nouveau président démocratiquement élu succédera ainsi à Mahamadou Issoufou qui, après cinquante ans d’instabilité chronique qu’a connue le Niger, avait été également choisi démocratiquement en 2011 puis en 2016 et qui,  maintenant,  fait valoir ses droits à la retraite présidentielle. Cela conformément à la Constitution qui limite à deux le nombre de mandats et qu’il s’est bien gardé de tripatouiller. Une toute première alternance pacifique et démocratique qui  ne s’était tout simplement jamais vue sous ces cieux.

 

 

Pour mieux comprendre l’importance de ce qui se joue aujourd’hui, revisitons les dates-charnières de l’histoire contemporaine du Niger :

 

- 3 août 1960 : Hamani Diori devient le premier président du Niger indépendant ;

 

- 1974 : le père de la nation est renversé par le colonel Seyni Kountché qui dirigera le pays d’une main de fer jusqu’à ce que mort s’ensuive ;

 

- 1987 : à la mort de Kountché, Ali Chaibou, son chef d’état-major général des armées lui succède, organise la conférence nationale souveraine pour solder le passif, fait entrer le pays dans l’ère démocratique et tient les premières élections pluralistes du pays ;

 

- 1993 : Mahamane Ousmane (l’actuel perdant) devient le premier président démocratiquement élu ;

 

- 1996 : Après trois ans d’un règne chaotique, il est victime d’un coup d’Etat fomenté par le colonel Ibrahim Baré-Maïnassara ;

 

- 4 avril 1999 : IBM tombe dans un « wankage », assassiné   lors du coup d’Etat du commandant Daouda Mallam Wanké ;

 

- novembre 1999 :  après une transition de quelques mois, de nouvelles élections multipartites sont organisées qui amènent au pouvoir le colonel Mamadou Tandja. Il sera réélu cinq ans plus tard pour un dernier mandat ;

 

- 18 février 2010 : pour avoir voulu indûment un troisième bail « pour achever ses chantiers », l’homme du « Tazartché » est déposé par Salou Djibo, le « putschiste vertueux » comme on le surnomme, qui remet la démocratie sur les rails ;

 

- avril 2011 : Mahamadou Issoufou prête serment. Il sera réélu en 2016.

 

C’est donc, on l’espère,  à la fin de ce yo-yo démocratique qu’on assistera ce matin dans la capitale nigérienne. Une fête qui a, hélas, failli être gâchée, par la tentative de coup d’Etat menée par trois pelés et un tondu au petit matin du mercredi 31 mars courant, soit seulement deux jours avant l’investiture de Bazoum dont la victoire est toujours contestée par le candidat malheureux Mahamane Ousmane et ses partisans qui n’ont pas désarmé.

 

Faut-il pour autant croire qu’ils sont derrière cette action d’apprentis sorciers qui devaient savoir pertinemment que leur action était vouée à l’échec dans la mesure où le rapport de force entre eux et la garde présidentielle n’était pas en leur faveur ; ou, comme l’avancent certaines thèses complotistes, que cette affaire de putsch déjoué a été montée de toutes pièces par les autorités pour justifier des purges au sein de l’armée et mettre au rebut des politiciens aux ambitions contrariées ?

 

Quoi qu’il en soit, le pays dont le président sortant, récent lauréat du prix Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance et la démocratie,  est érigé en parangon de démocrate n’a vraiment pas besoin de ça en ce moment. Le nouveau chef de l’Etat, on ne saurait  l’oublier, hérite des rênes républicaines alors que ce vaste territoire de 1,2 millions de kilomètres carrés est pris en tenaille à presque toutes ses frontières (Mali, Burkina, Nigeria, Tchad, Libye notamment), mis sous coupe réglée par une multitude de groupes terroristes qui sèment chaque jour qu’Allah fait la mort et la désolation. Ces derniers mois, plusieurs attaques dans la région de Tillabéry, dans la zone dite des trois frontières et celle de Tahoua ont ainsi fait des centaines de victimes civiles, froidement exécutées par ces hordes barbares sans foi ni loi qui ont juré la perte des Etats de la bande sahélo-saharienne.

 

S’il est donc, au-delà des questions sempiternelles de développement, de santé, d’éducation, d’infrastructures…, un terrain de combat qui attend le soldat Bazoum, c’est bien celui de la lutte contre l’insécurité, un front sur lequel ses compatriotes l’attendent de pied ferme. Il le sait. Et pour avoir été pendant cinq ans le premier flic du Niger, c’est un dossier qui ne lui est pas vraiment étranger. A lui maintenant de montrer que les Nigériens ne se sont pas trompés en lui confiant leur destinée pour les cinq années à venir.    

 

      

Ousseni Ilboudo

Dernière modification lelundi, 05 avril 2021 20:30

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