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Mouvements d’humeur dans l’Armée : Evitons la solution du pire

 

Hier dimanche 23 janvier 2022, les habitants de Ouaga et d’autres villes du pays telle  Kaya ont été réveillés par des tirs nourris d’armes parfois lourdes, provenant notamment du Camp Sangoulé Lamizana où sont également logés l’état-major général des armées et la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA).

 

Se produisant simultanément dans plusieurs casernes, on peut penser que les choses étaient coordonnées et sont allées très vite  ,  les informations les plus alarmistes ont commencé à inonder les réseaux sociaux, certaines faisant état d’un coup d’Etat « déjà consommé » et de l’arrestation du président Roch Marc  Christian Kaboré. Des rumeurs  très vite démenties d’abord par un communiqué du porte-parole du gouvernement, puis par une intervention à 9 h à la RTB  du ministre des Armées, le général de brigade Aimé Barthélémy  Simporé. Une chose était certaine, il y avait un mouvement d’humeur  dont on se demandait encore en milieu de journée quelles en étaient les causes puisqu’il n’ y avait pas encore de revendications officielles.

 

Il faut dire que le climat sociopolitique national était lourd  depuis un certain temps. Cette mutinerie intervient en effet alors même qu’une double manifestation interdite avait été dispersée le samedi à coup de gaz lacrymogènes. La première  entendait soutenir le peuple malien victime « des sanctions injustes de la CEDEAO et de l’UEMOA », la seconde exiger la démission du président du Faso, incapable à leurs yeux d’enrayer la spirale terroriste  qui endeuille les familles chaque jour que Dieu fait. Et cela, malgré le remaniement ministériel et les  nombreux  changements opérés dans la chaîne de commandement suite au drame d’Inata où, le 14 novembre 2021,  une cinquantaine de gendarmes ont péri dans l’attaque de leur détachement. Une impressionnante valse des  bérets dont on attend impatiemment les résultats escomptés mais dont  on  ne peut douter qu’elle  fasse grincer bien de dents au sein de la Grande Muette. Preuve que l’Armée était traversée par un malaise dont il est cependant difficile de mesurer l’ampleur, le 10 janvier courant, une dizaine de militaires et de civils ont été mis aux arrêts pour une tentative présumée de déstabilisation actuellement pendante devant la justice militaire. Au nombre de ceux-ci, le colonel Emmanuel  Zoungrana, ci-devant chef de corps du 12e Régiment d’infanterie commando, par ailleurs commandant du secteur ouest  du groupement  des forces de sécurisation du Nord.  

 

Y aurait-il donc une relation de cause à effet entre ces mises  sous les verrous et le mécontentement qui traverse les rangs ? Quoi qu’il en soit, il faut espérer que les tractations engagées entre les syndicalistes en treillis, qui auraient posé sur la table des négociations une plateforme revendicative en six points,  et les responsables politiques et militaires vont permettre de circonscrire ce départ de feu kaki qui pourrait très vite prendre des proportions incontrôlables si on n’y prend garde.

 

Passe encore que ce soit pour des raisons corporatistes (primes, amélioration du garba, équipements, prise en charge des ayants droit des martyrs tombés sur le champ  d’honneur, etc. ) mais si c’est pour faire libérer des prisonniers comme on l’a entendu , encore moins pour perpétrer un pronunciamiento, ce serait incompréhensible. Et même suicidaire pour le pays.

 

Nous ne cesserons  de le dire, un putsch dans la situation actuelle de notre pays serait une mauvaise solution à un vrai problème, ce serait ajouter du chaos au chaos (eh oui ! ). Au demeurant , si - à Dieu ne plaise - un tel scénario  devait se réaliser, ce serait peut-être à titre personnel  un soulagement pour le locataire de Kosyam dont on voit chaque jour comment il est physiquement miné par cette terrible épreuve qu’il endure depuis six longues années, mais pour le  Faso, ce serait peut-être une catastrophe dont on aura de la peine à se relever .

 

Car pendant qu’on se  chamaille , l’ennemi , lui, se frotte les mains  puisqu’il pourra toujours profiter de l’instabilité institutionnelle pour continuer de grignoter des pans entiers de notre territoire. Le précédent du Mali, qui croule actuellement sous le poids étouffant des sanctions des deux organisations sous-régionales,  devrait  inciter à la prudence et à la raison. Sauf à être animé d’une ambition dévorante, quel officier sensé voudrait d’ailleurs aujourd ‘hui s’embarquer dans une telle aventure sans issue ?

 

 

 

LA REDACTION

 

Dernière modification lemardi, 25 janvier 2022 01:59

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