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Gares anarchiques dans la ville de Ouagadougou : Et si on arrêtait de danser ce kafoulmayé ?

 

Vous vous rappelez certainement ces «gares kafoulmayé» évoquées par Simon Compaoré du temps où il était maire de la ville de Ouaga. C’était bien avant son «Yada Yada» et son «Hakuna Matata». Le fertile concepteur de formules chocs, à l’époque maire de la ville de Ouagadougou», faisait allusion à un rythme des années 60 passé de mode depuis et dont le principal chantre était le chanteur congolais Tabu Ley, alias Seigneur Rochereau. 

 

Simon évoquait ainsi le désordre né de ces gares improvisées installées en bordure de voies dans la capitale, les transporteurs les préférant à celles dûment construites par l’autorité. La récente tournée du nouveau directeur Afrique  de l’Agence française de développement (AFD) à Ouagadougou pour s’enquérir de l’état d’avancement des travaux de construction de la nouvelle gare routière Ouagarinter et de celle de l’Ouest m’a rappelé aux bons vieux souvenir de notre bouillant maire d’antan qui tenait fermement à discipliner ce corps de métier dont une bonne majorité de membres se complaisent plutôt dans le cafouillis, avec pour fumeuse idée du «Yaa sen n’a n paam n kon nooran» (Ndlr : gagner sa pitance quotidienne, en langue nationale mooré)

 

Pendant deux heures d’horloge et  avec pour principal guide, l’actuel maire de la capitale, Armand Béouindé, le directeur Afrique de l’AFD, Christian Yoka,  a fait le tour du financeur des deux projets. Le premier, à savoir Ouagarinter, est un site complet d’à peu près 3,5ha  dont 2 aménagés. A l’intérieur, sont érigés des voiries, deux guérites, une station d’essence, 53 boutiques de 9 m2 chacune, 1 infirmerie, 3 centres de collectes d’ordures, des places de stationnement pour petits et grands bus, 4 quais, 1 bâtiment administratif, 1 moquée réhabilitée et 1 restaurant. Sans oublier l’autre innovation qu’est la toiture de plus de 900 m2 équipée de panneaux solaires. L’autre gare, celle de l’Ouest, disposera pratiquement des mêmes équipements, selon des techniciens. La fin des travaux étant prévue pour décembre prochain.

 

A l’issue de ces visites, notre maire a applaudi cette jolie perspective à se rompre les phalanges. Ce n’est pas beau, tout çà ? Oui certainement. Malheureusement, il y a un «mais» dans toute cette belle histoire. En la matière en effet, ce ne sont pas les beaux joyaux qui ont manqué dans notre pays. C’est l’usage qui en est fait. Une chose est de mettre une infrastructure à la disposition des usagers, une autre est de responsabiliser  ces dernier dans l’utilisation effective et efficiente de l’espace aménagé. Le constat a en effet été fait que ceux qui nous transportent d’une province à l’autre ou d’un pays à l’autre, et qui sont  souvent des adeptes de la facilité, ont parfois boudé les gares formelles pour se créer leur espace, en bordure de voies notamment. Et bonjour le « bordel ». Embouteillage monstre  et insécurité. Il est même arrivé qu’une corde lancée depuis le toit d’un véhicule étrangle un infortuné passant sur sa moto.

 

C’est dire qu’à ce rythme, si rien n’est fait, les gares Kafoulmayé ont de beaux jours devant elles. A moins que l’autorité mette le holà. Mettons définitivement un trait sur ce rythme obsolète. Quand on parle de puissance publique, ça veut dire ce que ça veut dire. L’époque de la sensibilisation étant révolue, l’Etat doit user de son pouvoir régalien pour empêcher que le moindre six-mètres ou arpent de terre soit utilisé comme point de stationnement de véhicules de transport. Ce qui est fort dommageable, c’est que, par ces temps qui courent, la puissance publique est ce qui manque le plus.

 

Issa K. Barry

 

Dernière modification lemercredi, 03 novembre 2021 21:24

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