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Divagation des animaux à Ouaga : La police municipale va à la chasse

Depuis hier 26 mai 2021, la police municipale sillonne la ville de Ouagadougou à la chasse d’animaux en divagation. Pour cette première journée de l’opération, qui va s’étaler sur 4 jours, plus de 200 petits ruminants ont été capturés dans les arrondissements 3 et 8 de la capitale.

 

 

Avant d’entamer notre tournée avec la police municipale, nous avons demandé à des Ouagalais ce qui les dérangeait le plus dans la divagation des animaux. Comme s’ils se sont concertés, leur plainte était commune : « Ils sont à la base de beaucoup d’accidents de la circulation ». A les écouter, c’est leur impuissance face à une telle situation qui les amène à composer avec les bêtes sur la route. Un d’entre eux nous conte sa mésaventure  pour conforter son argumentaire : « J’ai percuté une chèvre un matin sur l’avenue Bassawarga. Elle  a surgi subitement sur la voie. Je n’ai eu aucune chance de réagir. Il m’était impossible de l’éviter. Le mal était fait. Heureusement, c’est ma moto qui a été endommagée ».    

 

Si la majeure partie des plaintes portent sur les accidents de la circulation, cela ne veut pas dire qu’il n’y en a pas d’autres.  Que dire de ces voisins qui sont obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur dans leurs efforts de reboisement ? Chaque année à la période indiquée par les spécialistes de l’environnement, ils mettent en terre des plants, mais c’est toujours avec tristesse qu’ils constatent que les feuilles de leurs plantes sont broutées par des animaux errants. « Si tu parles le voisin va dire que tu es contre lui. On recouvre l’arbre d’un grillage, mais les chèvres trouvent toujours le moyen de se satisfaire. Qu’est-ce qu’il faut faire finalement ? », se demande un Ouagalais.

 

 

Ce constat a amené l’autorité communale à prendre des mesures répressives. Depuis quelques années, pendant ou à l’approche de la saison pluvieuse, une période où l’herbe fraîche est abondante, la police municipale met en application la délibération 2018/165 de la commune de Ouagadougou relative à la répression de la divagation des animaux dans la capitale. Le mercredi 26 mai dernier était le premier jour d’une opération qui va s’étaler sur 4 jours. Les arrondissements 3 et 8  ont été sillonnés par les policiers aidés dans leur mission par des intermittents.

 

 

Le départ, initialement prévu pour 8h, connaîtra un réaménagement : finalement c’est à 10h que les deux équipes quitteront la cour de la direction générale de la police municipale pour ensuite se séparer au rond-point de la Patte-d’oie. Nous sommes, par le hasard des choses, dans l’équipe se dirigeant à l’arrondissement 3 (Tampouy). Cela fait une trentaine de minutes que notre cortège roule, mais rien à se mettre sous la dent. Les uns et les autres commencent à se demander si cette chasse sera fructueuse. « Je me demande si ces policiers veulent capturer des animaux. S’ils voulaient vraiment des bêtes, ils n’avaient qu’à se diriger vers le quartier Hamdallae », suggère un confrère. Malheureusement, il ne sera pas entendu.

 

 

Comme s’ils avaient été alertés par des frères d’armes, les policiers municipaux décident de mettre le cap sur le camp CRS (Compagnie républicaine de sécurité). Cette fois, c’est la bonne. Par là un troupeau de moutons et un peu plus loin un cheptel de chèvres. Les agents de la mairie étant toujours au top de leur forme, aucun animal ne leur échappera. « C’est bon pour le moral. Avec ça, on peut poursuivre l’opération », se réjouit un agent. Un sentiment que ne  partagent pas les propriétaires qui regardent  leurs animaux embarqués dans le gros camion.

 

240 petits ruminants capturés

 

La seconde prise aura lieu au Centre d’urgence scolaire. Un homme et une femme du troisième âge observent bouche bée leurs chèvres qu’on embarque. La vieille, la voix tremblante, s’approche d’un policier et lui demande où est-ce qu’elle peut retrouver ses animaux. « Un poulet » lui lance dans la foule : « Venez à la mairie de l’arrondissement 3 à 14h payer la contravention et retirer vos animaux ».

 

L’opération du jour, qui doit finir à 14h-30, prendra fin à 13h pour les hommes de médias pour tenir compte des contraintes rédactionnelles.   Selon Halidou Tinto, inspecteur de police municipale, par ailleurs directeur de la police de la salubrité et de la tranquillité urbaine, le bilan avant terme fait cas de 240 petits ruminants capturés. « Nous sommes convaincus que  pour la première journée, nous aurons plus de  400 têtes », affirme-t-il avant de partager la souffrance des populations : « La divagation des animaux occasionne beaucoup d’actes d’insalubrité. Il y a des excréments un peu partout dans la ville, sans oublier la détérioration de l’environnement. Chaque jour, des citoyens nous interpellent ».  

 

Les personnes dont les animaux ont été alpagués payeront une amende de 30 000 francs par tête. Les droits de fourrière par jour font 5000 francs. Les intéressés, selon l’inspecteur de police municipale,  ont 72h pour entrer en possession de leurs animaux, à défaut,  ils seront vendus aux enchères.

 

 

Venu pour récupérer son troupeau, un homme a fait ce plaidoyer pro domo : « Mes moutons étaient devant la porte, ils ne sont pas allés plus loin. Je leur avais servi de l’herbe. Ils avaient fini de brouter et ruminaient devant la porte quand les agents de la mairie ont débarqué. J’implore l’indulgence de la police parce que je vis de l’élevage ».

 

Akodia Ezékiel Ada

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