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Conflit foncier au Zoundwéogo : Monsieur Réconciliation, voici un cas d’école pour vous

 

Burkinabè avec son histoire de terre ! Pour se convaincre de son attachement passionné, pour ne pas dire viscérale, à la croûte terrestre, pas besoin d’aller loin. Les zones non loties de la périphérie de Ouagadougou suffisent. Pour un millimètre carré réservé à la circulation et qu’il tient à phagocyter, il est capable de sortir tout son arsenal de guerre, question d’agrandir son lopin de terre.

 

C’est comme s’il rejoindra la civilisation par hélicoptère. Vous avez vu le nombre de véhicules que les propriétaires sont obligés d’abandonner en bordure de bitume pour rejoindre leur logis la nuit tombée ? La route prévue à cet effet a été grignotée par des riverains voraces. Et si toutefois tu te payes un espace, malheur à toi si le voisin délimite le sien avant toi. Il t’en laissera la portion congrue. Comme si d’ailleurs ça pouvait construire une vraie baraque, la nouvelle superficie acquise aux forceps.

 

Et il en va de même sous tous nos cieux au Faso. Dimanche dernier, un conflit foncier a encore opposé deux communautés, notamment celles du village de Dirzé, dans la commune de Gombousgou  (Zoundwéogo), à celles de Ponga, commune de Zonsé (Boulgou). Sur le carreau, une dizaine de blessés, dont 7 graves évacués dans de grands services sanitaires de la capitale. Cet affrontement sanglant serait lié à un terrain situé dans le village de Dirzé et qui est exploité par des habitants de Ponga.

 

Les conflits communautaires, ça connaît donc le Burkina. Si ce n’est  pas un problème de chefferie, c’est des conflits agriculteurs/éleveurs ou, comme dans l’exemple relaté plus haut, un problème de terre. En avril 2020, c’était dans la Comoé, plus précisément à Dagnigni dans la commune de Sidéradougou, et ça s’est soldé par la mort de trois personnes. C’est dire que la plupart du temps, l’autorité reste impuissante face à cela et joue à la cavalerie qui arrive sirènes hurlantes quand l’irréparable s’est déjà produit. Des conflits communautaires qui, malheureusement, se transmettent de génération en génération.

 

Ironie du sort, le dernier différend met en cause des populations de deux provinces  dont est originaire notre ministre de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, Zéphirin Diabré. Mieux, il est de Gombousgou (du village Foungou plus précisément), l’une des parties en conflit. Monsieur Réconciliation, voici pour vous et sur un plateau d’argent un cas d’école. Charité bien ordonnée commençant par soi-même, j’ose espérer que vous allez tester vos potions de réconciliation et de cohésion chez vos frères de sang. Et si tout se passait comme sur des roulettes, l’on pourrait implémenter ce remède miracle chez d’autres populations en conflit, des conflits dont on aimerait faire l’économie dans un Burkina déjà meurtri par l’insécurité et la vie chère.

 

 

Issa K. Barry

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