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Enlèvement d’un journaliste français au Mali: Cette « médiaphage » bande sahélo-saharienne

Il avait disparu des radars depuis près d’un mois et c’est dans une vidéo de 21 secondes qu’il réapparaît. Un enregistrement posté sur les réseaux sociaux dans lequel le journaliste indépendant français installé au Mali depuis 2015, Olivier Dubois, affirme avoir été enlevé par le GSIM, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Des images qui viennent confirmer les craintes de sa famille, de ses amis et de ses confrères, notamment de Libération et de l’hebdomadaire Le Point, pour lesquels il écrivait, ainsi que ceux du Journal du Mali, dont il a été le rédacteur en chef.

La bonne nouvelle dans tout ça, c’est qu’au moins on sait que celui qui demande à ses proches et aux autorités françaises de faire tout leur possible pour le libérer est toujours vivant. Et il faut espérer que tôt ou tard, il humera de nouveau l’air frais de la liberté.

A l’origine de l’infortune de notre confrère, une interview projetée avec un ponte jihadiste pour la réalisation de laquelle il avait débarqué à Gao le 8 avril dernier. Le contact avec le mystérieux cadre terroriste avait été établi par l’intermédiaire d’un certain Souleymane, aujourd’hui entre les mains des enquêteurs. Celui-ci a-t-il servi d’appât pour attirer dans un traquenard le Français, journaliste qu’on dit pourtant aguerri ? Allez savoir…

Une chose est sûre : comme s’il subodorait ce qui allait lui arriver, Olivier Dubois aurait lancé à Souleymane : « Si dans 45 minutes tu n’as pas de mes nouvelles, il faut prévenir ma famille et Barkhane ». C’était le 8 avril et jusqu’à la diffusion de cette vidéo, cela faisait presque 30 jours que ces 45 minutes étaient épuisées.

Cette prise d’otage montre à souhait combien cette bande sahélo-saharienne est « médiaphage ». De Ghislaine Dupont et de Claude Verlon de RFI, enlevés puis exécutés en novembre 2013 à Kidal, à Olivier Dubois en passant par les journalistes espagnols et irlandais assassinés le 26 avril à Pama dans l’Est du Burkina, il sont nombreux, nos confrères qui ont été enlevés ou tués dans ce « Sahelistan » de tous les dangers. Selon Reporter sans frontières, « cette région est presque un trou noir de l’information aujourd’hui » où disparaissent ceux qui, au péril de leur vie, traquent l’information. Et on a beau très bien connaître les réalités du terrain et avoir organisé précautionneusement, comme Dubois, son expédition médiatique, on court toujours le risque d’être englouti par les sables mouvants de la bande sahélo-saharienne, où derrière chaque dune rôde le danger.

H. Marie Ouédraogo

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