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Une Lettre pour Laye : Tous solidaires dans le deuil

 

Cher Wambi,

 

Pour parler comme Missié Goama de l’ancien journal satirique burkinabè « JJ », je dirai que « ce mois da août, c’est vairement mois da août », tant jusqu’à la date d’hier jeudi 19 août 2021, le ciel a été généreux au point de susciter la crainte d’inondations, particulièrement dans la capitale.

 

 

En effet, le lundi 16 août dernier, Ouagadougou a enregistré 50,3 mm d’eau, comme si la Providence voulait se racheter de sa réserve de la veille, jour de l’Assomption, où aucune goutte n’est tombée sur la ville. Et le lendemain 16 août, rebelote : 34 mm.

 

Cher cousin, jusqu’au moment où je t’écris la présente missive, ce huitième mois de l’année est conforme à sa réputation de période la plus pluvieuse dans notre pays, comme l’attestent les données météo de la période du 12 au 18 août 2021 :

 

Bobo-Dioulasso : 84,2 mm ; Bogandé : 91,8 mm ; Boromo : 85,5 mm ; Dédougou : 30,2 mm ; Dori : 24,6 mm ; Fada N’Gourma : 149,7 mm ; Gaoua : 122,1 mm ; Ouagadougou : 134,9 mm ; Ouahigouya : 26,0 mm ; Pô : 32,5 mm.

 

 

 

Cher Wambi, une fois de plus, mon cœur saigne, à l’instar de tous les Burkinabè qui sont de nouveau plongés dans le drame et la consternation la plus totale.

 

A l’allure où vont les choses, ce mois d’août risque d’être l’un des plus horribles des six abominables années d’attaques terroristes dans notre pays.

 

En effet, après le massacre le 4 août dernier d’une trentaine de personnes, dont 15 militaires et 4 VDP au cours d’une double embuscade à Markoye, suivi quatre jours après de la mort de 12 autres éléments de nos FDS à Toéni dans la région de la Boucle du Mouhoun, les forces du Mal ont encore fait parler d’elles. Et encore de manière effroyable.

 

Comme tu l’as déjà appris, mercredi dernier, une équipe mixte de gendarmes et de VDP qui escortait des civils à destination d’Arbinda a été prise pour cible.

 

Bilan officiel de cet assaut meurtrier : 3 VDP, 14 gendarmes et 30 civils tombés sous les balles contre 58 terroristes abattus.

 

Aux dernières nouvelles, j’ai appris qu’un gendarme et un VDP ont succombé à leurs blessures.

 

Cher cousin, ce drame comme bien d’autres survenus auparavant, suscite à nouveau des interrogations. Et ce sont toujours les mêmes lancinantes questions.

 

Pourquoi, malgré la montée en puissance de nos armées, comme on nous l’annonce à longueur de journée, l’hydre terroriste continue de nous tailler des croupières et de fort belle manière ?

 

Problème de logistique ? Problème de commandement militaire ? Problème de motivation de la troupe ? Problème de renseignements opérationnels ? Ou, osons reprendre la confession sidérante du PM lors de son passage à l’Hémicycle, manque de stratégie dans la lutte contre le terrorisme ?

 

Cher Wambi, je ne connais que dalle dans l’art de la guerre, mais au regard de la récurrence des embuscades sur les routes, j’ai la faiblesse de croire que les groupes armés sont auparavant informés de l’itinéraire et de l’heure de passage de nos équipes mobiles. Ont-ils un œil de Moscou qui espionne les positions de nos FDS ou disposent-ils de moyens technologiques capables de suivre à l’instant T le mouvement de nos troupes ?     

 

Quand on sait que de nos jours il est possible de localiser un smartphone même éteint, n’est-il pas temps de se demander si nos téléphones portables ne sont pas devenus des accessoires au service de personnes malintentionnées ?

 

Cher cousin, suite à cette dernière embuscade en date, le chef de l’Etat, Roch Marc Christian Kaboré, a pris un décret instaurant un deuil national de 72 heures allant d’hier jeudi 19 août à zéro heure au samedi 21 août à vingt-quatre heures. En pareille circonstance, durant cette période, les drapeaux sont mis en berne sur tous les édifices publics et dans les représentations du pays à l’étranger. De même, les réjouissances populaires, les spectacles et tutti quanti sont interdits.

 

Alors, je ne cesserai de le répéter, comme samedi est concerné par ce deuil national, la décence voudrait que pour le respect de la mémoire des victimes, les cortèges de mariages soient le plus discrets possible. C’est-à-dire pas de concert de klaxons, pas de slaloms sur la voie publique, pas d’acrobaties sur les engins.  

 

Il faudra donc que tous ceux qui officient des cérémonies nuptiales, comme les maires, les imams, les pasteurs, les prêtres de même que les  buud-kasma en ce qui concerne les PPS, appellent les gens à la retenue.   

 

 

 

Cher Wambi, la profession notariale, tu connais ?

 

Je ne sais pas quel français facile utiliser pour t’en parler, car moi-même qui ai fait l’école des Blancs et suis le premier de mon village à être allé loin, loin jusqu’au CM2, j’avoue que je ne connais pas très bien ce corps de métier, pourtant indispensable dans toute communauté humaine.

 

Mais le peu que j’en sais, grâce au neveu du vieux Timpousga qui est juriste, c’est que ceux qui exercent cette profession et qu’on appelle notaires, interviennent dans plusieurs types d’actes civils.

 

Par exemple, le notaire reçoit obligatoirement certains actes et contrats à savoir, l'acte de donation d'immeuble, la vente d'immeuble du mineur ou impliquant un mineur en cas d'indivision, le contrat de mariage, l'acte de reconnaissance d'enfant, l'acte d'hypothèque et l'acte d'adoption d'enfant. Pour l'accomplissement de ces actes il faut passer obligatoirement chez un notaire.

 

Il reçoit  d'autres actes à la volonté des parties pour faciliter la preuve et prévenir les éventuels conflits. Ce sont notamment les contrats de société, les contrats de prêt, la reconnaissance de dette, les contrats de vente d'immeuble et d'autres biens, de location immeuble ou bail, la cession de fonds de commerce.

 

Il intervient également en matière de succession en conservant les testaments, rédigeant les actes de notoriété pour déterminer les successibles.

 

Comme tu peux le constater toi-même, le notaire est un acteur majeur de la prévention des conflits et contribue donc à la préservation de la paix sociale.

 

Cher Wambi, sans nul doute que tu te demandes pourquoi je te parle d’une profession apparemment loin, je dis apparemment loin de tes préoccupations quotidiennes.

 

Eh ! bien, si je t’en touche mot, c’est parce que depuis quelques temps, la grogne monte au sein de ce corps de métier.

 

Tout serait parti du concours de recrutement au titre de 2021 de 10 notaires auquel a pris part un millier de candidats.

 

A l’issue du test écrit, 30 prétendants ont été retenus pour les épreuves orales.

 

Au finish, en plus des 10 places pourvues, 4 candidats ont été sélectionnés pour la liste d’attente.  

 

Au regard de l’énorme besoin, l’Ordre des notaires aurait effectué des démarches auprès des autorités compétentes, pour ne pas dire du ministère de la Justice, afin de revoir à la hausse le nombre d’admis, ne serait-ce qu’en faisant appel aux 4 personnes de la liste d’attente.

 

Mais la requête n’aurait pas abouti, selon une source digne de foi, à la stupéfaction de tous ceux qui connaissent le déficit endémique de notaires au Burkina Faso.

 

En effet, tiens-toi bien, cher Wambi, que pour une population de plus de 20 millions, notre pays ne compte jusqu’à nos jours que 37 notaires dont 28 à Ouagadougou et 9 à Bobo-Dioulasso.

 

Ce qui signifie que toute personne hors de ces deux villes est obligée de parcourir parfois des centaines de kilomètres pour se faire établir un acte notarié.

 

L’incompréhension est d’autant plus grande que le notaire, de même que l’avocat, l’huissier de justice, le commissaire-priseur et j’en passe, exerce une profession libérale, c’est-à-dire qu’il n’émarge pas au budget de l’Etat.

 

Alors, pourquoi ne pas élargir l’accès à un corps de métier dont le revenu des membres n’a aucune incidence sur le Trésor public ?

 

Question, question et question.

 

Selon certaines indiscrétions, certains anciens dans le métier protégeraient jalousement ce qu’ils considèrent comme leur chasse gardée en faisant des mains et des pieds pour en limiter l’accès aux nouveaux diplômés.

 

La preuve, avant le concours de recrutement de cette année, le dernier test en date remontait à 2015.  

 

Il est grand temps que les autorités compétentes soient plus regardantes sur la vie de certaines corporations où des anciens et des sommités règnent en véritables pachas.

 

   

 

Te souviens-tu, cher cousin, de cette rencontre le 11 août 2021 au Haut-Commissariat de la province du Houet à Bobo-Dioulasso où le gouvernement avait dépêché son ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme pour s’enquérir de la situation de la mosquée de Dioulassoba dont le minaret principal s’était effondré quelques jours plus tôt ? A cette rencontre à laquelle avaient pris part de nombreux cadres du ministère ainsi que des techniciens de la municipalité de Bobo, il était apparu la nécessité, voire l’urgence d’interdire l’accès à cette mosquée aux fidèles musulmans  afin de parer à toute autre éventualité dans la mesure où l’effondrement partiel du minaret au dire des techniciens remettait en cause la solidité de l’édifice dans sa globalité. Le ministre, on se rappelle, avait au terme de la rencontre décidé de commanditer une expertise dans un bref délai avant d’engager toute opération de reconstruction dudit minaret. C’est alors que dans la foulée elle a souhaité l’arrêt de toute activité dans l’enceinte de cet édifice religieux en attendant les résultats du sondage que les ingénieurs du ministère de l’Habitat devraient effectuer sur les lieux. Mais à Dioulassoba, on était loin de partager les inquiétudes de la ministre de la Culture. Car depuis cette rencontre au Haut-Commissariat, la vie a repris son cours normal à la mosquée où les fidèles continuent d’affluer quotidiennement pour leur prière. L’idée d’y interdire les visites jusqu’à nouvel ordre n’est plus d’actualité puisque mardi dans l’après-midi, nous avons aperçu des touristes européens s’introduire dans ce patrimoine religieux et culturel de la ville de Sya. C’est dire donc que la sortie du ministre à Bobo-Dioulasso n’aura absolument rien donné.

 

 

 

Cher Wambi, à présent, je t’invite à feuilleter avec moi le carnet secret de Tipoko l’Intrigante.

 

 

 

  Finalement, le bilan de l’attaque survenue mercredi dernier sur l’axe Arbinda-Gorgadji s’établit à 30 civils, 4 VDP et 15 gendarmes tués.

 

Ci-dessous la liste des gendarmes tombés sur le champ d’honneur :

 

1- Adj SANOU Samia (BT Arbinda)

 

2- Adj OUEDRAOGO Blaise (21e  EGM)

 

3- MDC TIENON Nathanaël (GMO)

 

4- MDC NIKIEMA Abdoulaye (BT N’Dorola)

 

5- MDC SOMDA Constantin (BR Dédougou)

 

6- MDC ZOUGMORE Joseph (EM 1re RG)

 

7- MDC BAMOGO Basile (BPR Dori)

 

8- MDC COMPORE P. Jérôme (11e  EGM)

 

9- MDC SEGEDA Ismaël (BT Tougouri)

 

10- MDC BOGNINI Sabeko (BT Seytenga)

 

11- MDC OUATTARA Siembou (GSPR)

 

12- MDL NIGNAN Taminou (USIGN)

 

13- COULIBALY Sié Mamadou (USIGN)

 

14- MDL SAWADOGO Oualilou (12e EGM)

 

15- MDL COULIBALY Djouma (21e EGM).

 

 

 

- 06 mois et une amende de 300 000 F CFA, le tout assorti de sursis : c’est le verdict prononcé par le Tribunal de grande instance (TGI) de Kaya lors de son audience publique du mercredi 18 août 2021. Et cela, à l’encontre du facebooker et leader provincial du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) du Sanmatenga, Zakaria Sana, dit « Santé ». Celui qui fut le 2e adjoint au maire de Kaya courant 2012-2014 était poursuivi pour « incitation à la révolte et rébellion ».

 

En rappel, Zakaria Sana, candidat malheureux aux dernières élections législatives dans le Sanmatenga, avait été déposé à la maison d’arrêt et de correction de Kaya le 13 août dernier après plusieurs auditions effectuées par les services de la police judiciaire de la localité. Et cela, en raison d’une publication jugée  « subversive » sur sa page Facebook.

 

Le ministère de la Sécurité avait, à travers sa direction de la communication, annoncé le 10 août 2021 qu’un activiste du nom de Zakaria Sana a été interpellé la veille par les services compétents aux fins d’une meilleure compréhension de ses intentions.

 

 

 

- Sortiront, sortiront pas ? C’est la question que se posent les avocats et les proches des trois personnes condamnées à l’issue du procès du recrutement litigieux de 84 agents en 2018 pour le compte de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).

 

Lors de la dernière audience en date, le 6 août, du procès en appel de cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive depuis maintenant 3 ans, les conseils de Norbert Zéda, ex-directeur des ressources humaines, de son épouse, Natacha Ouédraogo, et de l’ancien chef du personnel, Daniel Sawadogo, ont formulé une demande de liberté provisoire au profit de leurs clients. Ils ont été respectivement condamnés à 30 mois ferme et une interdiction d’exercer une fonction dans l’administration publique pendant une durée de cinq ans, à 12 mois ferme et à une amende de 500 000 francs CFA assortie de sursis et à 20 mois ferme et une interdiction d’exercer une fonction dans l’administration publique durant cinq ans.

 

Pour convaincre les juges, les avocats ont avancé trois arguments :

 

d’abord, selon eux, les prévenus ont purgé, chacun, une bonne partie de la peine, donc ils seraient éligibles à une semi-liberté s’ils n’avaient pas interjeté appel ; ensuite, ils ont dit qu’aucun d’entre ces mis en cause n’a intérêt à se soustraire aux liens de la prévention, ayant des intérêts et leurs familles respectives à Ouagadougou ; 

 

enfin, le dernier point se rapporte à la sécurité de leurs clients. Pour les avocats, une fois libérés, les détenus ne courent aucun danger hors de la prison.

 

Ces évocations suffiront-elles à convaincre le président de la Cour et les juges assesseurs ? Les différentes parties au procès et le public, toujours mobilisé, seront situés aujourd’hui vendredi à la Cour d’appel sise à Ouaga 2000.

 

Affaire à suivre donc.

 

 

 

Tipoko l'Intrigante n'apprend rien d'elle-même, elle n'invente jamais rien. Tipoko l'Intrigante est un non-être. Elle n'est ni bonne en elle-même, ni mauvaise en elle-même. Elle fonctionne par intuition, car "l'intuition c'est la faculté qu'a une femme d'être sûre d'une chose sans en avoir la certitude..."

 

 

 

Ainsi va  la vie.

 

Au revoir.

 

 

 

Ton cousin

 

 Passek Taalé

 

Dernière modification lemercredi, 25 août 2021 21:23

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