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Investiture Assimi Goïta : Programme quinquennal pour une Transition de 8 mois

 

C’est l’acte II de la Transition malienne qui est en train de se jouer depuis hier lundi 7 juin 2021 sur les bords du Djoliba.

 

 

Après avoir poussé à la sortie le ci-devant président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane le 24 mai dernier, celui qui était vice-président est devenu, depuis, calife à la place du calife.

 

Au cours d’une cérémonie transmise en direct à la télévision d’Etat, il a en effet prêté serment devant la Cour suprême qui l’a renvoyé à ses fonctions de président de la Transition.

 

Cette haute juridiction, après constatation de la « vacance de la présidence » consécutive à la démission forcée de Bah N’Daw, avait déjà conclu dans un arrêt que le « vice-président de la transition assume les prérogatives, attributs et fonctions de président de la Transition, chef de l’Etat ».

 

C’est donc une mince couche de vernis de légalité qui vient d’être appliquée sur un coup d’Etat qui ne dit pas son nom.

 

Nouvelle victoire, s’il en est, pour le colonel Assimi Goïta qui était rentré victorieux d’Accra où le sommet extraordinaire de la CEDEAO avait accouché d’une décision pas si extraordinaire que cela. L’organisation sous-régionale s’étant contentée d’exclure le Mali de ses instances, entérinant de ce fait le coup de force.

 

C’est donc un Assimi Goïta paré d’une légitimité, même usurpée, qui a nommé hier, dans la foulée de sa prestation de serment, son Premier ministre, Choguel Maïga. Sans grande surprise, il faut le dire, puisque le comité stratégique du M5-FRP, auquel revenait ce poste, avait déjà jeté son dévolu sur celui qu’on qualifiait de « pestiféré » de la classe politique. Et depuis, sa frêle silhouette apparaissait à côté du désormais locataire du palais de Koulouba quand celui-ci recevait des personnalités de premier plan.

 

Drôle d’attelage, s’il en est, dans un mariage de la carpe et du lapin quand on sait la piètre estime dans laquelle le même Choguel Maïga tenait la junte qui venait de renverser le président Ibrahim Boubacar Kéïta le 18 août 2020.

 

Par cette nomination, les militants du M5-FRP, qui se sentaient floués de leur victoire après la chute d’IBK, prennent ainsi dans une certaine mesure une petite revanche sans qu’on sache si cette union de la carpe Goïta et du lapin Maïga tiendrait jusqu’à la fin de la Transition fixée au 22 février 2022 au plus tard. Date à laquelle des élections pour un retour à une vie constitutionnelle normale doivent être tenues. Et le béret vert, qui a assuré dans son discours d’investiture que le Mali tiendrait ses engagements, a promis de respecter ce délai pourtant démentiel.

 

Quand on connaît l’immensité du chantier et l’état dans lequel se trouve aujourd’hui le pays, ce serait en effet un véritable miracle si le nouvel homme fort parvenait à honorer ce deadline.

 

Ça devrait d’ailleurs être le seul objectif du colonel Goïta qui a pourtant promis, entre autres, de mettre en œuvre l'Accord d'Alger pour la paix et la réconciliation au Mali ainsi que les recommandations du dialogue inclusif, de changer la gouvernance, de réduire le train de vie de l’Etat. 

 

A l’écouter égrener ses priorités, on croirait entendre un président démocratiquement élu en train de dérouler son programme quinquennal. 

 

Et l’on se demande s’il n’aurait pas été plus réaliste de se focaliser sur le chemin qui mène à des scrutins libres, transparents et consensuels plutôt que de vouloir tout embrasser.

 

Il est vrai que l’Etat doit continuer de fonctionner malgré tout, mais tout de même…

 

 

 

Alain Saint Robespierre

 

 

 

Dernière modification lemardi, 08 juin 2021 19:42

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