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Interdiction des armes nucléaires : Le Burkina tarde à rejoindre le traité

Dans le cadre de ses activités, l’ONG Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté (WILPF), avec l’appui de la coalition d’organisations non gouvernementales, connue sous le sigle de Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires (ICAN), a organisé un atelier d’information et de sensibilisation sur le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN). Cette rencontre d’échanges a vu la participation de  représentants des OSC, de la presse et des forces de défense et de sécurité. C’était le 22 avril 2021 à Ouagadougou.

 

 

 

 

Le dramaturge russe Anton Tchekhov disait : « Si un fusil est accroché au mur, alors il doit être utilisé ». Mais n’accroche-t-on pas souvent le fusil au mur à  titre ornemental ou dissuasif ? Jusqu’à nos jours, aucun pays africain ne possède l’arme nucléaire. Les Africains ont d’autres chats à fouetter, mais serions-nous pour autant épargnés au cas où les missiles balistiques décolleraient pour frapper ? Paradoxalement, le continent noir a pris une part active dans la course aux armes de destruction massive. La Libye de Kaddafi, puissance militaire régionale, caressait un rêve nucléaire qu’elle n’a pu réaliser. L’Afrique du Sud, seul pays africain à voir possédé l’arme atomique (6 bombes), avait, au crépuscule des années d’apartheid,  commencé à démanteler son programme nucléaire, face à des lendemains incertains. Au début de l’atelier, un film documentaire a plongé les participants dans l’horreur apocalyptique de Hiroshima et de Nagasaki, avec à l’appui des témoignages poignants des « hibakusha », survivants des attaques.  

 

Pour Régina Ouattara, présidente de la WILPF Burkina Faso, la structure qu’elle dirige travaille pour la promotion de la paix et de la sécurité mais se focalise  sur 4 axes bien déterminés qui sont : promotion des droits humains, femmes, paix et sécurité, désarmement et réponse à la crise humanitaire. « Le désarmement fait partie d’un axe principal de nos activités et c’est dans ce cadre que nous avons organisé l’atelier sur le TIAN ». Et de poursuivre : «Notre objectif est de porter l’information à la base sur la problématique des armes nucléaires. C’est un sujet dont on ne parle pas souvent, pourtant tout le monde est exposé à ce phénomène».

 

Le TIAN a été négocié en réponse à l’inquiétude croissante de la communauté internationale face aux conséquences humanitaires catastrophiques qui résulteraient de tout recours à l’arme atomique.  Selon Fidel Zerbo, représentant du CICR (Comité international de la Croix-Rouge), ce traité est un instrument juridique qui « réglemente l’utilisation des moyens et méthodes lors des conflits armés». Mais de quoi est-il question dans ce traité ? Une fois en vigueur, «le TIAN interdit à ses Etats parties de développer, de tester, de produire, de fabriquer, de transférer, de posséder, de stocker, d’utiliser ou de menacer d’utiliser des armes nucléaires, ou de permettre le stationnement d’armes nucléaires sur leur territoire. Il leur interdit également d’aider, d’encourager ou d’inciter quiconque à s’engager dans une de ses activités». Mme Ouattara a indiqué que le Burkina Faso n’a pas encore signé le TIAN, mais en tant qu’Etat partie au Traité de non-prolifération  (TNP) de 1968 et au traité de Pélindaba (1) de 1996, qui établit une zone exempte d’armes nucléaires en Afrique, le pays des hommes intègres avait déjà pris des engagements, juridiquement parlant, de ne jamais acquérir d’armes nucléaires et de ne jamais aider un autre Etat à en fabriquer. Pour M. Zerbo, le TIAN complète et renforce ces traités antérieurs. Il a été adopté le 7 juillet 2017 avec le soutien de 122 Etats, dont le Burkina Faso, et ouvert à la signature le 20 septembre 2017. Avec la ratification du Honduras, 50e Etat à le faire,  le traité est entré en vigueur le 22 janvier 2021. 

 

Des puissances nucléaires comme les USA ou la Russie rechignent à rejoindre le traité bien que les 3 accords START (négociations sur la limitation des armes stratégiques) qui les lient se soient bornés à réduire le nombre d’ogives nucléaires. La crise des missiles de Cuba en 1962 pendant la guerre froide a failli tourner à une guerre nucléaire entre l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) et les USA. Sur l’île castriste, les Soviétiques avaient installé des dizaines de missiles à têtes nucléaires directement pointés sur l’Amérique. Des négociations entre les 2 superpuissances militaires avaient permis d’éviter de justesse de sombrer dans l’enfer nucléaire. L’effondrement de l’URSS en 1991, qui a marqué la fin de la guerre froide, a ralenti la course aux armements ; cependant, la menace nucléaire n’a pas disparu. En ce sens, le TIAN ne représente-t-il pas un espoir de paix et de sécurité à encourager? Lors des travaux de l’atelier, la chaise du représentant du ministère des Affaires étrangères est restée vide. La question de savoir pourquoi le Burkina Faso n’a toujours pas signé le TIAN est restée sans réponse. A la date du 18 mars 2021, 86 Etats ont signé ledit traité et 54 l’ont ratifié.

 

 

   Dieudonné Ouédraogo

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