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Situation nationale: Nous en sommes donc là !

Quelle semaine folle que celle qui vient de s’écouler ! Le détachement de gendarmerie d’ Inata dans le Soum attaqué aux aurores le 14 novembre 2021 qui a fait au dernier décompte 53 morts (49 pandores et 4 civils) ; des manifestations de colère qui ont aussitôt éclaté dans certaines villes du Burkina, notamment Ouagadougou et, pour conclure, un convoi militaire français qui a quitté Abidjan pour le Niger, empêché par les populations, particulièrement celles de Kaya,  de poursuivre son trajet.

 


C’est dans ce tumulte qui pouvait rendre son message inaudible que le locataire de Kosyam s’est adressé à ses compatriotes mercredi dernier à l’issue du conseil des ministres leur dire qu’il comprend leur légitime colère. Il a fustigé les « dysfonctionnements » au sein de l’Armée qui ont contribué à la survenue du drame d’Inata et promis des sanctions « sans exception », lesquelles ont du reste commencé à tomber avec le relèvement de leurs fonctions des colonels Béranger Kondé et Yves Patrick Ouédraogo, respectivement commandant de la première région de gendarmerie et commandant des forces du secteur nord ainsi que de la première région militaire .


Il a dit « dysfonctionnements » ? En choisissant d’utiliser ce mot, le chef suprême des armées fait sans doute preuve d’un sens aigu  de l’euphémisme. Car en fait de « dysfonctionnements », plus les conclusions préliminaires de l’enquête ouverte à cette occasion nous parviennent, plus on se convainc qu’il s’est agi d’un cocktail détonant où se sont mélangés une mauvaise appréciation par la hiérarchie de l’urgence, en l’occurrence alimentaire, dans laquelle les éléments se trouvaient ; des revendications inhabituelles de la relève ; un problème de communication entre les Forces de défense et de sécurité ; le tout sur fond d’une indécente guerre des polices (précisément entre militaires et gendarmes) qui n’a pas pris fin et qui rend la collaboration parfois problématique.


On se doutait déjà qu’il y avait trop de problèmes dans les Forces de défense et de sécurité et que les difficultés logistiques souvent invoquées cachaient mal de nombreuses autres carences beaucoup plus structurelles, mais ce qui s’est révélé au grand jour à la lumière de la déflagration d’Inata est au-delà de l’entendement. Un mal assez profond qui demande une thérapie de choc dans la durée. Or, de temps, c’est tout ce que nous n’avons pas alors que le Sahel est devenu pratiquement un no man’s land sécuritaire après les attaques successives des détachements de Nassoumbou, de Koutougou et maintenant d’Inata, faisant craindre désormais qu’Essakane, Arbinda voire Djibo tombent à leur tour ; que l’Est est mis sous coupe par les terroristes qui y dictent leur loi depuis longtemps et que le Grand-Ouest est en train de sombrer petit à petit. En un mot comme en mille, nous sommes cernés de toutes parts. Sont-ce donc les fameuses portes de l’enfer , promises depuis longtemps dans les prophéties apocalyptiques de Laurent Bado, qui sont en train de s’ouvrir maintenant ?


 En tout cas on est bien curieux de savoir comment les spécialistes de la guerre, soit-elle asymétrique, comptent s’y prendre pour desserrer l’étau, et c’est impatiemment que tous les Burkinabè attendent le passage à l’Assemblée nationale demain mardi  23 novembre du ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, le général de brigade Aimé Barthélémy Simporé. On espère pour lui qu’il aura pour l’occasion un pare-balles oratoire, car on peut être sûr d’une chose, au feu nourri des renégats qui a fauché les dizaines de vies il y a dix jours répondront en écho les salves de questions des représentants du peuple qui, à l’image du Burkinabè Tartampion, ne comprennent pas cette bérézina. Et ils vont chercher à savoir ce qui ne va pas nonobstant le secret-défense qui entoure souvent ces questions.


Voici donc où nous en sommes ! Un environnement sécuritaire plus que jamais préoccupant avec une armée qui semble dépassée par les événements et dont les « dysfonctionnements » laissent parfois pantois ; un climat économique qui se ressent de ce contexte ; et , dernier épisode en date, le piège burkinabè qui, après le tir de barrage de Kaya, s’est refermé sur le convoi militaire français en partance pour le Niger  au milieu du gué en plein Sahel. Des soldats tricolores contraints de battre en retraite et d’errer comme des âmes en peine sans trop savoir où aller. Avec tous les dérapages possibles qu’une telle  tension peut engendrer, car il suffirait d’une étincelle pour que ce face-à-face entre croquants et soldats,  potentiellement explosif , s’embrase.


Et comme si cela ne suffisait pas, nous voulons maintenant greffer au péril sécuritaire une crise politico-institutionnelle dont on devrait pourtant avoir la sagesse de faire l’économie. Excipant de la dégradation continue de la situation, ils sont en effet nombreux les Burkinabè, à commencer par le chef de file de l’opposition et certaines organisations de la société civile, qui demandent à Roch de jeter l’éponge. La semaine qui commence devrait du reste être perlée de manifestations qui vont rendre le climat sociopolitique encore plus lourd de tous les dangers.


Il ne faut certes pas absoudre le premier magistrat burkinabè de sa responsabilité dans l’indicible épreuve que nous traversons, mais on aurait tort de penser qu’il suffira d’éjecter l’enfant de Tuiré pour que notre problème, dont la solution n’est pas aussi simpliste,  se résolve ipso facto. Nous l’écrivions déjà dans notre édito du 17 novembre dernier, « les aventures politiques ne mèneront nulle part si ce n’est au chaos ». Inutile de ce fait de se tromper de combat et d’ennemi,  sauf si les multiples sous-traitants de l’instabilité  veulent nous précipiter définitivement dans le gouffre au bord duquel certains dansent allègrement. Une politique du pire qui, de toutes les façons, n’épargnerait personne. Qu’on se le dise !

LA REDACTION       

Dernière modification lelundi, 22 novembre 2021 22:54

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